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30 sept. 2020
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Fourrure de vison : la filière française s’élève contre l’interdiction de l'élevage

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30 sept. 2020

Mardi 29 septembre, la ministre de la Transition Ecologique Barbara Pompili a annoncé la fin des élevages de visons pour leur fourrure en France d’ici cinq ans. La Fédération Française de la Fourrure indique de son côté qu’elle utilisera toutes les voies de recours pour s’opposer à cette décision, qu'elle estime inconstitutionnelle.


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“Notre époque accepte de moins en moins que des animaux sauvages soient élevés dans le seul but d’être abattus uniquement pour être portés en vêtement” a expliqué mardi la Ministre. “J’ai échangé avec les représentants de la filière de la fourrure française et j’ai entendu leurs craintes sur l’impact économique d’une telle mesure. Nous allons être aux côtés des quatre éleveurs français concernés, afin d’accompagner ce mouvement qui s’inscrit dans une tendance forte à la réduction de ces élevages depuis plusieurs décennies”.

La France compterait en effet quatre sociétés spécialisées dans l’élevage de vison d’Amérique, cumulant quelque 10.000 bêtes. Le cas des fourrures de lapin n'a pour l'heure pas été évoqué car, lié au marché de l'alimentation, il repose dans le périmètre du ministère de l'Agriculture, qui prévoit cependant d'évoquer le dossier via le projet de loi sur le souffrance animale attendu le 8 octobre. Pour le porte-parole de la filière française de la fourrure Pierre-Philippe Frieh, au-delà des élevages de visons ciblés, c’est toute une filière générant directement et indirectement 2.500 emplois qui est visée. Avec, selon lui, le risque d'entraîner des délocalisations importantes. 

“Pour la première fois en France, un secteur d’activité est sacrifié pour complaire à un groupe militant” estime le responsable. “Au cours de ses échanges avec moi, la ministre a indiqué reconnaître que les élevages respectaient la réglementation en matière de bientraitance animale. C’est donc une décision de principe contre l’élevage et on voit mal comment d’autres filières (foie gras, volailles, puis ovins, porcs, bovins) ne seraient pas visées à terme. La Fédération française de la fourrure souligne que si la liberté d’entreprendre fait partie du bloc de constitutionnalité, ce n’est pas le cas de la condition animale. Le texte fondamental, à ce stade, privilégie la défense des activités humaines sur les revendications animalistes”. 


Barbara Pompili - Shutterstock


Les acteurs du secteur ont d’ores-et-déjà lancé un appel aux députés afin que le Conseil Constitutionnel soit saisi sur cette question. Et tentent de mobiliser au passage d’autres filières liées aux animaux, insistant sur l’impact qu’aurait une décision rendant l’exploitation animale anti-constitutionnelle. Face à une “rupture civilisationnelle” que marque l’annonce du gouvernement, les professionnels évoquent par ailleurs la menace d’une question prioritaire de constitutionnalité. Une QPC qui ne pourra, par définition, être initialement formulée que lors d’un procès. Et devra ensuite recevoir le feu vert du Conseil d’Etat ou de la cour de Cassation avant d’aboutir devant les sages.

La bataille sera également portée par les professionnels de la fourrure devant les parlementaires eux-mêmes. “Compte-tenu de l’adhésion du ministère aux allégations animalistes (le vison serait un animal sauvage, faux ; un animal semi-aquatique, faux encore) et son refus de prendre appui sur la littérature scientifique et la recherche vétérinaire, nous demandons à être entendus dans une audition pour rétablir la vérité”, indique Pierre-Philippe Frieh. “Cette décision publique sans fondement rationnel est un nouveau signal négatif pour l’élevage, l’agriculture, les acteurs de la ruralité et des sports et loisirs avec les animaux”.


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La production de fourrure se voit progressivement rejetée des pays d’Europe, de la Grande-Bretagne à l’Allemagne, en passant par l’Autriche, la République Tchèque et la Norvège. Le phénomène se trouve accéléré ces derniers mois par la crise du Covid-19. Soupçonnés de contribuer à la propagation, 500.000 visons ont été abattus au printemps aux Pays-Bas, le quatrième producteur mondial du secteur.

Mais ce rejet de la fourrure se traduit aussi chez les marques et distributeurs eux-mêmes : Jean-Paul Gaultier, Prada, Canada Goose, SMCP, Macy’s, Farfetch et bien d’autres ont dernièrement annoncé y renoncer dans leurs collections et ventes. 

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