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27 juin 2005
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Les dessous de la mode chinoise

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27 juin 2005

SHANGHAI, 27 juin 2005 (AFP) - Les Shanghaiennes ont la réputation de faire partie des élégantes en Chine. Les publicités de mode et de cosmétiques placardées dans toute la ville ne démentent pas ce souci de l'apparence, qui gagne aujourd'hui les dessous.


Affiches dans la province de Shanghaï

"La lingerie démarre tout juste en Chine", explique Marie-Pierre Cherifi, créatrice de la marque française "Le Caprice de Marie", dont les bureaux et la production sont basés à Shanghai.

Mais la lingerie démarre en trombe. Le secteur des sous-vêtements a enregistré ces dernières années un taux de croissance annuel de 20%, et parfois 50% dans certains grands magasins pour le haut de gamme.

"Les marques chinoises fabriquent surtout des articles bas de gamme et lancent peu à peu de nouvelles lignes moyen et haut de gamme", poursuit Mme Cherifi. Des nouveaux produits qui pourraient d'ores et déjà intéresser 200 millions de consommatrices dans les grandes villes.

Rien que dans sa boutique chic d'une des principales artères de Shanghai, Zhu Fangmei, responsable du magasin phare de Gujin, numéro un de la distribution de lingerie en Chine, voit près de 1.000 clientes par jour.

Elles essaient des dentelles italiennes ou des soutien-gorges ampliformes d'une des 50 marques chinoises, comme les très connues Aimer et Maniform. "Les modèles sont beaucoup plus colorés, les matières sont plus variées et les modèles de plus en plus divers", détaille Mme Zhu.

"Il y a aujourd'hui une vraie mutation de la lingerie, en termes de couleurs et de style", renchérit Thomas Morlot, créateur français de lingerie et fondateur de la marque Méli-Mélo, qui prévoit d'ouvrir deux boutiques à Shanghai dans les prochains mois.


Entrée d'un magasin chic de lingerie, le 26 juin 2005 à Pékin - AFP

En une génération, les goûts des jeunes femmes chinoises ont profondément changé.

"Nos mères cherchaient le confort. Elles portaient surtout du coton et des couleurs neutres. Mais notre génération s'intéresse plus à l'apparence et à la séduction. Nous voulons des dessous avec des jolies formes, dont les couleurs s'accordent avec nos vêtements", dit une jeune Shanghaienne de 24 ans, qui préfère garder l'anonymat.

Cadre dans un grand groupe international, elle est représentative de cette génération de femmes actives entre 20 et 35 ans qui sont prêtes à payer toujours plus pour leur dessous.

Elle-même dépense entre 30 et 60 euros pour chaque ensemble et peut s'en acheter six à huit par an.

Chez Mme Zhu, le panier varie entre 30 et 50 euros, mais peut atteindre 150 euros pour des ensembles de marques étrangères, importés.

Les jeunes filles dépensent aujourd'hui plus pour oser davantage, alors que la robe stricte ou le tailleur sont encore souvent de mise dans le centre chinois des affaires.

"Pour les plus jeunes, il y a peut-être une influence des clips", avance Thomas Morlot, pensant à certaines boîtes de nuit de la ville, où des Shanghaiennes de 20 ans paraissent sorties d'une vidéo de Britney Spears, string au-dessus du pantalon et bretelle de soutien-gorge largement visible.


Défilé de lingerie en août 2004 à Pékin - AFP

Dans sa boutique d'un quartier commerçant du sud de Shanghai, "une cliente chinoise a récemment acheté une guêpière et un string", raconte, encore étonnée, Mme Cherifi.

Face à cette mutation des goûts, les marques doivent déjà redoubler de créativité. Plus de 50 personnes se consacrent à la création au Caprice de Marie, du dessin à la réalisation des échantillons.

Dans l'usine de Gujin, à Pudong, la nouvelle zone économique de Shanghai, plus de dix designers griffonnent des nouveaux modèles. "Certains sont au siège en centre-ville pour être au plus près de l'air du temps", explique Luo Lan, du service des exportations de cette société d'Etat.

La course aux mains expertes est déjà lancée, dans une ville où les meilleures couturières se sont formées sur les machines des usines, faute d'école en corsetterie.

Par Julie DESNE

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