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18 juin 2004
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La spirale de la baisse des prix pourra-t-elle être enrayée grâce à la mode ?

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18 juin 2004

Depuis le début de l'année, la consommation textile-habillement marque des signes de faiblesse en France. Ainsi, au cours des quatre premiers mois de l'année 2004, les ventes sont restées stables en valeur par rapport à la même période de l'année 2003 et les premiers résultats recueillis pour le mois de mai indiquent que l'activité s'est inscrite dans cette même tendance. Cette situation n'est pas spécifique à la France, la consommation finale restant peu animée dans de nombreux grands pays européens. Ce manque de vigueur de la consommation textile-habillement est d'autant plus préoccupant qu'il s'accompagne d'une baisse des prix. Le phénomène n'est donc pas nouveau, pour autant, sur la période récente, cette tendance s'est renforcée. Le mouvement de concentration de la distribution tend ainsi, depuis plusieurs années, à diminuer inexorablement les prix moyens des produits textile-habillement en augmentant le poids des marques de distributeurs, et notamment des chaînes de mode à petits prix. La conjoncture morose de la consommation accentue aujourd'hui cette tendance de fond : ainsi les arbitrages budgétaires des ménages apparaissent depuis quelques mois défavorables aux achats textile-habillement (comme en témoigne le succès des ventes de bricolage ou d'équipement de la maison), ce qui contribue à multiplier les opérations promotionnelles pilotées par les distributeurs. Mais la baisse des prix à laquelle nous assistons trouve également son origine en amont de la filière. En premier lieu, les évolutions des parités monétaires y contribuent de façon manifeste : il faut une quantité moindre d'euros pour un pouvoir d'achat identique, ce qui équivaut à une baisse des prix. A cela s'ajoute la montée en puissance des approvisionnements en Chine par les distributeurs qui anticipent la libéralisation des quotas dans six mois. Depuis l'année 2001, si le montant des importations d'habillement (vêtements maille et tissés) de l'Union européenne s'est stabilisé à 50 milliards d'euros, les importations en quantités ont progressé. Ainsi, en 2003, les importations d'habillement de l'Union européenne ont connu une croissance de 12 % en quantités et les prix moyens à l'importation ont enregistré un repli de 11 %. Les importations en provenance du premier fournisseur de l'Union, la Chine, ont augmenté de 8,9 % en valeur. La Chine est dorénavant à l'origine de 19 % des importations d'habillement en valeur de la Communauté. En quantités, les importations en provenance de Chine ont progressé de 25 % et les prix ont diminué de 13 %. En revanche, les prix à l'importation en provenance des Pays d'Europe Centrale et Orientale ne sont qu'en léger recul, tandis qu'en provenance du Maroc et de la Tunisie, ils sont stables (parmi les pays de l'espace paneuroméditerranéen, seule la Turquie fait exception, puisque les prix à l'importation en provenance de ce pays sont en recul de 9 %). Tous ces mouvements préfigurent une poursuite de la tendance déflationniste du marché textile-habillement, à quelques mois de la libéralisation totale des quotas sur le panel de produits encore protégés (pantalons, pulls, teeshirts et chemises notamment). Une seule donnée, mais non la moindre, apparaît de nature à enrayer la spirale vertigineuse des prix : c'est celle de la mode ! En effet, le réveil dans les collections de produits plus structurés et qualitatifs comme les tailleurs et les costumes pourrait constituer la meilleure antidote à la baisse des prix. Comme l'a montré l'étude que nous avons réalisée pour la Commission européenne, la compétitivité de l'offre asiatique est en particulier beaucoup moins menaçante pour ces produits de la filière lainière, encore souvent confectionnés dans la zone paneuromed à partir de tissus européens.

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