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Lueur d'espoir au Zimbabwe avec la dérégulation de l'or

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15 juin 2009

HARARE (AFP) — Les mines d'or du Zimbabwe, autrefois pilier de l'économie du pays, se relèvent lentement de la ruine dans laquelle les ont plongés vingt et un ans de monopole d'État sur les achats du précieux minéral, grâce à la dérégulation décidée en mars par le nouveau gouvernement d'union.


Le Premier ministre du Zimbabwe, Morgan Richard Tsvangirai (gauche) et Gideon Gono, le gouverneur de la Banque centrale du Zimbabwe (droite)

Les exploitants peuvent désormais vendre leur or sur le marché et conserver les bénéfices, dont une grande part allait jusqu'alors à la Banque centrale.

La fin du monopole d'État pour les achats d'or, imposée par le Premier ministre Morgan Tsvangirai, leader de l'ex-opposition au président Robert Mugabe, "a apporté un renouveau de confiance et d'optimisme", affirme à l'AFP le président directeur général de la Chambre des mines, Joseph Malaba.

En avril et mai, les exploitants ont vendu 600 kilos d'or à des sociétés privées notamment sud-africaines et à la Chambre des mines, alors qu'au premier trimestre 2009 ils n'avaient pas mis un seul once d'or sur le marché, souligne-t-il.

Le secteur a été victime pendant des années des défauts de paiement d'une Banque centrale virtuellement en faillite. Résultat, la production d'or s'est effondrée : elle a chuté de moitié en 2008 par rapport à 2007, après une baisse déjà de 64,5 % en 2007.

L'année dernière, 3 576 kilos d'or ont été extraits des mines. A son apogée en 1999, le Zimbabwe en avait produit plus de 27 tonnes.

Depuis, les exploitants ont vu leurs fonds de roulement s'épuiser en raison des carences de plus en plus criantes en devises étrangères, dans un contexte d'hyperinflation inouïe, de l'ordre de centaines de milliards pour cent par an en 2008.

Lorsque les coupures prolongées d'électricité n'empêchaient pas toute activité, c'est l'équipement qui a fini par faire défaut.

La création du gouvernement d'union en février, après une année de violences et de houleuses négociations politiques entre les anciens ennemis d'hier, a mis fin à 28 ans de gouvernement sans partage de M. Mugabe et de ses proches.

La monnaie nationale devenue sans valeur, le dollar zimbabwéen, a été abandonnée, et les opérations se font désormais essentiellement en devises étrangères. Le Premier ministre Tsvangirai tente, en vain pour l'instant, de renvoyer le gouverneur de la Banque centrale, Gideon Gono, tenu pour largement responsable de la ruine du pays.

Dans ce contexte, des mines, comme celle de Blanket, propriété du groupe canadien Caledonia Mining, ont repris récemment leur activité après des mois de fermeture.

"Si l'environnement économique et monétaire reste stable au Zimbabwe, nous espérons pouvoir produire 40 000 onces (environ 1,2 tonne) d'or en 2010", estime le PDG de Caledonia Mining, Stefan Hayden, dans un récent communiqué.

"Les conditions d'exploitation ont changé du tout au tout", souligne John Nixon, directeur adjoint de Rio Zim, filiale locale du géant australien Rio Tinto. Après avoir été "saignée à blanc" pendant près de dix ans, Rio Zim "peut de nouveau bénéficier du prix de son or", ajoute-t-il dans une note aux actionnaires.

Une lueur d'espoir pour l'économie, qui repart à zéro après avoir été complètement détruite par le régime Mugabe. Environ 94 % de la population active est au chômage, selon l'ONU, et la moitié des 13 millions de Zimbabwéens dépend de l'aide internationale pour se nourrir.

Selon M. Tsvangirai, le Zimbabwe a besoin d'une injection de capital de 8,5 milliards de dollars (6 milliards d'euros) sur trois ans. Une aide que les donateurs internationaux rechignent à débourser en l'absence de réformes majeures dans le pays. Les revenus des mines d'or pourraient peut-être apporter une contribution.

De Godfrey MARAWANYIKA

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