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Marguerite Capelle
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26 juin 2021
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Dior Homme au Texas, “the Lone Star State”

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Marguerite Capelle
Publié le
26 juin 2021

Kim Jones a fait de Dior Hommes le roi des collaborations les plus cool, mais sa dernière association pour cette collection Printemps-Été 2022 – avec le Texan star du rap, producteur et faiseur de tendances Travis Scott – est de loin la plus marquante.

 


Même s’ils ont dû travailler à distance, de part et d’autre de l’Atlantique, cette collection Dior Homme Printemps-Été 2022 est imprégnée de l’esprit, de la vitalité et du style urbain pointu de Travis Scott. Avec aussi de nombreuses références à ses racines et sa ville natale, l’ancienne mission espagnole de San Antonio.

Ce qui boucle la boucle avec le fondateur de la maison, puisque le Texas fut le premier État américain visité par Monsieur Dior en 1947, quand il vint recevoir le prix Neiman Marcus, et tomba amoureux du "Lone Star state".

Travis a même imaginé une formidable nouvelle version du sac saddle iconique de la griffe, revisité en mini sac fantaisie de cavalier du Pony Express, à double poches et avec un fer à cheval inversé en guise d’anse.

Pour ce défilé présenté aux Invalides, Kim Jones a demandé au producteur Es Devlin de créer un formidable décor où les portails en fer forgé néo-classiques à la française, couverts de roses, rencontraient les cactus géants et champignons monumentaux, dans une version psychédélique d’un western de Sam Peckinpah.

Ce thème des cactus apparaissaient même dans le tout premier collier de perles haut de gamme Dior Homme, imaginé par la créatrice de bijoux de luxe de la maison, Victoire de Castellane (avec des cactus et des fleurs de prairie en guise de finitions, au tarif hallucinant de 500.000 euros).

"J’ai toujours eu envie de travailler avec Victoire. Je n’avais jamais fait ça auparavant, et voilà qu’elle propose un collier d’un demi-million d’euros, avec des cactus ! Je trouve ça super de travailler avec toutes les dimensions de Dior. C’est une maison où il faut collaborer avec tout le monde. Dans tout ce que je fais, je dois réfléchir au lien avec Dior, et avec Christian Dior lui-même", expliquait Kim Jones.

L’année dernière, Travis Scott a même fondé la Cactus Jack Foundation, pour aider les jeunes à accéder à l’éducation, en s’associant notamment à la Parsons School of Design pour développer un programme dans la mode. Kim Jones, qui est venu saluer avec Travis Scott pour le final, a même intitulé la collection "Cactus Jack Dior".

Même s’il s’agit principalement de streetwear haut de gamme, Kim Jones propose aussi toutes sortes de coupes sensationnelles, avec un travail près du corps pour les dernières versions en date  de sa veste portefeuille signature. Pour le printemps prochain, elle est déclinée en teintes de rose et de sable évoquant un coucher de soleil dans la Panhandle de Floride. Elle est pincée au col avec des cactus en diamants, et associée à des pantalons ultra-évasés, fendus sur le côté (pour se marier non pas avec des bottes de cowboys, mais des nouvelles baskets inspirées du skate, avec un plateau incliné).

Cependant les meilleures vestes de Kim étaient une série de boléros à la coupe impeccable, en écru délavé ou bleu ciel, et dont les manches étaient parachevées à l’espagnole par de gros clous métalliques. Une référence tout à fait adaptée, puisque San Antonio appartenait à l’empire espagnol jusqu’au milieu du XIXème siècle.

Les redingotes en soie noire de Kim Jones dégageaient un panache de pistolero: un Wyatt Earp hip hop urbain d’aujourd’hui, des chaînes accrochées à ses poches poitrine et revolver. Au lieu des chapeaux de cowboys, le chapelier Stephen Jones a créé des couvre-chefs hybrides, entre bob français et bonnet à l’américaine. Révolutionnant les archives, Kim Jones a imaginé une nouvelle toile de Jouy façon Horde Sauvage, intégrant des paysages désertiques dans de nombreux looks.

Pour les tapis rouges ou les prochains vernissages de galeries en vue, les inconditionnels de Dior voudront ses chemises blanches oversized, inondées d’imprimés abstraits formidables tirés de tableaux de l’artiste George Condo.

Le tout est très bien vu d’un point de vue marketing – de la tête de bison aux mailles obliques aux motifs éclatés, en passant par les shorts treillis cloutés sur les côtés – et la collection produisait un effet assez parfait dans ce décor de Tombstone arty, installé dans un énorme chapiteau derrière les Invalides.

Au moment où les mannequins se rassemblaient pour l’image finale, tandis que Kim Jones et Travis Scott tombaient dans les bras l’un de l’autre, les applaudissements ont été discrets, ce qui est inévitable dans un défilé appliquant strictement les règles de distanciation sociale, et où les gens étaient assis à mètre cinquante les uns des autres.

Mais ne vous y trompez pas, voilà encore une collection Dior Homme réussie de la part de Kim Jones, créateur iconoclaste qui réinvente l’ADN de la maison, tout en puisant respectueusement dans son héritage.

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