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24 nov. 2014
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Eric Bacheré (Pyrenex) : " Notre boutique parisienne est une vitrine pour un développement international"

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24 nov. 2014

Pyrenex installe sa boutique éphémère au 32 rue de Poitou, dans le Marais parisien. C’est la quatrième année que la marque française s’offre un pop-up. Mais cette fois, le lieu sera converti en boutique permanente en juillet prochain. Eric Bacheré, directeur général de la société, met en avant la volonté de la marque d’être présente dans les grandes capitales économiques du globe.

FashionMag.com : Vous ouvrez un magasin éphémère au 32 rue de Poitou, dans le Marais à Paris. Quelle importance revêt pour vous cette présence hivernale ?

Eric Bacheré : C’est la quatrième année que nous installons une boutique éphémère à Paris. C’est important car cela permet à Pyrenex de montrer l’étendue de sa collection et de son savoir-faire dans un cadre qui lui est propre.


Collection Heritage hiver 2014-15


FM : Comment se construit cette boutique ? Présentez-vous uniquement le textile ou également votre offre literie ?

EB : Le pop-up est dédié à la doudoune. Mais nous avons travaillé avec l’architecte Franklin Azzi pour présenter l’histoire de la marque. Vous entrez d’abord dans un univers qui, à travers des détails d’architectures comme un plafond matelassé rappelant nos doudounes, évoque notre savoir-faire. Puis nous présentons la collection.

FM : Cette boutique est amenée à perdurer. Allez-vous la conserver telle quelle ?

EB : Elle fait actuellement 80 mètres carrés, mais nous allons optimiser la surface. Le pop-up se terminera en février et nous voulons faire les travaux pour rouvrir sur 130 mètres carrés en juillet. En ce qui concerne le concept, nous garderons un lien, mais nous allons aussi présenter une offre de produits élargie pour assurer une présence tout au long de l’année. Nous travaillons avec Franklin Azzi pour développer le concept.

FM : Avez-vous l’intention d’ouvrir d’autres boutiques ?

EB : Nous avons des partenaires qui ont choisi d’ouvrir des boutiques à Saint-Jean de Luz et à Arcachon. Ces villes possèdent à la fois une clientèle locale, mais sont aussi attractives pour les Parisiens et Bordelais lors des vacances et le week-end. Globalement, notre modèle est tout de même basé sur le wholesale. Et ce volet fonctionne très bien. Notre volonté est donc de pouvoir travailler avec les meilleurs multimarques dans chaque pays.

FM : Vous ne visez donc pas des ouvertures de magasins dans des stations huppées comme, par exemple, Megève ou Courchevel ?
EB : Le retail doit d’abord nous permettre d’avoir des vitrines nationales comme celle de Paris. Selon les opportunités, cela peut-être des magasins à Tokyo, Séoul, Berlin ou Londres. Notre boutique parisienne doit être une vitrine pour un développement international. Dans la mise en place de son concept, il est très important pour nous que celui-ci puisse être dupliqué.

FM : Vous évoquiez votre stratégie de vente en gros. Aujourd’hui combien de points de vente vous référencent ?

EB : En ce qui concerne notre collection Heritage, nous avons près de 500 points de vente dont 200 en France. Nous devons bien sûr conserver cette présence en France, où l’on sait que la marque bénéficie d’un fort capital sympathie, mais surtout développer l’export. Par exemple en Corée du Sud, nous avons déjà bien avancé, mais les opportunités sont encore nombreuses. En Allemagne, nous enregistrons un bon démarrage, le Japon semble redémarrer et au Canada notre travail d’implantation se concrétise.


Visuel plume, Pyrenex


FM : Récemment, l’un de vos concurrents, Moncler, a dû faire face à un scandale concernant son sourcing de plumes. L’impact a été désastreux en termes d’image. Quelle est votre analyse de cette situation ?

EB : La plumaison à vif est une méthode très minoritaire en Europe. L’European Down and Feather Association (qui représente les industriels du secteur et leurs prestataires, ndlr) fait état de 2% de la collecte de plumes issues de la plumaison sur des oies vivantes et cette donnée est corroborée par l’agence européenne EFSA (European Food Safety Authority). On peut là mesurer l’effet loupe de ce type de reportage et les malentendus qui peuvent en résulter.

FM : Mais vous, vous considérez-vous protégé contre ce type de problématique ?

EB : Nous sommes partenaires de l’agro-alimentaire du sud-ouest de la France, où nous sommes basés, depuis plus de 30 ans. Ainsi, les plumes que nous utilisons sont un coproduit. Cela signifie que tous les canards ou les oies sont élevés en plein air puis abattus pour l’alimentation. Il n’y a donc aucun animal élevé pour ses plumes. D’autre part, l’abattage intervient systématiquement avant la plumaison et aucune plumaison à vif ne peut intervenir dans cette organisation. Ces acteurs respectent les règlements sanitaires et du bien-être animal établis au niveau européen. Nous récupérons cette plume et nous l’ennoblissons pour optimiser ses qualités d’isolation et de légèreté. Nous pouvons donc assurer la maitrise de nos approvisionnements.

FM : Donc vous ne vous sentez pas directement concernés par les initiatives de label lancées par The North Face ou Patagonia ?

EB : Cela concerne des grandes sociétés qui ont des problématiques de sourcing très internationales. Nous, nous récupérons les plumes en France avec une traçabilité pour chaque lot collecté. Nous intégrons et produisons nous-mêmes  100% de cette matière première : c’est le label Pyrenex.

FM : Et cela ne va pas changer ?

EB : Notre actionnariat familial nous permet d’avoir une stratégie limpide. En 2014, nous devrions terminer l’année avec un chiffre d’affaires de 32 millions d’euros (contre un peu plus de 31 l’an passé). Avec un équilibre 50-50 entre le vêtement et la literie. Nous avons un bel avenir mais nous nous concentrons sur nos projets phares. L’essentiel pour une PME comme nous est de ne pas se disperser.

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