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Italie : la mode lance un appel au gouvernement

Publié le
7 sept. 2018

En pleine reprise, la mode italienne espère bénéficier encore du soutien des pouvoirs publics. Avec l’arrivée du nouveau gouvernement piloté par la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles, beaucoup se demandent si l’aide au made in Italy continuera d’être une priorité. « L’ensemble de notre secteur a retrouvé son niveau d’avant la crise financière avec un chiffre d’affaires 2018 estimé à 90 milliards d’euros, soit comme 2008. Cela a été possible aussi et surtout grâce au soutien du gouvernement. Si ce dernier ne devait plus nous accorder la même attention, ce serait dévastateur pour notre industrie », met en garde le président de la Chambre de la mode italienne (CNMI), Carlo Capasa.


Carlo Capasa - FashionNetwork.com ph Dominique Muret


« J’espère que ce gouvernement restera cohérent et portera une juste attention à la mode, véritable locomotive pour l’économie du pays, qui a prouvé sa grande vitalité ces dernières années. Face à la crise, nos entreprises ont su réagir en se restructurant profondément et en misant sur l’innovation. Ce serait vraiment une folie d’ignorer la deuxième industrie italienne », fustige encore le président de la Camera della Moda, à l’occasion de la présentation du calendrier de la Fashion Week de Milan, qui se tiendra du 18 au 24 septembre prochains avec 60 défilés, 80 présentations et 44 événements.

« L’aide du gouvernement est essentielle, d’autant plus que notre secteur est composé principalement de PME. Or, les statistiques sont parfois trompeuses, tendant à faire croire que la mode n’a pas besoin d’aide car tout va bien », renchérit son prédécesseur, aujourd’hui président honoraire de la Chambre de la Mode, Mario Boselli. « Si les grands groupes de luxe ont le vent en poupe, ce n’est pas toujours le cas des réalités les plus petites. Lorsque nos PME vont à l’étranger, elles rencontrent des difficultés. Pas facile non plus pour elles de faire venir les acheteurs à Milan. D’où l’importance de ces aides. Mais nous restons confiants », poursuit-il.

Comme le souligne Carlo Capasa, « les 50 premières entreprises italiennes de la mode réalisent 40 % du chiffre d’affaires total ». Or la filière est composée de plus de 67 000 entreprises employant près de 620 000 personnes. Si l’on compte tout le système mode italien avec également les secteurs de la lunetterie, de la cosmétique et de la joaillerie, le chiffre d’affaires total devrait atteindre 89,7 milliards d’euros en 2018, avec une hausse de 2,8 %.

Pour le seul secteur du textile-habillement, le chiffres d’affaires pour 2018 est attendu à 66,7 milliards d’euros, avec une croissance de 3 %, les ventes ayant particulièrement accéléré au deuxième trimestre. Toujours selon les estimations de la CNMI, les exportations devraient progresser de 4,3 %, à 52,24 milliards d’euros, avec un excédent de la balance commerciale de 18,7 milliards d’euros.

« Le nouveau gouvernement est entré en fonction en juin. Laissons-lui un peu de temps. Pour ma part, je suis optimiste. Je suis sûr qu’il comprendra la valeur de notre secteur et qu’il le soutiendra de manière adéquate », conclut Massimiliano Bizzi, le fondateur du salon de recherche White Milano, dont la prochaine session se tiendra pendant la Fashion Week avec de nombreux événements.

Pour rappel, les pouvoirs publics ont octroyé ces trois dernières années, entre 2016 et 2018, une aide extraordinaire de 520 millions d’euros à l’ensemble du made in Italy, dont 135 millions ont été destinés au seul secteur de la mode, à travers des financements vers les principaux salons et événements, tels le Pitti Uomo ou la Fashion Week de Milan, pour promouvoir le système dans son ensemble.
 
Avec le changement de gouvernement, une nouvelle stratégie va sans doute être mise en place. Une première rencontre est prévue en septembre entre les instances de la mode transalpine et leur nouvel interlocuteur, le sous-secrétaire du ministère du Développement économique Michele Geraci. A noter que l’exécutif transalpin doit dévoiler d’ici à la fin du mois ses objectifs de croissance et de budget. Budget qui doit être adopté à la fin de l’année.

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