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L'UE exhorte la Chine à des concessions pour boucler l'accord sur les investissements

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15 sept. 2020

L'UE a exhorté lundi la Chine à ouvrir davantage son marché aux entreprises européennes si elle veut parvenir à un accord bilatéral sur les investissements avant fin 2020, tout en exprimant ses préoccupations sur Hong Kong et le sort de la minorité musulmane ouïghoure.


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Lors d'une visioconférence lundi avec le président chinois Xi Jinping, les chefs de l'UE ont demandé l'envoi d'«observateurs indépendants» dans la province du Xinjiang, où Pékin est accusé d'orchestrer l'internement à grande échelle des Ouïghours.

Considérant la Chine à la fois comme partenaire incontournable et comme «rival stratégique», l'UE assure vouloir «coopérer» tout en défendant ses intérêts et ses valeurs. Au coeur de ses pourparlers actuels avec Pékin, un ambitieux accord sur les investissements, en négociation depuis sept ans.

Sera-t-il signé d'ici décembre? «Il y a encore beaucoup à faire», a reconnu devant la presse la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après la réunion virtuelle, à laquelle participaient également la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Charles Michel (représentant les 27 de l'UE).

«Nous prenons très au sérieux le fait d'avoir accès au marché chinois et de faire tomber les barrières (...) C'est à la Chine de nous convaincre que cela vaut le coup de conclure un accord», a-t-elle martelé.

Cet accord sur les investissements doit permettre, d'après les Européens, de voir leurs entreprises traitées de la même manière en Chine que les entreprises chinoises sont traitées dans l'Union. Les 27 exigent un meilleur respect de la propriété intellectuelle, la fin des transferts de technologie imposés aux firmes étrangères en Chine et des subventions excessives aux entreprises publiques chinoises.

Initialement, l'Allemagne, qui a la présidence de l'UE pour six mois, escomptait voir cet accord conclu lors d'un sommet à Leipzig (est) en septembre réunissant les 27 pays de l'UE et la Chine. Mais le coronavirus est passé par là, le sommet s'est transformé en visioconférence en format réduit et la date pour une conclusion espérée de l'accord a été repoussée à la fin de l'année.

Pour l'UE, la balle est désormais dans le camp de la Chine: tout en reconnaissant que des progrès avaient été réalisés depuis juin, Mme von der Leyen a jugé que la Chine devait faire plus, par exemple «dans le secteur des télécoms, ainsi que dans celui de l'automobile» en termes d'ouverture du marché.

«L'Europe doit être un acteur, pas un terrain de jeu» pour les firmes chinoises, a observé Charles Michel.

Signal positif cependant: l'UE a annoncé lundi avoir signé, après feu vert des 27, l'accord passé fin 2019 avec la Chine visant à défendre 100 indications géographiques protégées (IGP) européennes et autant d'appellations chinoises.

 «Sérieuses inquiétudes»



Autre dossier sur la table, le climat: alors que l'UE se donne un objectif de neutralité carbone pour 2050, les Européens veulent pousser Pékin à muscler ses ambitions en visant une neutralité carbone en 2060, un pic d'émissions de CO2 dès 2025 et en cessant la construction de centrales à charbon.

«La Chine est un partenaire clé pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. L'UE met la barre haut et compte sur la Chine pour faire de même», a commenté M. Michel.

Alors que cette réunion intervient sur fond de guerre commerciale et diplomatique croissante entre Pékin et Washington, l'UE cherche à trouver l'équilibre, en faisant avancer ses intérêts économiques tout en affirmant ses positions sur les droits humains.

«Nous réitérons nos préoccupations sur le traitement par la Chine des minorités au Xinjiang et au Tibet, ainsi que sur le sort réservé aux défenseurs des droits de l'Homme et des journalistes (...) l'un des points importants aujourd'hui est la proposition de mener des visites» d'observateurs dans les régions concernées, a insisté Charles Michel.

Les Etats-Unis quant à eux ont adopté des sanctions ciblées contre des dirigeants politiques, entités et entreprises impliqués au Xinjiang.

Par ailleurs, les Européens ont exprimé à Xi leurs préoccupations persistantes sur Hong Kong, où l'application d'une nouvelle loi sécuritaire constitue selon eux une attaque contre les libertés du territoire semi-autonome. Les 27 avaient déjà décidé de limiter les exportations d'équipements utilisables pour la surveillance et la répression à Hong Kong.

Cette loi «continue d'alimenter de sérieuses inquiétudes (...) Les voix démocratiques à Hong Kong doivent être entendues, les droits protégés et l'autonomie préservée», a martelé M. Michel.

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