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La croissance française va perdre de son élan en 2018, selon l'Insee

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19 juin 2018

Après avoir atteint 2,3 % l'an dernier, la croissance française devrait nettement ralentir en 2018 pour s'établir à 1,7 %, plusieurs nuages venant obscurcir son horizon, selon les prévisions de l'Insee publiées mardi.


Le ralentissement économique plus marqué que prévu en France début 2018


Le produit intérieur brut (PIB) tricolore, qui n'avait progressé que de 0,2 % sur les trois premiers mois de l'année, devrait augmenter de 0,3 % au deuxième trimestre puis de 0,4 % aux troisième et quatrième trimestre, prévoit l'institut statistique dans sa nouvelle note de conjoncture, intitulée « Ciel voilé en Europe ».

De son côté, le taux de chômage devrait continuer de diminuer, mais à un rythme moins important qu'en 2017, pour toucher 8,8 % de la population active fin 2018 en France entière (hors Mayotte), contre 9 % fin 2017. Au total, 183 000 créations d'emplois sont attendues cette année, contre 340.000 l'an dernier.

« 2017 a été une année particulièrement ensoleillée pour la France et la zone euro », a souligné lors d'une conférence de presse Frédéric Tallet, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'organisme public. Avec une hausse de 2,3 % du PIB en données corrigées des jours ouvrés (2,2 % en données brutes), l'Hexagone a en effet enregistré sa plus forte croissance depuis 2007.

Mais depuis, « certains nuages sont apparus », a poursuivi Frédéric Tallet. Certains « facteurs ponctuels » expliquent ce ralentissement, détaille la note de conjoncture : le « contrecoup » de la croissance vigoureuse enregistrée en 2017, une consommation des ménages « atone », et l'impact des grèves dans les transports, qui est toutefois estimé par l'Insee à « au plus -0,1 point sur la croissance au deuxième trimestre ».

D'autres facteurs « plus globaux » sont aussi à l'oeuvre, dessinant en 2018 "un horizon conjoncturel plus voilé et incertain qu'en 2017 ». Parmi eux, la forte remontée des prix du pétrole, le renforcement des tensions protectionnistes, les craintes sur la politique monétaire et l'inflation, ou encore les incertitudes politiques en Europe.

Malgré tout, l'environnement international devrait rester porteur, grâce notamment à une activité économique « robuste » dans les pays émergents et à une croissance américaine fortement soutenue par la politique budgétaire très expansionniste de l'administration de Donald Trump, nuance l'Insee.

« Un cran en-dessous de 2017 »

Dans ce contexte, « la croissance française en a certainement encore sous le pied, mais à un rythme un cran en-dessous de la vive allure de 2017 », a résumé Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee.

Dans le détail, l'Insee prévoit un ralentissement de l'investissement des entreprises sur l'année, à +3,1 % contre +4,4 % en 2017. Celui des ménages devrait connaître un net coup de frein, et ne progresser que de 1,6 % après +5,6 % en 2017.

La consommation des ménages devrait de son côté progresser à un rythme modéré, de 1 % en moyenne annuelle, après +1,1 % l'an dernier.

Leur pouvoir d'achat devrait aussi augmenter de 1 % (après +1,4 % en 2017), freiné par le regain d'inflation en 2018 dû à la hausse des prix du pétrole. Il devrait toutefois rebondir en fin d'année en raison de la suppression des cotisations salariales et de la réduction de la taxe d'habitation pour certains ménages.

La production totale de biens et de services devrait pour sa part augmenter en moyenne de 2 % (contre 2,6 % en 2017).

Quant aux exportations, elles devraient rebondir après un premier trimestre en berne, portées par « une demande mondiale dynamique et par des livraisons de grands contrats aéronautiques et navals », selon la note de conjoncture. De fait, le commerce extérieur devrait soutenir la croissance du PIB à hauteur de 0,5 point cette année, soit plus qu'en 2017 où il avait contribué à hauteur de 0,1 point de PIB.

Dans l'ensemble, l'Insee se montre moins optimiste que la Banque de France, qui a abaissé jeudi sa prévision de croissance pour 2018 à 1,8 %, et que le gouvernement, qui table pour l'heure sur une hausse de 2 % du PIB.

« La croissance est solide », a déclaré lundi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, devant des journalistes, assurant ne pas avoir « d'inquiétudes particulières » à ce sujet.

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