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La Redoute: la CFDT signe l'accord sur le plan social pour éviter le "dépôt de bilan"

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24 mars 2014

WATTRELOS, 24 mars 2014 (AFP) - La CFDT, premier syndicat à La Redoute, a finalement signé lundi soir le protocole d'accord de la direction sur le plan social, malgré l'opposition de nombreux salariés, pour sauver l'entreprise du "dépôt de bilan".

Le ralliement de la CFDT à la CFE-CGC, elle aussi signataire, a permis un accord majoritaire et valide de fait le plan de cession de l'ancien fleuron de la vente à distance à ses actuels dirigeants, qui prévoit 1.178 suppressions d'emplois.

"Nous avons les éléments qui nous permettent ce soir de signer le protocole d'accord", a déclaré à la presse Jean-Claude Blanquart, délégué syndical central CFDT, lors d'une conférence de presse lundi dans les locaux de l'union régionale CFDT à Lille.


"Nous sommes dans une problématique de dépôt de bilan, c'est la décision de la raison. (...) Je suis conscient que la décision qui a été prise est difficile, qu'on aura certainement beaucoup de salariés mécontents", a déclaré Jean-Claude Blanquart.

"Il faut savoir prendre ses responsabilités", a-t-il ajouté, alors que la base de la CFDT restait opposée à toute signature. "On ne peut pas rayer d'un coup de crayon une entreprise comme La Redoute de la carte".

Dans un communiqué saluant "une étape importante pour assurer l'avenir de La Redoute et poursuivre sa transformation", la direction a indiqué que la CFDT a paraphé l'accord "peu avant 19H" lundi soir, après la CFE-CGC jeudi dernier.

L'actionnaire Kering (ex-PPR) a engagé la cession de La Redoute à Nathalie Balla et Eric Courteille, respectivement PDG de La Redoute et secrétaire général de sa maison mère Redcats, pour se recentrer sur le luxe. Ces derniers ont annoncé le 9 janvier la suppression de 1.178 sur les 3.437 postes de La Redoute.

Kering avait subordonné l'avenir de La Redoute à la signature majoritaire, par les syndicats, d'un protocole d'accord sur les mesures sociales accompagnant le plan de modernisation des futurs repreneurs. Sans signature, il menaçait d'arrêter de financer les pertes de La Redoute, et Nathalie Balla et Eric Courteille de retirer leur offre.

Après plusieurs reports, la direction avait fixé un nouvel ultimatum à lundi 19h00, faisant planer la menace d'un dépôt de bilan.

Un document envoyé ce week-end par l'administrateur judiciaire "a prouvé qu'on pouvait aller au dépôt de bilan", a expliqué Jean-Claude Blanquart.

- 'On tombera tous dans la misère' -

La section CFDT de La Redoute a voté dans la matinée la signature du protocole d'accord, "un crève-coeur" selon le délégué, après avoir obtenu des garanties sur la fiducie mise en place pour les salariés et reporté à plus tard les discussions sur une nouvelle organisation du travail.

"C'est l'incompréhension la plus totale", a réagi Fabrice Peeters, délégué CGT, rappelant que jeudi encore, 500 à 700 salariés avaient manifesté à Wattrelos contre la signature.

La CGT et Sud jugeaient le protocole d'accord insuffisant, demandant notamment 40.000 euros de plancher pour les indemnités de départs volontaires, contre 20.000 proposés par la direction.

La cession sera effective "après recueil de l'avis du comité d'entreprise", a indiqué la direction, rappelant que Kering versera alors 315 millions d'euros aux futurs repreneurs pour moderniser les plateformes logistique et informatique de La Redoute.

Les salariés se sont profondément divisés ces derniers jours, entre partisans du protocole d'accord, rassemblés dans le collectif "Signez pour la Redoute", et détracteurs.

Jean-Claude Blanquart a déclaré avoir reçu des menaces de mort et s'être fait vandaliser sa voiture.

Lundi midi, "plusieurs centaines" de salariés rassemblés en assemblée générale sur le site industriel de la Martinoire, à Wattrelos, ont à nouveau voté à main levée contre l'accord "en l'état", selon la CGT.

"20.000 euros c'est une misère", se désolait Catherine, salariée depuis 40 ans. "On tombera tous dans la misère" si l'accord est signé, avançait-elle.

Devant la Martinoire, des salariés ont pris à partie Jean-Claude Blanquart: "Eh Blanquart! Ce matin c'était non à l'unanimité!"

Si la CFDT vote l'accord, "j'espère que (Jean-Claude Blanquart) court vite", a lâché, en colère, Karim.

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