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15 juin 2022
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Au Pitti Uomo, Ann Demeulemeester s’offre une rétrospective à grand impact

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15 juin 2022

L’impact est étourdissant, dès que l’on pénètre l’immense Stazione Leopolda plongée dans l’obscurité. Au centre s’étire un interminable podium blanc, d’où émergent dans le brouillard une quarantaine de silhouettes, reconnaissables au premier coup d’œil. Ce sont les créations qui ont jalonné les 40 ans de carrière d’Ann Demeulemeester. Invitée d’honneur du Pitti Uomo, la styliste belge a proposé mercredi soir à Florence une plongée vertigineuse dans son univers, avec en bande-son un condensé de ses musiques de défilé.
 

La carrière d'Ann Demeulemeester sur un infini podium - ph Dominique Muret


Au total, 46 looks, la plupart noirs, avec quelques touches de blanc et un zeste de rouge. Les quarante premiers ont été sélectionnés par la créatrice au sein de ses archives depuis 1982, l’année où elle s’est lancée dans la mode, jusqu’à fin 2013, année où elle s’est retirée, tandis que les six dernières silhouettes sont issues des trois dernières collections de la marque, rachetée en septembre 2020 par l’entrepreneur milanais Claudio Antonioli.
 
Célèbre membre du cercle des Six d'Anvers, les six élèves de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers issus de la promotion de 1981, qui ont marqué la mode par leur esthétique d’avant-garde, Ann Demeulemeester a toujours été fidèle à sa vision, nourrissant ses créations d’expérimentations et surtout d’un travail de construction sophistiquée, allant bien au-delà de l'image minimaliste dark de la styliste, aisément identifiable entre dandysme rock et romantisme androgyne, qui a influencé plus d'un créateur.

"J’ai choisi les modèles en suivant mon feeling, au sein de mes collections du premier au dernier défilé. J’ai pris d’instinct ce que j’aimais, comme si je choisissais tout simplement des vêtements à mettre. Et lorsque j’ai mis tout cela ensemble, j’ai eu un choc. C’était comme une histoire, une collection à part entière", raconte à FashionNetwork.com la discrète styliste, qui ne souhaite pas s’exposer.
 
"J’ai un style, une ligne, que j’ai gardé durant toute ma carrière. Même les looks les plus anciens pourraient être endossés demain. C’est impressionnant. En fait, je ne suis pas un décorateur. Je travaille plutôt comme un architecte, un sculpteur, jusqu’à obtenir la forme que je souhaite. Tout se joue dans la coupe. Je n’ai pas besoin de couleurs pour expliquer mon travail et chaque silhouette est différente et bien définie, offrant à chaque fois une nouvelle émotion", poursuit-elle.
 

Un détail mis en avant par Ann Demeulemeester - Pitti Immagine

 
Ann Demeulemeester, qui a fondé sa maison en 1985, l’avait vendue en 2013 à la femme d’affaires Anne Chapelle, tandis que Sebastien Meunier en reprenait la relève à la direction créative. La relance impulsée par Claudio Antonioli depuis trois saisons n’est pas pour lui déplaire. "J’ai beaucoup de respect pour lui et lui pour moi. Il va investir, il donne un futur à la marque", se réjouit-elle, tout en précisant qu’elle ne dessine plus pour le label qui porte son nom. "Une équipe de designers a été mise en place, laissons-la évoluer".
 
"Maintenant, je m'occupe des projets spéciaux. Avec mon mari Patrick Robyn, nous avons totalement refait le magasin porte-drapeau d’Anvers, déployé sur 500 mètres carrés, en y réintégrant l’image que nous voulions. J’enrichis la marque à travers d’autres domaines, comme le parfum, la porcelaine, les meubles", explique-t-elle.
 
De son côté, Claudio Antonioli semble tout aussi satisfait. "Nous avons repositionné la marque dans les plus belles boutiques, en travaillant à nouveau avec un certain nombre de clients multimarques historiques, qui s’étaient éloignés du label. Le label se vend bien", glisse-t-il dans un sourire.
 

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