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Le vêtement, ce révélateur du désir féminin

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21 sept. 2005


Modèle de la ligne Unique, présenté le 19 septembre 2005 à Londres
PARIS, 21 sept 2005 (AFP) - Les vêtements trahissent ou cachent les désirs féminins, selon deux jeunes femmes psychiatres très inspirées par la psychanalyse freudienne et qui se sont intéressées aux comportements vestimentaires de leurs contemporaines et à leur part d'inconscient.

"Le corps de la femme se doit d'être caché et tout à la fois exposé pour susciter le désir de l'homme", explique à l'AFP Catherine Joubert qui vient de publier avec Sarah Stern "Déshabillez-moi. Psychanalyse des comportements vestimentaires" (Hachette Littératures).

Elle a découvert dans sa pratique de psychiatre en institution publique l'importance du vêtement comme "carapace protectrice" pour les schizophrènes. Elle en a déduit, et ensuite vérifié, que le vêtement avait dans la normalité aussi des enjeux psychologiques et affectifs restés méconnus.

Du petit enfant habillé par sa mère, à l'acheteuse compulsive, en passant par l'adolescente qui se réfugie dans l'"enveloppe protectrice" du vêtement ou à celle qui ne s'habille qu'en noir, le vêtement en dit long sur chacun de nous et jusqu'à révéler certains de nos désirs cachés.

Les échanges de vêtements fréquents entre soeurs ou copines sont une façon de découvrir sa féminité et la passion pour les chaussures, si courante, révèle selon les auteurs la tentative indéfiniment réitérée de "substituer le pénis manquant" par un objet fétiche.

voiler, dévoiler

La couleur préférée n'est pas innocente. "Le vêtement noir met une espèce d'écran entre le corps vécu comme le lieu des pulsions et des désirs et le monde extérieur. En même temps le vêtement révèle certains désirs. La compulsion d'achat vestimentaire, c'est une façon de chercher un autre regard sur soi et de redevenir un objet de désir", explique Catherine Joubert.

Exemple à l'appui, celui de la femme qui porte des bottes en python rouge : "ces bottes sexualisent la silhouette et construisent l'image d'une super-femme" qui demande à l'homme : "est-ce que je suis désirable?".


Modèle Armand Basi présenté à Barcelone le 20 septembre 2005 - Photo : Cesar Rangel

"Nous sommes dans une société où on se regarde de plus en plus, dans les miroirs, devant les caméras, à la télé. En témoigne la passion du public pour la télé-réalité. On se met en scène et le vêtement devient notre costume de scène", dit Sarah Stern.

Les hommes semblent échapper à la "folie" du shopping, cette compulsion irrépressible d'achat. Même s'ils jugent l'importance accordée à l'apparence comme une préoccupation essentiellement féminine, les choses sont en train de changer. Ils commencent à s'intéresser à leurs vêtements et à les acheter eux-mêmes.

"D'ailleurs, ils n'échappent pas à la compulsion d'achat mais elle se porte encore sur autre chose: les CD et la hi-fi", relève Sarah Stern, reconnaissant que leur étude a visé essentiellement le comportement des femmes.

"Le vêtement est surtout une affaire de femme parce qu'elle a un rapport à son corps différent de celui de l'homme. Elle a besoin à la fois de le voiler et de le dévoiler par l'intermédiaire du vêtement beaucoup plus que l'homme", confirme Catherine Joubert. Par Béatrice BRETONNIERE

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