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Vente de pierres précieuses en Birmanie malgré les appels au boycottage

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11 oct. 2007

RANGOUN, 11 oct 2007 (AFP) - La junte militaire en Birmanie a annoncé jeudi 11 octobre qu'elle organiserait le mois prochain une nouvelle vente aux enchères de gemmes et de jade en dépit des appels internationaux au boycottage des pierres précieuses en provenance de ce pays.

Le quotidien officiel New Light of Myanmar a précisé que cette vente, la cinquième de l'année, se déroulerait du 7 au 19 novembre.

L'annonce a été faite deux semaines après la répression brutale par le régime des généraux d'un mouvement de protestation populaire emmené par des bonzes et des opposants, qui a suscité de nombreuses condamnations sur tous les continents.

Les ventes aux enchères de pierres précieuses sont devenues pour la junte l'un des principaux moyens de générer des revenus, attirant des acheteurs du monde entier qui dépensent ainsi jusqu'à 100 millions de dollars à chaque vente.

La Birmanie, où un foyer sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, recèle dans ses entrailles des trésors de pierres précieuses, fournissant près de 90 % des rubis du monde et disposant d'importants dépôts de jade, très convoités par la Chine voisine.

Selon des témoignages de mineurs birmans, l'extraction se fait dans des conditions de travail effroyables.

En dépit de sanctions contre le régime, de nombreuses pierres de Birmanie parviennent sur les marchés occidentaux par l'intermédiaire de la Thaïlande voisine où elles sont taillées et polies avant d'être vendues aux Etats-Unis ou en Europe.

En 2006, lors d'une vente aux enchères de Christie's, un rubis birman de 8,62 carats a atteint un prix record de 3,7 millions de dollars (425 000 dollars le carat).

Le célèbre joaillier new-yorkais Tiffany & Co fait partie de ceux, peu nombreux, qui refusent de vendre des pierres de Birmanie, mais l'association professionnelle des Joailliers d'Amérique a demandé mercredi, dans une lettre au Congrès, d'interdire spécifiquement la vente aux Etats-Unis de gemmes extraites dans ce pays.

Les sanctions américaines destinées à punir le régime birman interdisent en effet les importations provenant directement de Birmanie mais, d'après des responsables de cette association, les douanes américaines avaient créé en 2004 une échappatoire juridique en statuant que les pierres extraites en Birmanie, mais taillées ou polies dans un autre pays, pouvaient entrer sur le territoire.

L'organisation Les Joailliers d'Amérique regroupe 11 000 détaillants, y compris Tiffany & Co., Zale Corp., ainsi que Cartier qui a annoncé cette semaine qu'il avait cessé d'acheter, jusqu'à nouvel ordre, des gemmes qui pourraient provenir de Birmanie.

Les enchères en Birmanie attirent en général des centaines d'acheteurs, principalement de Chine, d'Inde et de Thaïlande, bien que l'obtention d'un visa soit devenue plus difficile depuis la répression.

En dépit des enchères qu'organise la junte pour essayer d'étouffer un marché noir prospère, la contrebande de gemmes se poursuit vers la Thaïlande, premier exportateur mondial de rubis et qui a fourni en 2005 près de la moitié des importations américaines de cette pierre précieuse, pour un montant de 101,5 millions de dollars, selon le journal spécialisé Colored Stone.

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