Par
AFP
Publié le
19 janv. 2018
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Spartoo : Boris Saragaglia, un jeune PDG aux bottes de sept lieues

Par
AFP
Publié le
19 janv. 2018

Grenoble, 19 jan 2018 (AFP) - Boris Saragaglia dirige depuis sa création Spartoo, une start-up devenue en 12 ans un acteur majeur du commerce en ligne qui vient de faire un pas de géant en achetant André, vénérable marque de chaussures née à la fin du XIXe siècle.


Boris Saragaglia - Spartoo


« On aimerait que Spartoo devienne centenaire », affirme sans ciller le dirigeant de 36 ans, passé par l'École des Mines et HEC. Ce « on » qu'il utilise souvent évoque le « collectif » de l'entreprise et surtout le trio de départ qu'il forme toujours avec les amis rencontrés pendant ses études, Paul Lorne (Centrale, HEC) et Jérémie Touchard (Mines).

C'est dans un appartement « tout pourri » du 19e arrondissement de Paris, qu'il partage avec Paul, que Boris présente son idée en 2005. Pas d'appétence particulière pour le soulier, confesse-t-il, mais le jeune homme regardait « ce qui fonctionnait » à l'étranger. Il repère la levée de fonds réussie d'un site américain de vente en ligne de chaussures, Zappos, et décide de dupliquer le concept en France. Quant au nom « Spartoo », loin du récit très « marketé » qui le relierait à Sparte la grecque et à sa célèbre sandale, c'était la proposition la plus « mnémotechnique » générée aléatoirement par un logiciel...

« Quand on est jeune, il vaut mieux commencer avec du "B to C", un business qui s'adresse aux consommateurs », explique Boris Saragaglia, qui a repoussé à cette époque « un poste incroyable dans un grand groupe industriel français » pour fonder son entreprise... un monde très éloigné de la fonction publique de ses parents.

Les banques sollicitées nous « ont tapé dans le dos en disant "c'est génial" et puis rien », raconte le jeune PDG. Les trois compères mettent chacun 15 000 euros sur la table, par emprunt étudiant, et embarquent dans leur projet un géant discret du négoce de chaussure, Jacques Royer. La première levée de fonds d'un million d'euros se fait « en grande partie grâce à sa holding personnelle », remercie encore le jeune homme, qui souligne « la chance énorme » qui leur a alors souri.

Les pieds sur terre

Des sociétés d'investissement accompagnent ensuite le développement exponentiel de l'entreprise. A Plus Finance, CM-CIC Capital Privé, Highland Capital Partners, Endeavour Vision et Sofina détiennent aujourd'hui 75 % du capital, quand le trio de fondateurs en détient toujours 25 %.

Le chiffre d'affaires, d'un million d'euros en 2006, a atteint 60 millions en 2010 et 150 millions en 2016, dont 50 % réalisé à l'international. Spartoo, c'est aussi 400 salariés en France de 25 nationalités, 5 000 marques et 400 000 modèles proposés, 14 millions de visiteurs uniques par mois sur le site en Europe et 12 boutiques en propre.

L'acquisition d'André, fort de son réseau d'environ 200 magasins, vient doper cette implantation dans le réel en augmentant le nombre de points de collecte des commandes passées sur le site.

Les clés du succès ? « On est très paysans : on a les pieds sur terre; on sème avant de récolter; on a un rapport à l'autre très direct et on prône la durée », énumère ce fils d'une infirmière et d'un prof de mécanique, dont le patronyme vient de paysans du sud de l'Italie.

De ses dix premières années passées entre Burkina Faso et Maroc avec ses parents coopérants, Boris Saragaglia garde une « relation distante à l'argent » et un engagement dans deux projets en Afrique : l'envoi de chaussures aux écoliers et le financement d'un programme de formation de sages-femmes de l'ONG Amref.

Son salaire reste secret - tout comme sa vie privée - mais il assure se payer « moins que le marché ». Il dit vivre « comme un étudiant », achetant ses vêtements « en soldes chez Brice ou chez Jules » et roulant en « Kangoo de seconde main ».

La salle lumineuse au dernier étage du siège grenoblois n'est pas son bureau, mais une salle de bien-être pour les salariés, à qui sont proposés des séminaires d'entreprise dans des villes européennes en mode ludique. « Si ça fait start-up, très bien, mais on s'en fiche ! » assure le fringant trentenaire.

Par Sophie Lautier

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.