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7 avr. 2021
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Delphine Viguier-Hovasse (L’Oréal Paris): "Pendant la crise ce sont les femmes qui nous ont portés"

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7 avr. 2021

"Féminine et Féministe", c’est par ces mots que se décrit Delphine Viguier-Hovasse, la directrice générale internationale de L’Oréal Paris, première femme à diriger à l’échelle mondiale la marque phare de L’Oréal. Ingénieure agronome de formation, Delphine Viguier-Hovasse navigue depuis plus de vingt ans au sein du géant de la beauté et a notamment chapeauté au niveau monde les marques Carita et Décleor, puis Garnier. Depuis 2019, elle est à la tête de L’Oréal Paris qui, dans 56 pays, clame haut et fort que les "femmes le valent bien". Enthousiaste et dotée d’un certain franc-parler, Delphine Viguier-Hovasse raconte à FashionNetwork.com comment L’Oréal Paris traverse la crise sanitaire et comment la marque a toujours suivi et répondu aux aspirations des femmes.
 

Delphine Viguier-Hovasse - L'Oréal


FashionNetwork.com : Vous avez pris vos fonctions à l’aube d’une crise sanitaire mondiale, qui se poursuit. Comment avez-vous vécu cette situation?
 
Delphine Viguier-Hovasse : C'est vrai que peu de temps après mon arrivée, la crise est survenue. Cependant j’ai la chance d’avoir intégré une marque très solide. Nous avons rapidement mis nos salariés du siège et des usines à l'abri. Nous avons un réseau et une assise exceptionnels, et pour vous donner un exemple, nous avons été confiné le 10 mars et quinze jours plus tard, nous lancions la production de gels hydroalcooliques pour les hôpitaux.

FNW : Comment se sont comportées vos consommatrices pendant cette période?
 
D V-H : Ce sont vraiment les femmes qui nous ont portés. Quinze jours après le début du confinement, nous avons vu les ventes de colorations bondir car les racines de nos clientes repoussaient mais leurs coiffeurs étaient fermés. Elles ont pu par exemple essayer virtuellement les couleurs, car nous avions déjà tous les outils en place. Vous savez, on ne devient pas une compagnie digitale en un claquement de doigts. Par ailleurs, nous avons eu beaucoup plus de questions sur la marque que d’habitude. Les clientes avaient plus du temps et nous avons vu le trafic augmenter sur nos pages dédiées aux ingrédients et aux formules. Nous avons donc remis des informations au fur et à mesure.
 
FNW : Si les segments des soins et des capillaires ont bien marché, le maquillage s'est montré moins résilient...
 
D V-H : Pour le maquillage, les choses sont très dures. Nous avions prévu une grande campagne sur les rouges à lèvres, autour de la couleur; finalement nous l’avons plutôt réorientée sur la tenue des produits. De façon plus globale, sur l’ensemble du maquillage, nous avons axé la communication sur la tenue des produits, comme avec notre fond de teint.
 
FNW : A l'aube du premier confinement, vous lanciez une campagne de lutte et d’information contre le harcèlement de rue, comment a-t-elle été accueillie?
 
D V-H : Nous avons lancé notre campagne Stand Up le 8 mars 2020, pour la Journée de la femme, et quelques jours plus tard, nous étions confinés. Les différents pays sont alors revenus vers moi car ils craignaient que la campagne ne connaisse pas un grand engagement, et ce alors que le harcèlement de rue est un vrai sujet, même en temps de confinement. Finalement l'engagement a pris une autre forme et s'est traduit par un plus gros trafic sur la plateforme Stand Up qui vise à informer sur la façon de réagir, notamment si on est témoin de harcèlement. Nous avons lancé le second volet de notre campagne à l'échelle mondiale ce 8 mars, et nous sommes de nouveau confinés, l'histoire se répète.

FNW : Depuis 1971, le slogan de L’Oréal est l’incontournable "Parce que je le vaux bien! ". Quelle est son histoire et est-ce toujours d’actualité?
 
D V-H : C'est l'idée d’une publicitaire américaine qui travaillait sur la campagne de la coloration Préférence. Dans la publicité initiale, un homme parlait des cheveux de sa femme, et elle a eu l'idée de mettre la femme face caméra et lui faire dire "qu’elle valait bien" la coloration Préférence qui, à l’époque, était une des plus chères du marché. Au début des années 70, c’était une idée très nouvelle car il ne faut pas penser que toutes les femmes brûlaient des soutiens-gorge. Ce slogan est toujours d'actualité. Je ne peux pas exprimer mes opinions politiques car je représente un groupe, mais en tant que femme, dès qu'on relâche la pression, on se rend bien compte que ce n'est pas acquis.
 

Revitalift Laser, un des derniers produits lancés par L'Oréal - DR


FNW : Justement peut-on être une marque engagée, qui parle à toutes les femmes, et en même temps avoir pour ambassadrices des femmes sublimes, assez loin de la réalité?
 
D V-H : C'est vrai que L'Oréal Paris a souvent été dirigé par des hommes qui ont choisi des femmes magnifiques pour ambassadrices, mais la diversité a toujours été présente. Parmi nos ambassadrices, nous avons toujours eu des femmes noires ou même des femmes mûres, avec Jane Fonda. Et puis nos égéries n'ont pas toujours été ce qu’elles sont. Il serait bien de publier leur parcours, de voir aussi comment elles se sont construites, quelles difficultés elles ont rencontrées. Ce que je regrette, par exemple, est de ne pas avoir d'égéries rondes. Il y a encore du travail à faire à ce sujet car être vieille nous le serons toutes un jour, mais ronde pas forcément.
 

 


 

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