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11 févr. 2021
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Face aux attentes des citoyens, des acteurs majeurs de la mode prennent des engagements responsables

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11 févr. 2021

En septembre dernier, l'association Paris Good Fashion, qui vise à faire de Paris la capitale de la mode responsable, lançait une consultation citoyenne pour identifier les idées et attentes des consommateurs. Résultat: près de 107.000 personnes ont participé à la consultation citoyenne, lancée sur le site Make.org. Se basant sur leurs réponses, les marques, distributeurs et industriels du collectif (Galeries Lafayette, Groupe Etam, Petit Bateau, Vestiaire Collective, La Redoute, le groupe Eram...), soutenus par le ministère de la Transition écologique et la Mairie de Paris, ont déterminé douze engagements communs.


AFP


Recyclage des produits, développement du marché de la seconde main, soutien aux filières textiles françaises ou biologiques... Le collectif d'entreprises de l'industrie de la mode, très polluante, a promis de tenir certains de ces engagements dès cette année, mais se donne jusqu'à fin 2024 pour tous les concrétiser, précise-t-il dans un communiqué.

Pour "éviter le greenwashing", stratégie marketing trompeuse visant à se donner une image plus verte, les marques expliquent avoir convenu d'un rendez-vous annuel afin de "faire état des avancées, en toute transparence". Parmi les thèmes les plus souvent exprimés figurent le recyclage et la seconde main, la relocalisation de la production ou l'attention portée aux matières et aux procédés de fabrication.

"Cette consultation atteste de la maturité des consommateurs, de leur souhait d'aller plus vite", a déclaré dans le communiqué Sylvie Bénard, présidente de Paris Good Fashion. Les résultats "nous permettent de mieux cerner les attentes prioritaires des consommateurs", a indiqué de son côté Guillaume Houzé, directeur de l'image et de la communication du groupe Galeries Lafayette.

Les marques se sont ainsi engagées à installer des points de collectes d'articles usagés en magasins, à soutenir les filières françaises de laine et de lin, à utiliser au moins 50% de coton biologique ou recyclé, ou encore à réduire le volume des emballages.

Des initiatives concrètes



Des premières initiatives ont été annoncées. Le groupe Etam, par exemple, va proposer dès février à ses clientes de rapporter leurs soutien-gorges, qui seront ensuite triés puis recyclés ou donnés à des associations. Petit Bateau, qui produit plus de 25 millions de pièces chaque année, a débuté la collecte des pièces usagées dans une dizaine de magasins et entend déployer ce service dans l'ensemble de son réseau cette année. Et Bocage travaille, avec la chaire Bali sur le cycle de vie des produits, pour développer un projet permettant le désassemblage des chaussures. Car pour bien recycler, il faut des produits conçus en ce sens.

De leur côté, les Galeries Lafayette entendent accélérer sur le local. Tout d'abord en donnant, via leur initiative Go for good, plus de place aux marques locales, après avoir dans un premier temps sélectionné des jeunes marques responsables. "Suite à la consultation nous voulons faire un effort supplémentaire en direction des jeunes marques responsables, explique Damien Pellé, directeur développement durable du groupe. Nous avions déjà pris l'engagement d'en soutenir 200 d'ici 2024 mais maintenant nous souhaitons privilégier les jeunes marques made in France. Nos magasins en région ont la possibilité de référencer directement des marques locales. C'est par ce canal que nous allons passer pour commercialiser environ 50 marques par an. A date nous avons par exemple des marques locales produisant en France, rencontrant du succès auprès des clients comme Maison Monarque à Angers ou Le vent à la Française à Clermont-Ferrand". Mais la chaîne de grands magasins entend aussi appuyer les filières de matières développées en France, en sélectionnant celles-ci pour ses marques propres.

"Il s'agit d'un autre grand thème qui émerge de la consultation, explique Isabelle Lefort, à l'occasion de la présentation des douze engagements. Nous pouvons pousser à réutiliser le lin et la laine. Il y a une renaissance de ces filières en France, avec par exemple le projet Tricolor sur la laine. Et nous discutons avec la CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre) pour travailler sur le lin. Au-delà des matières, il y a une attention particulière sur la notion de fabriqué en France, qui peut être détourné. Les signataires se sont engagés à n’utiliser cette notion de made in France que lorsque la majorité des étapes de production est vraiment réalisée en France". De son côté La Redoute travaille avec l'association Nordcréa pour soutenir la recomposition de toutes les composantes de la filière lin.

Le travail sur les matières écoresponsables, que ce soit dans la production des vêtements ou dans leur emballage, est aussi au coeur du projet et va monter en puissance chez tous les signataires avec pour ambition de créer un effet d'entrainement de toute la filière. Chaque année jusqu'à 2024, un point d'analyse se réalisé pour afficher les engagements tenus et les projets en cours de réalisation.

Selon le rapport 2020 de l'ONG Climate Chance, l'industrie textile est responsable d'un tiers des rejets de micro-plastiques dans l'océan, et de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Avec AFP

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