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22 févr. 2018
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Vers des labels écoresponsables intégrant plus de social

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22 févr. 2018

L'humain sera-t-il demain (enfin) mis au centre des préoccupations des fabricants textiles ? Si de nombreux labels éthiques et écoresponsables ont vu le jour ces dernières années, aucun ne semble avoir réussi à convaincre pleinement. Les scandales éclaboussant les géants de la mode sur les conditions de travail et les modes de production de leurs sous-traitants continuent. Certains acteurs du secteur en appellent à la création d'un nouveau label écoresponsable où le social serait davantage pris en considération, à l'image de l'agence de mode responsable Ethipop et de sa créatrice Laura Brown. Cette dernière a organisé le 17 février dernier à Paris un débat réunissant les créateurs de la plateforme Sloweare, Eloïse Moigno et Thomas Ebélé, et Nayla Ajaltouni du Collectif Ethique sur l’étiquette, une ONG portée sur la défense des droits humains au travail, notamment chez les sous-traitants du textile.


Laura Brown, Ethipop - DR


Partant du constat de la montée en puissance des marques écoresponsables, les créateurs de Sloweare revenaient sur les origines de leur site, d’abord blog, puis organisateur d’ethic fashion tours à Paris, et aujourd’hui véritable plateforme de la mode écoresponsable, à la fois magazine, guide pour les consommateurs, et organisateur événements de networking à destination des créateurs. Depuis peu, Sloweare est également à l’origine d’un premier label "manifeste" de la mode responsable. « Alors que la demande des consommateurs pour les marques responsables est en constante croissance, l’absence de label capable de mener audits et certifications sérieux sur le marché nous a convaincus d’en créer un, a expliqué Thomas Ebélé lors de ce débat.

Autour d’une quarantaine de marques, - dont Bonne Gueule et Bis Boutique Solidaire parmi les plus connues -, Sloweare propose un audit basé sur une vingtaine de critères à remplir : l’éthique, la transparence, la dimension locale, l’aspect social et solidaire, l’upcycling… Mais si la démarche semble possible sur l’échelle des "petites" marques et notamment des jeunes créateurs, le rêve d’un label écoresponsable plus social n’est cependant pas d’actualité, selon Nayla Ajaltouni du Collectif Ethique sur l’étiquette.


Eloïse Moigno et Thomas Ebélé, Sloweare - DR


Revenant sur la catastrophe du Rana Plaza et sur la récente organisation en réseau mondial des ONG, syndicaux et associations de défense des consommateurs autour du collectif Clean Clothes Campaign, la coordinatrice de l’ONG Etique a néanmoins vu des avancées : « Il n’existe aujourd’hui ni label social relatif aux produits transformés dans le monde, ni procédé de moralisation globale de la chaîne de production. Mais en renforçant la législation, en menant des campagnes d’opinion comme celle récemment sur le sablage toxique des jeans, nous tentons de pousser et de convaincre les grands groupes de l’habillement à faire évoluer leurs pratiques ».

Prenant le cas d’H&M, Nayla Ajaltouni a reconnu le dialogue possible avec l’enseigne suédoise sur laquelle l’ONG fait régulièrement pression, malgré son intérêt mineur pour les enjeux humains. Elle a surtout pointé la nécessité de réfléchir à une éducation nouvelle sur les modes de consommation, le prix et le jetable.


Nayla Ajaltouni - DR


Pointant l’importance des médias pour faire changer les mentalités, à l’image de l'émission Cash Investigation et de son dernier reportage sur le coton, les invités ont conclu le débat sur les différentes tentatives de labellisation et de certification à l’échelle des productions mondiales. « Une quête inefficace, avérée par l’infaisabilité de la certification SA8000 (destinée à la fin des années 90 à démontrer l’engagement d’une entreprise à la responsabilité sociale) mais où quelques avancées s’opèrent (dont la certification GOTS - Global Organic Textile Standard - avec ses limites). En témoigne la signature d’un récent texte à l’ONU sur le devoir de vigilance qui engage juridiquement la responsabilité de la maison mère en cas de dommage social », a relevé Nayla Ajaltouni
 

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