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Commerce international : la Chine et les Etats-Unis concluent une trêve fragile

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3 déc. 2018

Donald Trump et Xi Jinping se sont mis d'accord samedi sur une trêve dans la guerre commerciale qui menace les économies de leurs pays, mais les analystes soulignent que cette pause ne résout pas encore les problèmes de fond de leur rivalité économique.


Xi Jinping (à gauche) et Donald Trump (à droite) lors d'un dîner donné au G20 en Argentine - S.LOEB/AFP


Aux termes de l'accord conclu samedi pendant le sommet du G20 à Buenos Aires, la Maison Blanche a annoncé qu'elle allait repousser de 90 jours une hausse des tarifs douaniers sur les importations chinoises. Parallèlement, la Chine s'est engagée à augmenter les importations américaines.

La surenchère de droits de douane entre la Chine et les États-Unis depuis le printemps pèse déjà sur la croissance mondiale. Le FMI estime qu'à court terme, le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75 % si les tensions commerciales devaient encore s'accroître.

Donald Trump a débuté les hostilités en augmentant les taxes douanières sur des milliards de dollars d'importations chinoises, accusant ce pays de pratiques déloyales. Ce à quoi Pékin a répondu en taxant elle aussi certaines importations américaines.

Après des mois de bras de fer entre les deux puissances commerciales, Donald Trump a salué « un accord extraordinaire ». Cela aura « un impact incroyablement positif » pour les fermiers américains, a-t-il ajouté.

L'agence d'Etat chinoise Chine Nouvelle a jugé que ce résultat « doit être valorisé ». « C'est une bonne nouvelle pour les deux pays et un soulagement pour la communauté internationale », a-t-elle ajouté.

Avec cet accord, Xi Jinping évite une pression supplémentaire sur une économie chinoise qui ralentit, tandis que Donald Trump, affaibli par les élections de mi-mandat qui ont amené une majorité démocrate à la Chambre des Représentants, peut atténuer les problèmes des Etats agricoles qui exportent vers la Chine, particulièrement le soja, relève Hua Po, un consultant politique à Pékin.

« C'était une occasion unique pour la Chine parce que (les élections de mi-mandat) ont mis Trump en difficulté », ajoute-t-il. « Il était donc possible pour la Chine de tenir sur des points essentiels tout en faisant des concessions importantes. »

Mais les analystes relèvent que les deux parties restent à des centaines de lieues l'une de l'autre sur des points cruciaux.

Donald Trump peut être mis en difficulté lorsque l'analyse de l'accord révèlera que Xi Jinping s'en est sorti « sans concession significative », a déclaré Brock Silvers, directeur général de Kaiyuan Capital, une société d'investissement de Shanghai. « Les tensions ont été retardées, pas résolues et, à moins que la Chine ne trouve rapidement la volonté politique de faire une paix à long terme à travers des concessions de poids sur les problèmes de technologie, les gains espérés cette semaine peuvent n'être que provisoires », a-t-il ajouté.

« Divergences flagrantes »

La trêve n'est que partielle. Quelque 50 milliards de dollars d'importations chinoises sont déjà taxées à 25 %. Et alors que les taxes de 10 % sur 200 milliards de biens ne vont pas être portées à 25 % au 1er janvier, comme le menaçait Trump, elles resteront en vigueur.

Pékin a déjà répliqué en imposant ses propres tarifs douaniers sur des produits importés des Etats-Unis. Donald Trump a également prévenu qu'il pourrait aussi imposer des taxes douanières sur les 267 milliards d'importations chinoises restantes.

La société de consultants ANZ Research a relevé des « divergences flagrantes » dans l'annonce de l'accord des deux côtés.

La partie chinoise - à l'inverse des Etats-Unis - n'a pas fait mention que la hausse des taxes était seulement repoussée de 90 jours et serait appliquée si les négociations ne progressent pas de façon satisfaisante. « Nous ne savons pas dans quelle mesure l'administration américaine est sérieuse quant à sa "déclaration de cessez-le-feu" », dit ANZ Research.

Elle a également noté que la Chine n'a pas fait mention de l'appel américain à des changements structurels de sa politique économique. « Ce sont des problèmes profondément ancrés qu'il est difficile de résoudre rapidement », note ANZ Research.

Kenneth Jarrett, président de la chambre de commerce américaine à Shanghai, a qualifié l'accord d'« encourageant » tout en « espérant que cette nouvelle positive devienne quelque chose de plus permanent ». « Pour que cela arrive, le gouvernement chinois doit répondre aux préoccupations de longue date des entrepreneurs américains ». Il a cité « des restrictions d'accès aux marchés, une faible protection de la propriété intellectuelle, des politiques industrielles déloyales, le rythme trop lent des réformes économiques et le manque de transparence réglementaire ».

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