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18 mars 2018
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Kering aurait soustrait près de 2,5 milliards d'euros d'impôts depuis 2002 en Europe

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18 mars 2018

Le groupe français de luxe Kering aurait soustrait environ 2,5 milliards d'euros d'impôts depuis 2002, « pour l'essentiel au préjudice du fisc italien », mais aussi de la France et du Royaume-Uni, affirme vendredi le site d'information Mediapart.


Gucci - automne-hiver 2018 - Womenswear - Milan - © PixelFormula


La marque italienne Gucci, fleuron du groupe Kering, fait l'objet d'une enquête de la justice italienne qui a mené des perquisitions dans les bureaux de la griffe fin 2017. Le parquet de Milan soupçonne Gucci d'avoir pendant plusieurs années déclaré en Suisse des activités menées en Italie, faisant échapper jusqu'à 1,3 milliard d'euros au fisc italien, selon un montant avancé par le quotidien La Stampa.

« Ce chiffre n'est que la partie émergée de l'iceberg. Des documents confidentiels obtenus par Mediapart, et transmis au réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), montrent qu'il ne s'agit pas seulement d'une affaire Gucci, mais d'une affaire Kering, plus colossale encore », affirme Mediapart.

Selon ses informations, « le numéro 2 mondial du luxe a évadé environ 2,5 milliards d'euros d'impôts depuis 2002, pour l'essentiel au préjudice de l'Italie, mais aussi de la France et du Royaume-Uni ».

Le site d'information indique également avoir obtenu un document dans lequel « le procureur de Milan écrit que Kering a mis en oeuvre un montage "occulte" pour évader l'impôt ».

« A la suite du rachat de Gucci en 2000, Kering a étendu le système conçu par le groupe italien à toutes ses marques de luxe (hors joaillerie), dont les françaises Balenciaga et Yves Saint Laurent. La maison Saint Laurent a éludé à elle seule le paiement d'environ 180 millions d'euros d'impôts en France », écrit le média.

Kering, contacté par l'AFP vendredi soir, ne commente pas le montant avancé par Mediapart, mais indique dans un communiqué qu'il « a mis en place une gouvernance d'entreprise visant à assurer une conformité totale avec les réglementations fiscales dans les pays où il est présent ».

Le groupe de François-Henri Pinault indique que sa société suisse LGI « est un "hub" stratégique majeur notamment pour la distribution et la logistique centralisées des marques de Kering », qu'il a été « créé en Suisse dans les années 1990 » et qu'« il emploie aujourd'hui plus de 600 salariés ».

« Chacune des sociétés du groupe implantées en Suisse exerce une activité économique effective. A ce titre, le groupe s'acquitte en Suisse des impôts dus, en conformité avec la loi et le statut fiscal de la société. Ce modèle d'exploitation est connu des autorités fiscales françaises et des autres autorités fiscales compétentes », affirme Kering.

Mediapart assure également que, « afin de tenter de justifier qu'il paye ses impôts en Suisse, Kering n'a pas hésité à transférer fictivement une vingtaine de cadres de Gucci dans le pays, alors même qu'ils travaillaient en réalité en Italie ».

Le site d'information cite aussi les noms de « deux sociétés boîtes-aux-lettres » qui « opèrent le montage », « Kering Holland et sa filiale Kering Luxembourg », et qui, selon ses informations, « rapatrient les énormes bénéfices engrangés par sa tirelire suisse ».

De son côté, le groupe de luxe affirme que, « en ce qui concerne les sociétés Kering Holland NV et Kering Luxembourg SA, leur existence ne procure pas d'avantage fiscal au groupe Kering ».

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