Par
AFP
Publié le
17 janv. 2006
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Diego Della Valle, le roi du mocassin à picots, fait trébucher Berlusconi

Par
AFP
Publié le
17 janv. 2006

ROME, 17 jan 2006 (AFP) - Silvio Berlusconi s'est découvert un terrible détracteur en la personne de l'industriel Diego Della Valle, le patron des chaussures Tod's, virulent dans ses attaques contre le chef du gouvernement italien à moins de trois mois des élections.


L'industriel Diego Della Valle, le patron des chaussures Tod's, le 14 janvier 2006 à Florence
Photo : Andreas Solaro

La guerre entre les deux hommes a commencé peu avant Noël, pendant une émission de télévision au cours de laquelle Diego Della Valle a abruptement demandé au "Cavaliere" de "cesser de prendre les Italiens pour des analphabètes".

Industriel comme Silvio Berlusconi, propriétaire d'une équipe de football comme Silvio Berlusconi, il utilise pour le critiquer le même langage politiquement incorrect que le chef du gouvernement.

Les attaques sont frontales, les mots sont durs, directs et sans allusions, et les saillies font mouche. Diego Della Valle, 52 ans, passe au crible cinq années de gouvernement en quelques formules lapidaires et ses critiques portent plus que toutes les attaques de l'opposition, parce que l'industriel s'affirme apolitique.



"Il est temps que Berlusconi se retire. Il n'y a rien de personnel dans mon propos, mais on ne peut pas laisser l'Italie être gérée par un homme qui décide ce que bon lui semble", a-t-il lancé samedi dernier pendant un séminaire économique à Florence, sous les applaudissements d'une assistance d'industriels et de banquiers.

"Je ne ferai jamais de politique", a-t-il assuré, précisant que ses critiques "ne sont pas un réquisitoire contre le centre-droit ni un plaidoyer pour le centre-gauche, mais un appel dirigé à ceux qui font la politique".

"Le problème de Berlusconi est qu'il se réveille chaque matin en étant convaincu d'être le propriétaire de l'Italie", a-t-il déploré.

Diego Della Valle porte le fer là où il fait mal au chef du gouvernement. Patron de la Fiorentina, club de série A troisième du championnat ex-aequo avec le Milan AC de Silvio Berlusconi, il a ainsi dénoncé la mainmise du chef du gouvernement sur le sport roi de la péninsule.

"Berlusconi est un menteur. Il doit cesser de s'occuper du football. Ce n'est pas son affaire personnelle, mais celle de tous les Italiens", a-t-il vitupéré, furieux du veto opposé au Parlement par son parti, Forza Italia, sur une proposition de loi destinée à redistribuer plus équitablement aux clubs les recettes des droits télévisés du championnat d'Italie.

Berlusconi est destabilisé et irrité par ces attaques, mais il ne sait comment répondre. Il a annoncé son intention de l'attaquer en justice pour diffamation et son détracteur lui a répondu par l'ironie: "il a tellement d'avocats. Je lui demanderai de m'en laisser un". Une allusion vipérine aux nombreux démêlés judicaires du chef du gouvernement.

Les fidèles de Silvio Berlusconi sont également partis à l'offensive contre le "marchand de chaussures".

"Della Valle cherche à faire de la publicité pour ses chaussures auprès de la gauche caviar", a tenté d'ironiser Paolo Bonaiuti, le porte-parole du chef du gouvernement.

Mais l'industriel qui a fait de la petite entreprise créée par son grand-père un symbole du luxe made Italy dans le monde et dont les célèbres mocassins aux 133 picots chaussent le roi d'Espagne n'a plus besoin de reconnaissance.

Il dit en revanche crûment ce que pensent nombre d'entrepreneurs italiens déçus par la gestion de Silvio Berlusconi, leur pair, entré en politique en 1994 pour libéraliser l'économie.

"Il nous appartiendra de désigner les meilleurs, les plus honnêtes et les plus compétents lors des prochaines élections" législatives du 9 avril, a annoncé fin décembre le patron des patrons italiens, Luca Cordero di Montezemolo.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.