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8 juin 2020
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Imaginer une mode durable et locale : le nouveau challenge du comité "Mode et luxe"

Publié le
8 juin 2020

Un couac et des espoirs. La production par les acteurs de l'industrie textile française de masques destinés au marché français a, durant le confinement, servi de moteur aux forces vives du secteur. Cette mobilisation rapide a aussi mis en lumière la capacité d'organisation et le savoir-faire existant sur les territoires, avec la création et l'activité efficace de la plateforme dans laquelle s'est notamment pleinement investi Guillaume Gibault, patron du Slip Français.


Les ateliers français du textile et du luxe ont produit des masques durant le confinement - David Gallard/LV


Ces derniers jours, il ressort cependant qu'une part des masques en tissu à filtration garantis produits en France, n'a pas trouvé de débouchés et que les importations ayant repris, les entreprises françaises optent pour des produits importés. Un contexte délicat, auquel le ministère de l'Économie et des Finances tente de trouver une solution en confiant une mission à Yves Dubief et Guillaume Gibault, dans le cadre du groupement "Savoir-faire ensemble".

Au delà de cet impair, l'activité des industriels du textile et la capacité de cohésion de la filière ont suscité l'intérêt par rapport à un renforcement des activités du made in France. Ce 8 juin,
Brune Poirson,secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, ont ainsi confié une mission à Guillaume de Seynes, président du Comité stratégique de filière Mode et Luxe, pour travailler à la consolidation de la production textile française.


Guillaume De Seynes - CSF


"En quelques semaines, la filière textile française a réussi à mobiliser et à réorienter son appareil productif sur notre territoire afin de fournir aux Français des masques textiles durables à filtration garantis en quantités suffisantes. Cet effort impressionnant doit être salué, estime la secrétaire d'Etat, Agnès Pannier-Runachier. Il doit maintenant s’inscrire dans la durée et être soutenu pour permettre plus largement des relocalisations en France qui concernent tant le luxe que des productions pour le grand public. C’est le cap que nous avons fixé aux deux missions lancées aujourd’hui : valoriser et développer une filière textile française innovante qui saura concilier économie et écologie, et créer de l’emploi durable sur les territoires."

Pour mener à bien ces travaux, la mission réunira des experts et des acteurs du collectif "Savoir-Faire ensemble", qu'ils soient du luxe ou de la confection, mais aussi des représentants de la distribution afin de tenter d'identifier les potentiels du secteur.

"Il nous appartient de capitaliser sur cette énergie collective et imaginer des nouveaux modèles, leviers de relocalisation durable, précise Guillaume de Seynes au terme de la réunion organisée par Bercy.  La mode toujours se réinvente. C’est en s’attachant à ce qu’elle soit durable, innovante et transparente que nous pourrons renforcer notre compétitivité, participer à la relocalisation industrielle et créer des emplois."

Imaginer des relocalisations



Concrètement, si les grands acteurs du luxe renforcent leur présence sur le territoire hexagonal en inaugurant régulièrement des ateliers, en particulier pour leur offre de maroquinerie, l'industrie de l'habillement peine à redynamiser la confection française. La mission initiée ce 8 juin va articuler son travail autour de trois axes.

La crise liée à la pandémie de Covid-19 a mis en exergue, la problématique pour plusieurs acteurs de l'habillement de diversifier voire de rapprocher leur sourcing. Le premier axe de la mission consistera donc en l'étude du potentiel de relocalisation d'activités grâce à des savoir-faire présents sur le territoire. Une relocalisation pour le secteur Mode et luxe mais qui pourrait être aussi, à l'instar de ce qu'il s'est passé avec les masques, pour des produits grands publics.

Le second point, qui peut apparaître encore plus ambitieux mais qui relève de la création d'un nouvel avantage stratégique, concerne "l'étude des modalités de mise en œuvre de modèles de production intégrés, innovants et durables - basés sur les notions d’écoconception, de recyclage, de réincorporation de matière recyclée, de réemploi ou encore de production à la demande". Certains acteurs français avancent déjà sur ce chemin. Fédérer les énergies sur ces thèmes pourrait faire germer un potentiel fort pour les acteurs français.

Enfin, le troisième axe de la mission concerne la valorisation des initiatives du secteur et la mise en place d'outils et de mécanismes permettant de mieux informer le consommateur final, notamment sur les actions durables réalisées par l'industrie française.

Dans une économie qui apprend à redémarrer après les confinements, l'industrie textile française pense avoir des atouts à faire valoir. Cette mission aura la lourde tache de bien planifier comment jouer ces cartes.

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