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16 févr. 2021
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La marque Owantshoozi veut allier upcycling et créativité

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AFP-Relaxnews
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16 févr. 2021

Casquettes, chapeaux, meubles, postes radio... Des créateurs mettent leur talent au service du recyclage, "l'upcycling", pour "créer du désirable avec de l'indésirable", certains sous l'œil intéressé des grandes marques de luxe.




Juana et Ddiddue Etcheberry, 35 et 37 ans, ont remporté le grand prix du jury accessoire de mode - doté d'un projet de collaboration avec Chanel- au 35e festival international de mode de Hyères en octobre grâce à des chapeaux fabriqués à base de pot de fleur et bassine en plastique, botte en caoutchouc et chambre à air.

Le frère et la soeur, anciens des beaux-arts qui ont un temps étudié à la chambre syndicale de la couture à Paris pour elle et à l'école supérieure des arts de Saint Luc en Belgique pour lui, ont également gagné le prix Hermès grâce à un bracelet.

"On crée du désirable avec de l'indésirable", s'amuse Ddiddue Etcheberry, dans leur atelier, installé dans l'ancienne boutique de leur grand-mère à Odiarp, petit village basque de 500 habitants.

C'est ici, depuis deux ans, que le duo à la tête de la marque Owantshoozi (équivalent basque de l'onomatopée "wahou"), dessine, crée et vend ses casquettes (entre 70 et 150 euros) fabriquées uniquement à base de matériaux récupérés dans un rayon de 50km.

"Ce projet ne peut être fait qu'ici. On serait sur la côte, on aurait peut-être fait des casquettes en combinaison de surf", juge Diddue Etcheberry. "C'était un challenge de devoir porter des déchets sur la tête", "on porte les déchets haut", assume-t-il.

"On a un héritage de rénovation. Nos parents rénovent (dans le bâtiment). On a été baignés la-dedans, toute chose peut être détournée, peut resservir", explique Juana Etcheberry.

Et d'ailleurs, "nous aussi on fait de la rénovation, pourquoi on n'aurait pas la TVA à 5,5% ?", propose-t-elle.

'L''esthétisme: un rôle essentiel'



En attendant, le frère et la soeur se réjouissent de "pouvoir travailler avec les artisans de la maison Chanel".

"On pourrait créer une nouvelle collection avec leurs techniques,leur savoir-faire et nos matériaux", espère la créatrice.

A 300km de là, à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, Thomas Betous, 53 ans, ancien skater qui en a gardé le look avec casquette sur la tête, chemise à carreaux, jeans et baskets, s'est lancé dans la fabrication de meubles, des enfilades, à partir de récupération.

Dans son petit atelier au fond du jardin, il crée depuis six ans, à partir de vieux lits et armoires, des enfilades (sorte de buffets bas) dans un style années 50 qu'il revend ensuite via instagram.

Pour lui non plus, le "upcycling" n'est pas nouveau. "Prendre des chose et les transformer j'ai toujours fait ça", assure-t-il, "je ne suis pas tombé dedans il y a trois mois quand on a dit +l'écodesign c'est la mode+".

"Ce que je fais c'est beau, c'est recherché, c'est calculé. Il n'y a rien d'anodin. La hauteur, la longueur, tout est calculé. J'accorde beaucoup d'attention à ce que ce soit un beau meuble, pas un meuble de recyclage juste fonctionnel", explique-t-il.

D'où le nom de sa marque "machinemoderne", jeux de mots avec la "chine" (brocante) et la période moderne qu'il affectionne dont Charlotte Perriand ou Florence Knoll, ses idoles.

Il vend ses meubles entre 150 et 400 euros à une clientèle allant "de l'ouvrier au cadre", "entre 20 et 45 ans", "des gens qui aiment les choses" à Paris, Marseille, Lyon, en Espagne ou en Belgique, dit-il assurant vouloir que ses meubles "restent accessibles".

"L'esthétisme joue un rôle essentiel", confirme Guillaume Alday créateur de la start-up Les Doyens qui, à Bordeaux, rénove des postes radio vintages en leur incorporant un émetteur bluetooth.

La rénovation "croise pas mal de valeurs: le vintage, la déco d'intérieur, les valeurs familiales, le sentimental et le côté éco-responsable", remarque-t-il.

"On espère que ce type d'objet vive encore cent ans grâce aux transformations", ajoute-t-il avec un sourire.

Environ 326 millions de tonnes de déchets ont été produits en 2017, selon des derniers chiffres de l'Ademe, soit 4,9 tonnes par habitant.
 

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