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La Grèce parie sur le textile haut de gamme pour faire face à la Chine

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6 sept. 2005

ATHENES, 6 sept 2005 (AFP) - Les industriels grecs du secteur textile, l'un des plus importants de l'économie locale avec 80.000 salariés, s'orientent vers la fabrication de produits haut de gamme pour garder la tête hors de l'eau face à la montée des importations chinoises.

"La crise est grande, la libéralisation va sans doute affecter les exportations de cette année, mais en même temps ces restrictions nous donnent la possibilité de nous diriger vers les produits de marque et haut de gamme", a indiqué à l'AFP Nikos Respéris, responsable du marketing de Klonatex, une des entreprises phare du secteur.

Klonatex investit depuis 2002 (2,5% du chiffre d'affaires en 2004) dans des fils à plus haute valeur ajoutée, comme des fils de coton coloré, ainsi que dans des fils "fins", utilisés pour des sous-vêtements, des tissus ou des tricots, tout en poursuivant la fabrication de fils communs.

Actuellement, la fabrication de T-shirts ou sous-vêtements bon marché représente 65% de sa production contre 35% en fils de coton coloré et fils fins.

Mais il entend faire baisser le bas de gamme "à 50% au profit des produits haut de gamme, afin de profiter de la valeur ajoutée de ces produits et faire face aux fils ou tissus chinois et indiens", souligne M. Respéris.

Pour Christos Akkas, un des dirigeants de Hellenic Fabrics, une des trois plus grandes sociétés en Europe de fabrication de denim (jean) "l'inondation du marché par les produits chinois constitue une concurrence déloyale".

"Les Chinois sont subventionnés par tous les moyens, la situation va difficilement se renverser", déplore-t-il.

Hellenic Fabrics a cependant investi 60 millions d'euros depuis 2000 pour différencier sa production. "Nous produisons actuellement 50 différents genres de denim dont 20% est du +strech+", indique M. Akkas.

"Pour le moment les Asiatiques sont encore bien derrière. De plus, le jean n'est pas cher, donc le client ne prendra pas le risque de chercher ailleurs", estime-t-il.

Mais si les grands industriels peuvent encore parier sur des produits haut de gamme, pour les petites et moyennes entreprises "le coup est double", entraînant à la fois délocalisations et pertes d'emplois, selon Dimos Antoniou, président de la Fédération des travailleurs dans le secteur de l'habillement.

"Plus de 1.000 entreprises grecques ont déjà déménagé dans les Balkans, la Bulgarie, la Macédoine ou l'Albanie, où la main d'oeuvre est moins chère, tandis que 40.000 emplois ont été supprimés depuis 1996", déplore-t-il.

Exemple récent, selon lui, "les problèmes de la société Sexform (sous-vêtements) où 240 employés observent depuis juillet une grève pour des retards pris dans le paiement de leurs salaires".

Le secteur textile continue de représenter la plus grande partie des exportations grecques (21%), malgré une baisse de 10,4% en 2004 (3,3% en 2003) dans le textile et 5,2% dans l'habillement (0,6% en 2003).

Il rassemble 9.000 entreprises et 80.000 employés, selon les derniers chiffres officiels.

La Grèce a signé l'accord le 10 juin à Shanghai entre l'UE et le Chine pour des quotas jusqu'à fin 2007 sur l'importation en Europe de certaines catégories de produits textiles chinois, mais les industriels souhaitent "le prolongement de cette période au moins jusqu'à 2008 pour avoir le temps de s'adapter", rappelle M.Respéris.

"Les entrepreneurs ont compris qu'il fallait être créatifs et investir dans des produits de haute qualité. Nous pouvons réussir en étant compétitifs à la fois dans le commerce et la production", assure le secrétaire général du commerce au ministère du Développement, Manoussos Voloudakis.

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