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Clémentine Martin
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20 sept. 2022
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Le Momad clôture une édition placée sous le signe de la reprise

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Clémentine Martin
Publié le
20 sept. 2022

Des hordes de visiteurs se pressaient dans les couloirs du Momad. Le salon de la mode, de la chaussure et de l’accessoire a eu lieu à Ifema, le centre des expositions de Madrid, du 16 au 18 septembre derniers. Et cette dernière édition était imprégnée d’une sensation d’optimisme et de reprise de l’activité après la dure époque de la pandémie. Passé à la loupe par ses organisateurs, le salon a joué la carte des synergies intersectorielles et a fait coïncider ses dates avec celles des foires Intergift, Bisutex et MadridJoya. Il a également déménagé à l’intérieur du parc des expositions : il occupait auparavant les pavillons 12 et 14, mais s’installe maintenant au n°8, plus petit. Dans cet espace réduit, ce sont 300 marques originaires de 18 pays qui ont exposé pendant trois jours, contre 175 lors de la dernière édition. Le dynamisme et la bonne humeur primaient, et l’organisation affirme même espérer un retour aux chiffres de 2019, quand le salon professionnel accueillait encore 15.000 visiteurs.


Extérieur d’Ifema, le parc des expositions - FNW


“Nous avons dû afficher complet. Nous ne pouvions plus faire rentrer personne“, assure Julia González avec un grand sourire. En charge des quatre salons professionnels précédemment cités, la directrice s’est entretenue avec FashionNetwork.com dimanche 18 septembre, à la clôture de l’événement. “Le Momad a dépassé toutes nos attentes. L’ambiance sur le salon était effervescente et tous les clients étaient enchantés. Nous avons beaucoup communiqué sur cette édition et cela a créé un effet d’appel entre les entreprises“, analyse la dirigeante. Mais la deuxième édition de l’année a aussi bénéficié de “la stabilisation progressive du secteur suite à la pandémie et au changement de mentalité des consommateurs, fatigués des grandes marques et à la recherche d’offres originales et uniques“.

La directrice commerciale de l’événement, Mercedes Ferrero, intervient : “Nous avons beaucoup soigné l’esthétique des salons. C’est un élément très important dans un secteur comme la mode. Nous avons aussi soigneusement sélectionné les marques proposées, en associant des maisons déjà connues, de jeunes talents et des digital natives“. D’après la direction, cette stratégie qualitative sera conservée pour les prochaines éditions des quatre salons.

“Il y a beaucoup de gens dans les couloirs et les visiteurs sont contents de revenir, on note une forte reprise“, affirme la griffe Martina K, qui a défilé pendant le Momad. C’est aussi le cas d’Aldin Mode Ibiza, du Centro Superior de Diseño de Moda et de labels comme Faride, Fuga et Alenia Brand. “C’est un format qui nous motive beaucoup et qui nous donne beaucoup plus de visibilité qu’un stand“, soulignent les représentants de Martina K, ravis de toucher une clientèle espagnole, portugaise et italienne.


Couloirs du pavillon 8 - Momad


Chez la firme madrilène Brave Soul, la Grecque bohème-chic Coocu Resorts et la griffe indienne Surkana, l’optimisme était aussi de mise. L’une des tendances fortes de cette édition repose sur le succès de la mode “croisière“, avec des pièces décontractées pour la plage et des couleurs vives et estivales que l’on retrouve chez Tartaruga, Mele Beach, Piti Cuiti ou Adlib, occupant le stand central.

“On constate une reprise du secteur, même si pour nous, le salon a été similaire à celui de février“, nous déclare-t-on chez Don Algodón. Pour sa part, la marque aurait préféré conserver les dates de début septembre plutôt que de retarder la tenue du Momad pour coïncider avec les autres salons. Mais avant de prendre cette décision, la direction de l’événement a réalisé un sondage auprès de ses exposants, qui s’est soldé par 85% de votes à faveur du changement de dates. Chez Isla Bonita, c’est un sentiment de stabilité qui prédomine : “Pour nous, cette édition s’est déroulée comme les précédentes, avec une forte présence des acheteurs espagnols“.

La marque italienne de bain Denisi Francesca participait pour la première fois au salon madrilène. Bonne surprise : le swimwear est plus populaire en Espagne que sur d’autres marchés. Cependant, les marques les plus connues attirent plus de clients. “Nous devons faire notre place petit à petit“, réfléchit la marque. “Pour cette première édition, nous avons surtout pris des contacts. Les acheteurs sont réticents à passer à l’acte dès la première rencontre, probablement parce que nos prix sont élevés“, analyse-t-elle.


Entrée du Momad - FNW


Chez la firme barcelonaise Souvenir, même son de cloche : le positionnement prix est déterminant. “Il y a beaucoup de gens qui visitent le salon, mais les marques moyen-haut de gamme ont du mal à conclure des accords“, se lamentent ses représentants. Selon eux, la plupart des visiteurs du Momad recherchent des produits accessibles. “Associer l’événement à MadridJoya et Bisutex ne nous apporte pas de retombées directes, parce que les clients sont complètement différents“, pointent-ils. D’après eux, il serait plus cohérent de tenter de s’allier avec la MBFW Madrid, qui a eu lieu parallèlement au même endroit le même week-end.

La chaussure et la mode durable, deux marchés en expansion



Encore peu représentées, les marques de chaussures possédaient tout de même certains des stands les plus visités: Alma en Pena, Exé, Daniela Shoes et Agot. De grands noms du secteur participaient aussi, comme Pons Quintana, Mascaró et Victoria. Les représentants de cette dernière assurent: “Notre impression est positive. Nous avons constaté un fort trafic et l’organisation en même temps que d’autres salons a bien fonctionné. Comme ce n’est pas un salon réservé à la chaussure, c’est une bonne idée de proposer un peu de tout. C’est ce que cherchent les gens en boutique.“

Comme lors des précédentes éditions, le couloir reliant Momad et MadridJoya accueillait Foro Imagen, l’espace dédié à l’organisation de conférences et de tables rondes. Sans surprise, la préservation de l’environnement fait couler de l’encre et de la salive. “On dirait que les gens sont en train de prendre vraiment conscience du problème. La slow fashion n’est plus une lubie réservée à quelques marques ; c’est en train de devenir un passage obligé pour tous“, présage Dora Casal, la directrice générale de la firme Roberto Verino.

Ángela Asensio, le président du groupement d’entreprises ModaEspaña, conclut: “La pandémie nous a obligés à accélérer la résolution de nombreux problèmes. Nous devons conserver cette attitude pour continuer à avancer dans la digitalisation et la préservation de l’environnement.“

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