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Des mannequins en strings sur les pentes enneigées du Liban

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15 mars 2007

FARAYA (Liban), 15 mars 2007 (AFP) - Dans une audacieuse première pour un pays arabe, de sculpturales mannequins européennes défilent en sous-vêtements sur un podium installé près des pistes de Faraya, la plus importante station de sports d'hiver de la montagne libanaise.


Défilé de sous-vêtements à Faraya (Liban) - photo : AFP/Marwan Naamani

Cet évènement a réchauffé l'atmosphère de ce centre de ski, plongé cette saison dans la morosité en raison de la stagnation économique et de la crise politique.

Un faible enneigement dû à des températures très clémentes n'a pas arrangé les choses.

Les flashes crépitent alors que de jeunes Ukrainiennes, stoïques sous le froid, cambrent le buste ou les fesses pour mettre en valeur les lignes de la lingerie féminine en promotion.

Souvent comparé à la Suisse, le Liban est le seul pays arabe à s'enorgueillir de sommets qui culminent à 3 000 mètres. Le pays du Cèdre dispose depuis des dizaines d'années de six centres de sports d'hiver répartis le long de la chaîne du Mont-Liban.

Réservées à une élite en raison des coûts élevés, ces stations ont attiré la riche clientèle des pays du Golfe ravie de fuir les chaleurs d'hiver du désert et de glisser sur les pentes enneigées.

Mais cette année, le touriste s'est fait rare. Il y a bien quelques diplomates occidentaux venus de Syrie et une poignée de Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), qui profitent d'un congé pour perfectionner leur style.

Mais le gros de la clientièle est composée de Libanais qui possèdent des chalets de montagne où qui viennent passer la journée sur les pistes situées à une heure de route de Beyrouth. La plupart des skieurs appartiennent à la bourgeoisie locale et les jeunes ont le look branché, avec équipement et survêtement dernier cri. Ils s'interpellent dans un mélange d'arabe, d'anglais et de français, qui forme le typique dialecte libanais.

Illustrant le paradoxe libanais, une vingtaine d'écoliers d'une institution islamique venus passer "une journée à la neige" prient face contre terre alors qu'un peu plus loin, des couples élégants sirotent des cocktails sur la terrasse d'un palace cinq étoiles. Malgrè l'atmosphère festive, les remonte-pentes ne connaissent pas l'engorgement saisonnier habituel.

La fréquentation est en baisse de 30 % cette année. Nous essayons de compenser en organisant des formules de séjour à prix réduit, des compétitions, du ski de nuit, des défilés de mode, des randonnées, des visites archéologiques", explique à l'AFP Nicole Wakim, directrice des ventes du domaine skiable de Faraya-Mzaar qui s'étend sur plusieurs hectares et qui dispose de dizaines de remonte-pentes. "C'est tout le secteur qui a été frappé de plein fouet: de la société qui gère le centre jusqu'au domaine immobilier, chalets et hôtels, en passant par les petits restaurants et commerces de locations de matériel", affirme-t-elle.

Accoudé à la barrière d'un remonte-pente, Youssef, un moniteur de ski, tire sur sa cigarette: "la saison dernière j'ai pu faire 4 000 dollars. Cette année je n'atteindrai pas le quart de cette somme", se plaint-il. "L'an dernier à la même date, nous affichions complet. Cette année nous en sommes loin", affirme Robert Zoghbi, directeur général de l'hotel Mzaar Intercontinental, fleuron de l'industrie hotelière de montagne. Mais cette situation fait la joie de certains. "C'est peut-être égoiste, mais je suis ravi de cette fréquentation réduite car il n'y a pas de queue pour les remonte-pentes et pas d'encombrement sur les pistes", affirme Karim Haddad, un étudiant de 22 ans la peau tannée par le soleil.

Moins il y a de gens, plus l'air est pur et nous avons les pistes pour nous seuls", claironne Roger avant de dévaler les pistes à la tête d'un groupe de "snowbordeurs".

Par Nayla RAZZOUK

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