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Farfetch : malgré les pertes, José Neves salue un "trimestre fantastique"

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Paul Kaplan
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16 nov. 2019

Jeudi, en dévoilant ses résultats trimestriels, Farfetch a indiqué toute une série d'indicateurs encourageants. Mais l'information importante, c'est que le géant du e-commerce de luxe reste déficitaire et que ses pertes se sont même aggravées au cours de la période de trois mois qui s'est achevée à la fin du mois de septembre.


Malgré les pertes trimestrielles de Farfetch, son PDG José Neves reste optimiste - Farfetch


Ce qui n'a pas empêché les investisseurs de retenir principalement les aspects positifs du rapport, entraînant une mini-reprise du cours de ses actions en dehors des heures de négociation. Depuis sa très médiatique introduction en bourse, au mois de septembre, le cours des actions Farfetch n'a cessé de chuter — et la tendance n'a pas ralenti cette semaine, d'autant que les analystes de Bernstein ont averti que la société "consomme trop de trésorerie". Mais les pertes du troisième trimestre ayant été plus faibles que prévu, le cours des actions Farfetch avait bondi d'environ 20% au moment où nous écrivons ces lignes.

Face à cette augmentation impressionnante, on pourrait se demander ce qui a rassuré les investisseurs. Commençons par la "mauvaise" nouvelle. La perte nette a augmenté de 10,6% à 85,5 millions de dollars (77,4 millions d'euros). Ce déclin s'explique en grande partie par les mouvements du bénéfice ajusté avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, les dotations aux amortissements, les paiements en actions et d'autres éléments exceptionnels liés aux activités récemment acquises et aux investissements. Quant à la perte ajustée avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, elle a augmenté de 10,3% à 35,6 millions de dollars (32,2 millions d'euros).

Passons aux bonnes nouvelles. Selon José Neves, fondateur et PDG de Farfetch, l'entreprise a connu "un troisième trimestre fantastique, dépassant toutes nos attentes et continuant à gagner rapidement des parts de marché".

En effet, il y a de quoi se réjouir : le chiffre d'affaires de la société est passé de 134,54 millions de dollars (121,75 millions d'euros) il y a un an à 255,48 millions de dollars (231,25 millions d'euros) pendant le trimestre, tandis que la valeur brute des marchandises a grimpé de 310 à 492 millions de dollars (de 280,6 à 445 millions d'euros), grâce à la croissance organique de sa part de marché et aux acquisitions réalisées pendant le trimestre. La valeur brute des marchandises de sa plateforme numérique a augmenté de près de 38% à 420,3 millions de dollars (380,5 millions d'euros), et même de 40% compte non tenu de l'incidence du change. Cette performance a été stimulée par l'acquisition du August New Guards Group, ainsi que par l'augmentation du nombre de clients et des transactions via ses sites Internet, mais aussi par le rachat de Stadium Goods, une plateforme spécialisée dans les sneakers et le streetwear.

Le bénéfice brut est passé de 67 à 115 millions de dollars (de 60,7 à 104,5 millions d'euros), et le nombre de consommateurs actifs sur sa plateforme numérique est passé de 1,24 à 1,889 million. 

Si l'on examine plus en détail l'augmentation du chiffre d'affaires, on s'aperçoit qu'elle a été principalement stimulée par la croissance de 44% du chiffre d'affaires de ses services numériques, qui s'établit à 156,5 millions de dollars (141,7 millions d'euros), et à l'ajout des revenus générés par New Guards. Par ailleurs, les ventes en magasins ont augmenté de 121,9% à 9,1 millions de dollars (8,2 millions d'euros), grâce à l'ajout des revenus provenant des magasins de New Guards et de la bonne performance des magasins Browns.

Il y avait tout même quelques ombres au tableau : la valeur moyenne des commandes a légèrement fléchi, passant de 585 à 582 dollars, et la marge bénéficiaire brute de la plateforme numérique a chuté de 60,3% à 53,2%.


Puissance des marques



Malgré ces aspects négatifs, l'entreprise a clairement progressé pendant le trimestre, notamment dans l'approfondissement de ses relations avec les marques de luxe les plus prisées du moment. C'est un facteur primordial pour Farfetch, qui cherche à devenir rentable sur un marché extrêmement compétitif, celui de la vente en ligne de produits de luxe.

Pendant le trimestre, Farfetch a continué d'ajouter de l'ampleur et de la profondeur à sa gamme, en s'appuyant sur ses partenariats avec les marques et les enseignes de luxe. Les 10 premières marques de son offre proposent deux fois plus de produits sur sa plateforme par rapport à la fin du trimestre correspondant de l'exercice précédent. Farfetch a notamment ajouté des points d'approvisionnement avec son partenaire Saint Laurent aux États-Unis, au Canada et au Mexique. La plateforme basée à Londres a par ailleurs "contribué à la stratégie de vente directe aux consommateurs mise en oeuvre par Prada, en devenant son partenaire exclusif pour sa ligne Linea Rossa sur l'Automne-Hiver 2019". 

Farfetch a également signé de nouvelles concessions avec Golden Goose et Sunglass Hut, entre autres, portant son nombre total de marques partenaires à presque 500, tout en "conservant 100% de ses contrats avec ses 100 premiers partenaires directs au cours des trois dernières années".

La société a intégré toutes les marques du groupe New Guards sur sa plateforme, de Off-White à Marcelo Burlon County of Milan, "qui bénéficient désormais de la force de frappe de Farfetch et vendent directement leurs produits sur la plateforme, dans le cadre d'une concession". De plus, elle a élargi son réseau de boutiques à plus de 700 détaillants, ce qui porte à plus de 1 200 le nombre total de ses partenaires directs, marques et détaillants confondus.

En ce qui concerne ses prévisions pour le trimestre en cours, Farfetch compte sur une croissance de 30% à 35% de la valeur brute des marchandises distribuées via sa plateforme, et prévoit une perte ajustée avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement comprise entre 21 et 31 millions de dollars (entre 19 et 28 millions d'euros).

L'entreprise n'a pas précisé à quel moment elle comptait renouer avec la rentabilité. Mais comme on l'a mentionné plus haut, jeudi, les investisseurs n'avaient pas l'air de s'en soucier outre mesure. 

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