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15 févr. 2016
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Chine : nouvelle chute du commerce extérieur en janvier

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15 févr. 2016

La Chine a de nouveau vu ses exportations et ses importations dégringoler de concert en janvier, tout en enregistrant un excédent commercial record, reflet inquiétant de la détérioration de l'activité industrielle dans la deuxième économie mondiale.


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Les exportations du géant asiatique, première puissance commerciale de la planète, ont reculé le mois dernier de 11,2 % sur un an, à 177,5 milliards de dollars, ont indiqué lundi les douanes chinoises.

L'ampleur du plongeon a pris de court les marchés : les analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendaient en moyenne à un repli de 1,8 % seulement. Et les exportations n'avaient fléchi que de 1,4 % en décembre.

Un signal alarmant pour la conjoncture mondiale : « Cela suggère une demande extérieure terne dans les marchés émergents comme dans les pays développés », à commencer par l'Union européenne et les Etats-Unis, les principaux partenaires de la Chine, commentait Bank of America Merrill Lynch.

Et la forte dépréciation du yuan peine visiblement à renforcer la compétitivité des exportateurs chinois, mise à mal par le renchérissement des coûts du travail dans le pays.

Le constat est encore plus sombre du côté des importations chinoises, en recul pour le 15e mois consécutif : elles ont plongé en janvier de 18,8 % sur un an, à 114,2 milliards de dollars.
Là encore, la chute est beaucoup plus brutale que la prévision des analystes (-3,6 %) et plus prononcée qu'en décembre (-7,6 %).

La glissade traduit en partie l'effondrement des cours des matières premières, du pétrole aux métaux, qui fait mécaniquement baisser les montants importés.

Surtout, elle « reflète principalement la faiblesse des investissements » réalisés en Chine, soulignait Yang Zhao, analyste de la banque Nomura. C'est le cas dans l'immobilier, secteur plombé par la surabondance de l'offre de logements, mais aussi dans le reste de l'industrie, en proie à de sévères surcapacités de production, a-t-elle noté.

Fuites de capitaux

De son côté, confrontée au fléchissement de la demande, l'activité manufacturière ne cesse de reculer : elle a enregistré en janvier sa plus forte contraction en trois ans.

La demande chinoise de matières premières s’en ressent, au grand dam des pays producteurs : en volume, les importations de minerai de fer en janvier ont ainsi reculé de 14 % par rapport à décembre, et celles de cuivre de 17 %.

Au final, la Chine aura enregistré en janvier un excédent commercial record de 63,3 milliards de dollars, ont précisé les douanes.

Ces statistiques commerciales confirment l'essoufflement de l'économie chinoise qui a enregistré en 2015, avec une croissance du PIB de 6,9 %, sa plus faible performance depuis un quart de siècle. Le commerce extérieur de la Chine s'était contracté de 8 % sur l'ensemble de l'année.

Les vives turbulences boursières et la dépréciation du yuan continuent par ailleurs de grever la confiance et alimentent de vastes fuites de capitaux hors de Chine, lesquelles pèsent en retour lourdement sur la valeur de la devise.

A cet égard, le colossal excédent commercial pourrait être perçu par Pékin comme une bonne nouvelle, en venant grossir ses réserves de changes, les plus importantes du monde.

« Cela devrait permettre de compenser une partie de l'hémorragie de capitaux » hors de Chine, « et cela limitera la pression à la dépréciation sur le yuan », soulignait Liu Li-Gang, économiste chez ANZ.

Pour enrayer la dégringolade de sa monnaie, Pékin a en effet puisé abondamment ces derniers mois dans ses réserves de devises étrangères pour acheter massivement des yuans.

Ces réserves ont ainsi fondu de presque 100 milliards de dollars en janvier, pour tomber à 3.200 milliards de dollars, au plus bas depuis mai 2012.

Le yuan avait lâché 4,5 % face au dollar l'an dernier et continué de se déprécier en janvier... sans pour autant offrir de coup de fouet aux exportations.

Prudence pour l'année du Singe

Néanmoins, les chiffres du commerce extérieur pour janvier témoignent de distorsions imputables aux longs congés du Nouvel an lunaire, dont les dates varient chaque année, avertissait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Par ailleurs, a-t-il argumenté, les autorités se sont récemment attaquées aux fuites de capitaux camouflées sous forme d'échanges commerciaux (via des surfacturations), ce qui a pu réduire le montant des importations.

Quoiqu'il en soit, le tableau ne devrait guère s'éclaircir durant l'année du Singe, prévenait Bank of America Merrill Lynch, pointant « les perspectives moroses pour l'économie mondiale ». « Les déboires d'une demande extérieure sans éclat » pèseront sur les exportations, et « les efforts pour réduire les surcapacités industrielles » plomberont les importations en asséchant la demande d'investissements, ont-il fait valoir.

Les Bourses chinoises ont réagi en demi-teinte lundi, Shanghai finissant en recul de 0,63 %.

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