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17 oct. 2021
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Le Festival de Hyères 2021 consacre le Britannique Ifeanyi Okwuadi

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17 oct. 2021

La 36e édition du Festival international de mode et de photographie de Hyères s’est achevée dimanche 17 octobre avec la proclamation des résultats à la Villa Noailles devant un parvis bondé. Le concours de mode a mis en avant plus que jamais cette année la grande attention portée par les jeunes créateurs au développement durable avec des propositions et des démarches originales, qui ont été notamment récompensées. C’est le Britannique Ifeanyi Okwuadi, qui a remporté le grand prix du jury Première Vision, présidé par Louise Trotter, avec une collection masculine très recherchée.


Un look signé par le lauréat Ifeanyi Okwuadi - ph Etienne Tordoir/Catwalkpictures.com


Né il y a 27 ans à Londres d’une mère provenant de la Sierra Leone et d’un père nigérian, le créateur a séduit le jury avec une collection sophistiquée relisant les codes du traditionnel vestiaire masculin, en y insérant des références à la mode enfantine, comme ces shorts courts, ce tricot dont le col en V est tressé aux crochets de fils scoubidou jaune et rose fluo, ou le recours à des petites voitures jouets en guise de broches. 

Pour développer sa collection, le designer s’est inspiré du camp féminin de Greenham Common dans le comté de Berkshire, en Angleterre, érigé en 1981 pour protester pacifiquement contre l’installation de missiles nucléaires. L’encolure des sweaters est ainsi élargie sur le devant rappelant le geste des forces de l’ordre tirant les manifestantes par leurs vêtements. Une veste présente des points de tricots serrés sur le devant, reprenant la trame des barrières, alors qu’à l’intérieur, c’est un tissage plus doux et protecteur qui est utilisé.

Ses tenues sont toutes très travaillées sur le devant, laissant apparaître dans le dos juste la doublure et la structure interne du vêtement. "Je veux qu’on voit les coulisses de l’habit, les matières, les coutures, la qualité. C’est une question d’honnêteté", nous explique-t-il, en soulignant sa passion pour la recherche et la narration.

Passé par l’université Ravensbourne de Londres, le londonien a choisi de se former directement auprès des tailleurs de Savile Row, travaillant trois ans chez Cad and Dandy, avant de reprendre des études à Central Saint Martins pour un master en menswear. "Je suis focalisé sur le tailoring", indique le jeune homme, qui souhaite "faire entendre sa voix, porter son travail au public à travers sa propre marque, tout en travaillant pour une maison ".

Le grand prix du jury accessoires de mode, piloté cette année par Christian Louboutin, a récompensé Capucine Huguet (25 ans) pour son inventive collection de bijoux inspirée de l’urgence climatique. Partie avec des glaciologues en Arctique il y a deux ans, elle a réalisé une collection de bagues centrée sur la fonte des glaces, en s'inspirant par exemple des icebergs ou de la forme des flocons de neige.

Formée à la Haute Ecole de Joaillerie de Paris, elle a fait ses classes chez Cartier et Van Cleef & Arpels, tout en se spécialisant avec un master auprès de la Central Saint Martins School de Londres. Pour elle, les bijoux sont une manière d'exprimer sa propre personnalité et ils peuvent aussi représenter une valeur environnementale.


Une création de Capucine Huguet - ph Margaux Salarino Villa Noailles


Le prix Hermès des Accessoires de mode, promu par le sellier depuis l’an dernier, a été remis à Yann Tosser-Roussey (30 ans). Cet ingénieur passé par le Studio Berçot et de grandes maisons telle Kenzo, a lancé il y a un an sa marque Roussey, un intéressant projet de bijoux en 3D. C’est encore une passionnée de bijoux, la Japonaise Rayna Amuro, qui s’est adjugée le prix du public avec ses délicates créations en argent et osier.

Le festival, fondé et dirigé par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, a également récompensé dans la catégorie Mode Elina Silina (33 ans) avec le prix Chloé. La styliste, issue de Riga en Lettonie, s’est distinguée par ses expérimentations dans la maille avec des tenues réalisées au crochet reprenant les savoir-faire transmis par sa mère et sa grand-mère, tout en jouant sur la tension des nœuds et des différentes échelles, ou encore les mélanges de fils, pour réinventer une nouvelle manière de tricoter.

Le prix "le 19M" des Métiers d’Art introduit par Chanel en 2019, a été décerné au Thaïlandais Rukpong Raimaturapong (31 ans), qui a ébloui par son travail virtuose sur les couleurs et la soie. Formé à l’art visuel et au graphisme, le jeune homme avait laissé jusqu’ici de côté la mode, sa passion secrète. Il a débuté à Hyères avec panache.

Par ailleurs, pour la première fois cette année, le concours de mode a été doté d’une nouvelle récompense dédiée à la durabilité, le "prix de la collection écoresponsable Mercedes-Benz", octroyé à la Finlandaise Sofia Ilmonen (34 ans). Diplômée de l’université Aalto, à Helsinki, la designer a mis au point un concept de mode circulaire fabricant ses modèles, de longues robes romantiques, à partir de carrés de tissu (organza de soie ou popeline de coton), qui peuvent s’assembler et se décomposer selon les besoins.

Ourlés de galons boutonnières, les carrés peuvent en effet s'assembler entre eux grâce à de mini boutons. Equipés également de cordons et coulisses, ils consentent à la silhouette d’être plus ou moins resserrées selon les envies. Le tout peut être fabriqué directement par le client grâce à un patron et un mode d’emploi très précis.


La remise des prix à la Villa Noailles dimanche - ph Dominique Muret


Le prix du public–ville d’Hyères a été remis quant à lui à l’Helvète Adeline Rappaz, qui a fait forte impression avec sa collection exubérante à l’esprit punk-baroque, où les vêtements étaient entièrement conçus à partir de matériaux recyclés, chacun porteur d’une histoire.

Pour la partie photographie, le jury, présidé par Dominique Issermann, a décerné son grand prix à Emma Charrin & Olivier Muller et le prix American Vintage à Sergei Pavlov, qui s’est adjugé aussi le prix du public.

Cette 36e édition du Festival de Hyères a marqué un retour à la normale après un an et demi de pandémie. Même si la participation était plus réduite, le public tout comme les professionnels du secteur ont répondu présents, assistant en nombre aux différents événements organisés autour de la manifestation. En raison de grands travaux prévus à la Villa Noailles l’an prochain, le prochain festival se tiendra une fois de plus à la mi-octobre en 2022.
 

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