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14 mars 2016
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Tout en rose comme des filles : la mode "genderless" fait son chemin au Japon

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14 mars 2016

Barrettes, rubans et sacs à main, garçons tout de rose vêtus, la tendance grandissante au style ouvertement féminin dans la mode masculine japonaise et à l'effacement du genre par le vêtement est bien là cette semaine à Tokyo, où s'ouvre lundi la Fashion Week du printemps.


Créations du Japonais Tsukasa Mikami présentées lors de la Fashion Week de Tokyo, le 14 mars 2016 - T.YAMANAKA / AFP


Star de la plate-forme de partage de photos Instagram, le mannequin japonais Genking, aux boucles blondes et longs cils courbés, amateur de vêtements et accessoires tant masculins que féminins est un adepte déclaré du « genderless ».

Né Genki Tanaka, Genking est tombé amoureux de la mode à un âge tendre, rêvant de sacs à main Chanel et d'accessoires rose pastel. « Ma mère était très tolérante... Mais à cette époque, je ne voulais pas encore avouer mon côté féminin et j'essayais tant bien que mal de le cacher », raconte-t-il. « Quand j'ai eu 20 ans, j'ai cessé de faire semblant. »

Il a depuis ouvert un compte Instagram dont les selfies présentent un style qui lui vaut d'être suivi par près de 850.000 personnes, a démarré une carrière à la télévision et même défilé pour la présentation de la mode pour filles de la capitale nippone, la Tokyo Girls Collection l'an dernier.

Au Japon, tous les rôles du théâtre traditionnel Kabuki sont joués par des hommes. Quant à la Revue Takarazuka, compagnie de théâtre centenaire exclusivement constituée de femmes, elle fait la joie de ses fans féminines lorsque, cheveux courts ou fermement attachés, ses comédiennes arborent de sévères smokings.

« Les jeux de rôle inversés au travers du théâtre ou de la mode font intimement partie de la culture japonaise », explique la blogueuse et animatrice de télévision tokyoïte, Misha Janette.

Influence de la Corée

Mais il est vrai que peu de garçons auraient, parce qu'ils ont vu des hommes jouer des rôles féminins, franchi le pas sans l'influence de la pop musique coréenne et des dessins animés japonais.

« Lorsque la K-pop a pris de l'ampleur au Japon, de nombreux jeunes hommes ont adopté ce style et essayé de reproduire les traits efféminés des membres des groupes de chanteurs », explique Janette.

Des avant-gardistes du « genderless » comme le chanteur Yohdi Kondo et la star de la mode Ryucheru se tressent les cheveux en sages écolières, se fardent les joues et enfilent des pulls roses duveteux dans le pur style « kawaii », ou mignon, habituellement réservé aux jeunes femmes nippones.

Mais, si la mode japonaise essaie de contrarier les conventions, il faudra selon la blogueuse plus que des hommes en jupe pour transformer une société phallocratique et conservatrice.

« La tendance unisexe est en réalité un instant de mode, cela n'est pas nécessairement lié à la sexualité ou à un quelconque projet de société... Je ne pense pas que cela puisse changer quoi que ce soit pour les femmes, cela ne va pas les promouvoir », dit-elle.

Le couturier Tsukasa Mikami a ouvert la semaine de la mode de Tokyo ce lundi avec un défilé d'hommes et de femmes en vêtements aux motifs floraux sérigraphiés et chaussés de bottes militaires.

Pour Tsukasa Mikami, dont les précédents défilés étaient faits d'hommes et de femmes habillés de façon identique, la création de vêtements unisexe est une seconde nature. « Je ne fais aucune distinction entre les sexes », confie-t-il.

Pour Genking, cette mode aux allures frivoles est en fait le début d'une ère nouvelle. « Les frontières entre les sexes s'effacent... Le Japon est encore conservateur, mais je pense que nous allons voir plus d'hommes s'ouvrir à cette culture », affirme-t-il. « On vit comme on s'habille. »

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