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Marguerite Capelle
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29 févr. 2020
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Celine : chic sibyllin

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Marguerite Capelle
Publié le
29 févr. 2020

Peu de créateurs sont plus admirés par les Parisiens d’aujourd’hui qu’Hedi Slimane, actuel directeur artistique de Celine. Et en voyant sa dernière collection, on comprend pourquoi : cette sélection unisexe parvenait à être à fois plutôt bourgeoise et légèrement subversive.
 

Celine - Automne-Hiver 2020 - Prêt-à-porter féminin - Paris - © PixelFormula


Présenté tard ce vendredi soir, sous le dernier chapiteau monumental en date installé par Celine derrière le tombeau de Napoléon, ce défilé était mixte, puisque la griffe n’a pas présenté de prêt-à-porter masculin pendant la saison française de janvier. En fin de compte, la majorité des looks présentés ce soir étaient destinés aux hommes, et portés par la dernière déferlante de jeunesse recrutée par Hedi. Avant le défilé, des centaines de jeunes français se sont littéralement battus pour avoir accès au défilé : un moment d’authentique frénésie de mode.

Hedi Slimane a fait référence à toutes sortes de classiques du chic parisien moderne : nœuds en soie, jupe-culotte, redingotes, mini-gilets – pour les bouleverser ensuite avec élégance par des proportions inattendues et des combinaisons improbables. Qui s’attendrait à voir un blouson de motard en agneau souple avec des revers à volants ? Et cette association formidable entre une redingote de rocker et une veste style Norfolk, grâce à un travail de coupe ingénieux ? On est certains qu’il y aura pléthore de commandes de rock star pour ses duffle-coats à brandebourgs dorés et franges.

Les coupes et la silhouette nous rappelaient à point nommé qu’en matière de marques haut de gamme pour podiums, Hedi Slimane est à titre individuel le plus important tailleur du monde de la mode, depuis Giorgio Armani.

Ses femmes Celine associent avec intelligence la demoiselle impertinente de Saint-Germain, la rockeuse londonienne désinvolte et la californienne boudeuse. Mais pour l’automne 2020, elles sont plus snobs et plus élitistes que d’ordinaire, sortant le soir en robes brillantes et soyeuses, ou encore plissées et dorées, et en tenues de cocktail pleines de paillettes. Quels que soient les membres de son atelier – jeunes turcs ou mains expérimentées – une chose est sûre : ils savent ce qu’ils font. Quand le temps se fait moins clément, la fille Celine défile en jupe-culotte plissée, bottines à talons hauts et cape à carreaux du Yorkshire.

Avec une bande-son sensationnelle pour renforcer le tout (Get out of my head, de Sofia Bolt), le défilé présenté devant une toute nouvelle sculpture lumineuse énormissime – le programme adressait un remerciement à la Fondation César – a été salué depuis les gradins monumentaux remplis de fans par une énorme clameur approbatrice. Pas un mot d’explication dans la note de programme, au passage. Hedi irrite peut-être légèrement bon nombre de critiques à cause de défilés récents très prévisibles, mais pas de doute, il donne aux gens ce qu’ils veulent.

Un e-mail envoyé après le défilé mettait à l’honneur le Sulky, une pièce emblématique historique – la touche cavalière développée en 1966 par Richard Vipiana, le mari de la fondatrice Céline. Et de fait, c’était la meilleure gamme d’accessoires jamais développée par Hedi Slimane.


Celine - Automne-Hiver 2020 - Prêt-à-porter féminin - Paris - © PixelFormula

 
Les soviétologues devinaient l’avenir des membres du parti en fonction de qui était sur le podium lors du rassemblement du premier mai, sur la place Rouge. De la même façon, les fashionistas interprètent la hiérarchie au sein de LVMH par la présence ou l’absence de Bernard Arnault lors d’un défilé. 

Aucun signe de ce dernier chez Celine ce soir, mais avec l’ombre du coronavirus qui planait sur tout, cela ne veut peut-être pas dire grand-chose. Sa fille unique Delphine et son compagnon Xavier Niel ont cependant fait une apparition. A travers les coulisses fermées, ils sont allés saluer Hedi Slimane. Le créateur, lui, avait disparu des radars. Un Slimane sibyllin,  jusqu’au bout.

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