Publié le
20 déc. 2004
Temps de lecture
5 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

2005 : fin de l'ATV et chute du dollar

Publié le
20 déc. 2004

L'accord textile et vêtements (ATV) qui prévoyait la réintégration progressive du secteur textile-habillement dans le droit commun du commerce international prendra fin le 31 décembre 2004, avec l'élimination complète de toutes les restrictions quantitatives aux échanges. L'entrée de la Chine à l'OMC en 2001 lui a permis de bénéficier en 2002 du démantèlement des quotas sur onze catégories de produits. La percée de la Chine pour les produits libéralisés a été spectaculaire, d'autant que les quotas de l'Empire du Milieu n'ont pas bénéficié de la même progression que celles enregistrées par les autres pays asiatiques. Ainsi, le démantèlement de l'ATV devrait permettre aux exportateurs chinois d'augmenter leur part de marché en Europe d'ici à la fin de la décennie. Aujourd'hui, la Chine est à l'origine de 20 % des importations d'habillement de l'Union européenne en valeur et cette part devrait dépasser les 30 % dans les trois années qui viennent. Cette progression se fera au détriment des autres pays d'Asie (à l'exception de l'Inde), qui pourraient voir leur part relative passer de 30 à 28 %, mais également des pays du pourtour méditerranéen dont la part s'établira à environ 23 %, contre 26 % en 2004. Le poids relatif des pays d'Europe centrale et orientale PECO) passerait de 20 % en 2004 à 13 % en 2007. La diminution sensible de la part des PECO s'explique en partie par le passage de l'Union européenne de 15 à 25 qui implique une intégration des flux en provenance des nouveaux membres de pays de l'Est dans commerce intra-Union européenne. Outre une modification sensible des approvisionnements de l'UE, la fin de l'ATV confortera la tendance à la baisse des prix que l'on a observée sur la période récente (la baisse des prix moyens des produits textilehabillement consommés en France cette année devrait être de l'ordre de 4 % et on s'attend à un recul d'environ 5 % en 2005). Cette tendance mettra, plus que jamais, la notion de compétitivité prix au coeur du panorama concurrentiel de l'après 2005. La disparition des quotas conduira à une diminution des prix à l'importation. De façon mécanique, le prix du quota qui ne sera plus à payer par l'exportateur se traduira par une baisse des prix. De même, la fin des activités de transit par Hong Kong, Macao ou Taiwan, liées au système des quotas, contribuera à limiter le nombre d'intermédiaires et donc les coûts. Enfin, la sous représentation des entreprises privées (plus compétitives que les entreprises publiques) qui prévalait dans le système d'allocation des quotas prendra fin en 2005, ce qui favorisera la baisse des prix. La décision des autorités chinoises d'imposer des droits à l'exportation est encore trop récente pour que l'on puisse mesurer sa capacité à contenir la baisse des prix à l'exportation. De surcroît, l'instabilité de l'environnement monétaire constitue un élément aggravant à la libéralisation des échanges. Depuis l'année 2002, le cours de l'euro a gagné plus de 40 % par rapport au dollar et il a atteint 1,35 dollar le 7 décembre 2004. En outre, le yuan étant rattaché au dollar, les donneurs d'ordres ont bénéficié, grâce à l'effet de change, d'un recul des prix des approvisionnements en Chine. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la baisse du dollar va probablement se poursuivre, les Etats-Unis ayant intérêt à stimuler les exportations pour relancer la croissance. Dans ce contexte, un dollar à 1,40 en 2005 risque d'entamer sérieusement les perspectives de croissance française, d'autant que du côté des ménages, la faiblesse des créations d'emplois ne sera pas favorable au pouvoir d'achat. Fin de l'ATV Décidé à Marrakech en 1995, l'Accord sur le Textile et les Vêtements (ATV) a prévu le démantèlement des quotas sur une période de dix ans, qui s'achève en décembre 2004. Les produits libéralisées au cours des trois premières phases (1995, 1998, 2002) correspondent à 51 % des volumes (de 1999) importés par l'UE en provenance des pays soumis aux quotas. L'accession de la Chine à l'OMC fin 2001, lui a permis de bénéficier du démantèlement des quotas sur onze catégories de produits (ganterie de bonneterie, sous-vêtements tissés, mouchoirs, anoraks, pyjamas maille, velours coton, tissus polyéthylène et polypropylène, tissus de fibres artificielles discontinues, vêtements bébé, survêtements en bonneterie, vêtements de travail). La progression des importations en provenance de Chine pour ces onze catégories libéralisées a été très soutenue, en liaison notamment avec le fait que les quotas chinois étaient davantage contraints, dans la mesure où ils ont augmenté à un rythme beaucoup plus faible que ceux des autres pays asiatiques. Pour les onze catégories libéralisées, les importations de l'UE en provenance de l'ensemble Chine, Hongkong, Taiwan, ont progressé de 67 % en valeur et de 149 % en tonnes entre 2001 et 2003 et les prix ont diminué d'un tiers. Les dernières tendances observées en 2004 révèlent la poursuite de la croissance des importations de l'UE en provenance de Chine pour les catégories libéralisées, à des rythmes, il est vrai moins soutenus qu'en 2003 et surtout 2002. Ainsi, pour les neuf premiers mois de 2004, à titre d'exemple, les importations de parkas de l'UE en provenance de Chine ont augmenté de 23 % en nombre de pièces par rapport à 2003 (contre 71 % en 2003 et 228 % en 2002). A l’horizon 2007... Il reste 30 catégories de produits à libéraliser. Au sein des catégories qui restent à libéraliser, celles dont les quotas sont utilisés à plus de 80 %, c'est-à-dire les importations pour lesquelles la limitation est réelle, représentent 37 % du total des importations de l'UE en valeur. L'impact total de la libéralisation sur l'ensemble des importations de l'UE devrait entraîner une hausse de 17 % en volume et de 4 % en valeur sur deux ans (d'ici fin 2006). Il en résulterait une chute des prix à l'importation d'environ 11 %. La libéralisation des quotas devrait essentiellement profiter à la Chine, dont la part en valeur dans les importations de l'UE devrait être voisine de 32 % en 2007. Cette poussée de la Chine devrait se faire principalement au détriment des autres pays d'Asie mais également des pays méditerranéens. En effet, la libéralisation de 2005 concernera cette fois des produits qui figurent au premier rang des exportations méditerranéennes (pantalons, tee-shirts, etc.). Parmi les quotas restant à libéraliser en 2005, 26 d'entre eux s'appliquent aux exportations chinoises. La concurrence chinoise devrait être ressentie le plus durement sur les produits dont le taux de remplissage est élevé. Dix catégories affichent des taux de remplissage supérieurs à 90 %.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com