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Dumping : Bruxelles prêt à taxer les chaussures de Chine et du Vietnam

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21 févr. 2006

La Commission européenne va proposer cette semaine d'imposer des taxes anti-dumping sur les importations de chaussures à dessus cuir de Chine et du Vietnam, à l'impact limité pour éviter des dissensions entre les 25 et une nouvelle crise avec Pékin.


Le marché de "Silk Alley" à Beijing - Photo : AFP

"Après une enquête de neuf mois, la direction générale au commerce de la Commission a conclu qu'il y avait des preuves de soutien de l'Etat dans le secteur des chaussures de cuir de ces deux pays", a déclaré Peter Power, porte-parole du commissaire au Commerce Peter Mandelson.

"Cela prend la forme d'allégements fiscaux, de facilités de financement ou de location de terrains à un prix inférieur au marché. Il y a des preuves de dumping", a souligné le porte-parole.

Selon une source communautaire, Bruxelles envisage d'imposer des taxes anti-dumping de l'ordre de 20% du prix à l'importation pour ces chaussures.

Les fonctionnaires européens ont mené leur enquête d'avril 2004 à mars 2005 suite à une plainte de la Confédération européenne de l'industrie de la chaussure.

Sur cette période, les importations de chaussures chinoises à dessus cuir ont augmenté de 320% et celles du Vietnam de 720%. Malgré cette augmentation, la proportion de ces chaussures dans les ventes totales de chaussures en Europe ne dépasse pas 8%.

Les mesures envisagées par Bruxelles seront débattues lors d'un comité anti-dumping des 25 le 9 mars prochain, et si elles sont adoptées, prendront effet le 7 avril.

Elles n'auraient cependant qu'un impact commercial très limité: si l'UE imposait 20% de droits sur un prix d'importation moyen actuellement de 8,5 euros, cela entraînerait une hausse de 1,70 euro sur le prix moyen en magasin, qui est de 35 euros. Ceci en supposant que les distributeurs n'absorbent pas cette hausse sur leurs marges ou leurs autres ventes.

D'autant qu'il n'est pas question de limiter le volume d'importations, comme cela fut décidé lorsque les ventes de textiles chinois ont explosé dans l'UE après l'abolition des quotas le 1er janvier 2005, déclenchant un conflit de plusieurs mois avec Pékin.

"L'affaire est totalement différente. Les mesures antidumping ne sont pas des restrictions quantitatives. Il s'agit d'augmenter des prix sous-évalués", explique la Commission.

Visiblement soucieuse de ne pas rallumer le conflit avec la Chine, M. Mandelson devrait proposer une mise en place progressive, sur six mois, de ces taxes, dans l'espoir d'arriver dans l'intervalle à une solution négociée avec la Chine et le Vietnam.

Comme pour les textiles chinois cependant, le cas des chaussures divise les industriels, entre ceux qui fabriquent encore sur le territoire européen et les grandes marques internationales qui ont largement délocalisé leur production en Asie.

La Fédération de l'industrie sportive européenne (FESI), qui représente des marques comme Adidas ou Nike, s'est ainsi félicitée que les "chaussures de sport de technologie avancée", qui ne sont plus fabriquées en Europe, échapperont certainement aux taxes anti-dumping envisagées.

Ces divisions se retrouvent aussi au niveau des Etats membres, entre pays où l'industrie de la chaussure reste importante - comme l'Italie, l'Espagne et le Portugal - et ceux plus sensibles aux intérêts des importateurs, comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Allemagne ou le Danemark.

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