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2 mars 2012
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Alexandre Vauthier, le créateur "transversal" aimé par les stars

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2 mars 2012

C'est lui qui signe le boléro en mousseline de soie et nandou porté par Madonna sur la couverture de son dernier single "Girl gone wild". Et c'est encore lui qui, il y a une semaine, a habillé l'actrice Sylvie Testud pour la cérémonie des Césars. Deux femmes aux personnalités très différentes, ce qui montre la capacité de ce créateur (qui compte déjà parmi ses clientes Rihanna et Isabelle Huppert) à proposer une garde-robe qui n'a pas de frontières d'âge ni d'origine.


Alexandre Vauthier - Photo Pixel Formula

FashionMag: La femme Vauthier est donc multi-facettes ?
Alexandre Vauthier: Absolument. Parmi mes clientes il y a des stars très scéniques et d'autres plus cérébrales, des intellectuelles. Dans mes collections, je suggère un type de femme, mais mes vêtements peuvent être portés de façons très différentes. Une maison de mode dégage un ADN, mais il ne faut pas que le vêtement efface la personnalité de la femme, il doit être un moyen d'expression pour elle. Quand je pense à un vêtement, je ne le vois pas forcément sur une femme, mais je réfléchis à la façon dont elle va le porter pour réussir à faire ce qu'elle veut.

FM: Quels sont les éléments de votre garde-robe qui, selon vous, séduisent vos clientes ?
AV: Ma mode est construite sur des bases assez classiques, j'ai une vraie culture de la coupe, mais je twiste le tout. Même discours pour les matières, j'adore par exemple mélanger du néoprène avec de la soie. En définitive, j'essaie de suggérer aux femmes ce qu'elles auraient envie de porter, avant même qu'elles y pensent.

FM: Hier Rihanna, aujourd'hui Madonna, vous attirez les pop stars. La musique est-elle une source d'inspiration pour vous ?
AV: Tout ce qui n'est pas fixé par une image laisse libre cours à l'inspiration. La musique ou le parfum en font partie, car ils vous évoquent des moments bien précis de votre vie, tandis qu'on a tendance à oublier plus vite les images. La création est gérée par ce côté sensoriel et impalpable. Mes collections naissent souvent sous l'impulsion d'une musique et d'une fragrance.

FM: Comment se construit une collection chez vous ?
AV: Chaque fois, j'essaie de surprendre ou au moins de faire des choses différentes. Pour pouvoir exister, la mode se doit d'être en adéquation avec la société dans laquelle elle vit. Le styliste ne doit pas se montrer égocentrique car il risque de perdre le contact avec le monde extérieur. En ce qui me concerne, je m'amuse à dégager des codes précis tout en changeant les lignes de la silhouette, pour ne pas avoir une mode figée qui risque de se démoder. Ces codes peuvent être les couleurs (le blanc, le noir, l'or), un stylisme dans les bijoux, une broderie qui me sont propres et reconnaissables.

FM: Vous réfléchissez à la sortie d'un parfum ?
AV: J'en ai créé un pour moi avec Francis Kurkdjian, mais il est trop cher à commercialiser, sa concentration en matières premières de grande qualité étant très élevée. Il faut qu'un produit suscite le désir, mais j'aime aussi que les choses restent simples et honnêtes. Le lancement d'un parfum nécessite une réflexion, pas seulement sur son contenu et sa présentation, mais sur son positionnement et sa distribution, qui doit être en adéquation avec la maison de couture. Il est vrai aussi qu'aujourd'hui les femmes cherchent des accessoires et des vêtements de qualité, elles ont envie de choses précieuses et elles mettent le prix dans un produit quand elles savent qu'il va être exceptionnel et susciter des émotions.

Silvia Manzoni

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