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14 oct. 2021
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La Fabrique Nomade veut créer un atelier d'insertion pour former 20 couturiers par an

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14 oct. 2021

Nouvelle étape majeure pour la Fabrique Nomade. Ce 14 octobre, la structure met en avant son travail d'insertion des artisans d'art réfugiés et migrants avec un événement autour de la collaboration avec Agnès B. et le Slip français.


DR


Cette collection constituée de foulards et tabliers représente plus qu'un projet avec des marques renommées pour l'équipe de l'association parisienne. C'est aussi une preuve par l'exemple que son approche répond à un besoin de l'industrie textile française.

"Jusque-là nous réalisions des petites quantités de 10 à 30 pièces pour les collections imaginées avec des créateurs. Cette fois, cela constitue plus de 3.400 pièces au total, explique Inès Mesmar, la fondatrice de la Fabrique Nomade. Cela signifie qu'il a fallu mettre en place une organisation et démontrer que nous étions capable de réaliser cela". Un challenge qui valide la montée en puissance de la structure.


Ghaïta Tauche-Luthi pour La Fabrique Nomade


Depuis 2016, la Fabrique Nomade, en lien avec les structures d'accueil et d'accompagnement des migrants et des réfugiés d'Île-de-France, permet à des personnes qui étaient bijoutiers, marqueteurs, brodeurs ou couturiers dans leur pays d'origine de renouer avec l'artisanat.

L'atelier situé au 1 bis Viaduc des arts, dans le XIIème arrondissement de Paris, peut ainsi accompagner une dizaine de personnes par an. "Depuis le lancement, nous avons accompagné plus de 50 personnes sur 20 savoir-faire et 28 nationalités, explique Inès Mesmar, toujours à la tête de l'association qui compte aujourd'hui huit salariés. L'accompagnement intègre aussi des cours de français, une découverte de l'environnement du secteur avec des échanges avec des professionnels et des visites d'ateliers ainsi que des techniques de recherche d'emploi. Au final, nous avons un taux d'insertion de 76%."

Preuve que s'il y a la possibilité de mettre à niveau les compétences de professionnels aguerris, le marché du travail répond présent. Car les besoins de main d'œuvre sont criants. L'occasion est donc trop belle de mettre en adéquation les besoins de l'industrie et les savoir-faire artisanaux souvent méconnus des migrants et réfugiés.

Pour le mois de mars prochain, la Fabrique Nomade entend passer de quatre personnes formées dans le textile à une vingtaine. "Sur les 80 profils qui nous sont présentés chaque année, plus de la moitié sont des couturiers avec au moins trois années d'expérience. Mais la plupart ont commencé de travailler à 14 ou 15 ans et ont donc au moins dix années dans leur métier. Le plus complexe est de pouvoir identifier les personnes qui possèdent ces compétences car bien souvent elles sont orientées vers l'industrie ou le bâtiment. Et à l'inverse nous avons de plus en plus d'entreprises qui nous contactent car elles souhaitent avoir un impact social dans leur activité. C'est pourquoi nous voulons créer cet atelier d'insertion textile."


La campagne de financement participatif engagée doit permettre d'aménager et équiper l'atelier d'insertion - Fabrique Nomade


Ainsi, si la formation aux métiers d'art restera sur l'avenue Daumesnil, ce nouvel atelier, qui est actuellement recherché sur Paris, proposera sur quelque 300 mètres carrés aux entreprises des prestations textiles. Si l'association dispose du soutien déjà validé de plusieurs fondations, elle initie aussi une campagne sur la plateforme de financement participatif Kiss Kiss Bank Bank, avec plusieurs dotations pour les contributeurs.

"Nous avons un premier palier à 15.000 euros à récolter jusqu'à mi-novembre, explique Inès Mesmar, et le dernier palier se situe à 115.000 euros. Ces montants vont nous permettre d'aménager les lieux, d'acheter le mobilier mais aussi le matériel pour pouvoir former chaque année 20 personnes."

L'atelier, conventionné par le ministère du Travail, va bien sûr réaliser des prestations, mais son statut lui confère avant tout un objectif d'insertion. Et les couturiers vont bénéficier de 1.200 heures d'accompagnement, dont 85% de pratique en atelier sur de la confection pour le prêt-à-porter comme pour le luxe, afin d'être le plus opérationnels possible.


Ghaïta Tauche-Luthi pour La FAbrique NOMADE



"Ce sont des personnes qui ont la passion de leur métier, mais souvent elles découvrent les manières de travailler, les machines et les process en cours en France. Nous avons mis sur pied une formation certifiante qui comporte 20 compétences à acquérir, explique la présidente de l'association. Il y a plusieurs niveaux techniques avec six mois pour évoluer et six mois de spécialisation. Et pour valider la formation, il faudra avoir acquis 80% des compétences. C'est un véritable gage de confiance pour le secteur."

Pour être en capacité de déployer ce projet, la structure, qui comptait déjà une responsable de production, a recruté une responsable technique. Et l'association réfléchit aussi à des solutions pour faciliter l'accès à l'emploi une fois les formations certifiantes délivrées. "Il y a des besoins en région parisienne, mais pas seulement, explique Inès Mesmar. Nous sommes en train d'identifier des solutions dans les bassins de production textile avec les entreprises mais aussi avec France Terre d'Asile, qui possède une expertise sur ces sujets".

Le besoin est fort. L'Union des industries textiles revendique ainsi proposer 3.000 postes chaque année. Le défi de la Fabrique nomade pourrait s'il s'avère gagnant, répondre, à sa mesure, à ce besoin de main d'œuvre. Mais aussi, pourquoi pas, inspirer des initiatives similaires dans d'autres secteurs en tension.



 

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