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15 juin 2022
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Le Pitti Uomo 102 démarre sous de bons auspices

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15 juin 2022

Les indices étaient prometteurs: un beau programme, une sélection de plus de 600 marques qualitatives, italiennes et internationales, une météo estivale sous le ciel d’azur toscan. Sans oublier le dîner d'inauguration, organisé la veille par le Pitti Uomo dans le splendide Palazzo Strozzi avec 250 convives, présents pour la première fois depuis longtemps non masqués. Ce mardi, les attentes concernant cette 102ème édition de l’incontournable salon florentin, dédié aux collections masculines du printemps-été 2023, n’ont pas été déçues. Les visiteurs étaient au rendez-vous.




La forteresse da Basso, qui accueille la manifestation, a non seulement vu revenir les photographes streetstyle et les adeptes les plus pointus de la "sprezzatura" arpenter ses allées avec élégance, mais les agents et acheteurs internationaux étaient aussi présents en force. "Ils sont venus en nombre. J’en ai vu plusieurs dispersés dans tous les pavillons. Il y a une belle affluence", se réjouit le directeur général du salon, Agostino Poletto,
 
"Cela n’a rien à voir avec l’édition de janvier, glisse Edwin Battestini, de la marque de sneakers espagnole Mikakus. Dès ce matin nous avons vu des visiteurs internationaux. Il y a des multimarques italiens, des agents européens. C’est bien plus dynamique". "Nous avons des clients qui viennent mais aussi des visiteurs, qui ne travaillent pas encore avec nous, comme nous recherchons de nouveaux distributeurs et agents, le démarrage du salon est très bon", enchérit Bettina Fontana, fondatrice de la marque de chaussures italienne Off Play.

Pour autant, le salon n’a pas encore retrouvé l’envergure de ses années les plus dynamiques. Un certain nombre de halls occupés par le passé ne sont pas encore rouverts, et même si certaines marques comme AlphaTauri, North Sails, American Vintage, Ecoalf, Marc’o Polo ou Kiton présentent des stands très travaillés, la scénographie générale du salon autour de la thématique Pitti_Island était juste au regard des plus de 30°C que marquait le thermomètre, mais un peu élémentaire.
 
"C’est le salon de référence sur la mode haut de gamme, c’est incontournable. Mais nous qui visons à trouver des partenaires pour nous développer en Asie, malheureusement, les acteurs de ces marchés ne sont pas encore de retour", explique l'équipe de direction de la marque italienne Ama.
 
"Cette édition est un peu réduite par rapport aux sessions du passé, mais cela n’est pas pour me déplaire. Avant, lorsque le Pitti Uomo comptabilisait plus de 1.000 exposants, il y avait trop de confusion. Là, on peut se faire plus facilement une idée", observe Paolo Testoni, titulaire du multimarque Centro Moda Parma à Parme. En revanche, une exploration rapide en cette première journée lui a permis de constater que "toutes les marques ont augmenté leurs prix".

A cette tendance s’ajoute aussi la demande d’anticipation des commandes de la part des marques, qui n’est pas toujours bien reçue de la part de détaillants, encore frileux par rapport à une situation incertaine. "La saison a été certainement meilleure par rapport à l’an dernier. Les personnes ont envie de sortir, de fêter, de se réunir. Nous avons bénéficié d’une grande demande en termes de vêtements de cérémonie. D’un autre côté, avec la pénurie des matières premières et la hausse des prix, les marques prennent plus de temps pour nous livrer et exigent que l’on passe commandes avec une large avance", déplore Marco Inzerillo à la tête de la boutique pour homme palermitaine Michele Inzerillo.
 
"Pour nous garantir des livraisons correctes, les entreprises nous contraignent à acheter à l’aveugle entre mai et juin, au lieu de juillet et août habituellement. J’ai pratiquement déjà dépensé 50% de mon budget", poursuit-il. Autant dire une question majeure pour les exposants. Face aux incertitudes liées aux perspectives inflationnistes, et après un printemps compliqué en magasin en Europe, les multimarques seront-ils prêts à faire entrer de nouvelles propositions dans leurs rayons ?
 
Silvano Gherardi de l’enseigne Flanella d’Imola nuance. "Certes on ressent l’augmentation des prix, mais nous avons la chance de pouvoir compter sur les touristes, qui reviennent en force. Nos ennemis sont plutôt les grands groupes de mode, qui sont omniprésents et font de tout, sans plus trop de qualité créative. Nous préférons miser sur la recherche", lâche ce fidèle du Pitti Uomo avec 85 éditions à son actif.

Pour l’heure, l’ambiance dans la cité toscane est clairement à l’optimisme, avec un visitorat souriant et polyglotte, et fait souffler un vent de fraîcheur après plusieurs saisons atones. Reste à voir si cet optimisme se retranscrira jeudi soir, à l’heure de fermer les carnets de commandes.
 
 

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