Publié le
29 janv. 2020
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Le coronavirus atteint le commerce à Paris et dans les aéroports internationaux

Publié le
29 janv. 2020

Le flux de touristes chinois, les plus dépensiers, commence à se tarir à Paris, mettant en difficulté les professionnels spécialisés dans cette clientèle, depuis que Pékin a recommandé à ses ressortissants de reporter leurs voyages à l'étranger en raison de l'épidémie de pneumonie virale.


Le travel retail générerait environ 20 milliards d'euros en Europe chaque année. - Shutterstock


"Notre activité s'est subitement arrêtée, il y aura un manque à gagner énorme, alors que ce sont les vacances les plus longues pour les Chinois qui ont quinze jours pour voyager. D'ordinaire, nous les accueillons particulièrement bien à cette période, qui est la basse saison en Europe", explique à l'AFP Pierre Shi, président de l'Association chinoise des agences de voyages en France (Acav).

Les 50 agences regroupées au sein de l'Acav, qui font venir 150 000 touristes chinois par an en France et ailleurs en Europe, espèrent pouvoir "mettre leur personnel au chômage technique, car les voyages prévus au premier trimestre sont annulés. Nous avons déjà perdu un tiers de chiffre d'affaires", dit-il.

La Chine, engagée dans une bataille pour endiguer l'extension de l'épidémie de coronavirus, a recommandé mardi à ses ressortissants de reporter leurs voyages à l'étranger.

Un tiers des ventes du secteur du luxe



Or les Chinois génèrent aujourd'hui un tiers des ventes du secteur du luxe, contre moins de 10 % en 2003, au moment de l'épidémie de Sras, a rappelé mardi la banque UBS dans une note. Pour les professionnels spécialisés dans l'accueil de cette clientèle, l'impact a donc été immédiat.

C'est le cas pour le groupe Franchina, qui accueille 5 à 6 000 touristes par an, une clientèle familiale ou d'affaires habituée des hôtels cinq étoiles tels que le Shangri-La, le Péninsula ou le Mandarin, des boutiques de luxe et des griffes de prêt à porter de l'avenue Montaigne, artère de la mode chic à Paris.

"Ce mercredi, nous devions recevoir une délégation de six médecins mais ils ont annulé", relate à l'AFP son fondateur, Jean-François Zhou. "En Chine, tous les médecins sont mobilisés, ils sont sur le qui-vive pour pouvoir soulager leurs collègues débordés, partis au front dans la ville de Wuhan."

Pour d'autres, l'impact est en revanche faible. "A l'heure actuelle, je ne vois qu'un impact marginal" de la crise sanitaire sur le tourisme français, estime Georges Panayotis, président fondateur du cabinet d'études MKG Group, interrogé par l'AFP.

Le marché hôtelier parisien, fréquenté par la clientèle chinoise, est "en sous-capacité". Si celle-ci diminue, "d'autres prendront sa place", prédit-il. Et avec l'accélération de la circulation de l'information, les crises "ne durent pas longtemps" et "n'influencent pas les tendances de fonds", selon lui.

Le travel retail redoute la baisse de trafic dans les aéroports



Du côté des aéroports internationaux, l'inquiétude se fait aussi palpable. Si le cabinet GlobalData estimait récemment que les ventes mondiales dans les terminaux aériens devraient atteindre 48,2 milliards de dollars en 2020, en hausse de 6,1 % par rapport à 2019, la propagation du coronavirus pourrait avoir pour effet de revoir ces estimations à la baisse en raison d'un recul du nombre de passagers aériens, ce qui inquiète les exploitants et les détaillants d'aéroport.
 
Pour Honor Strachan, analyste chez GlobalData : "Les restrictions de voyage pour les Chinois auront un impact sur les performances du commerce de détail dans les aéroports du monde entier. Au cours des dernières années, les détaillants d'aéroport, en particulier ceux d'Europe, ont adapté leurs propositions, intégré des solutions de paiement chinoises et investi dans du personnel parlant le mandarin pour cibler les passagers de l'empire du Milieu."

En réponse à la crise, les détaillants envisagent de fermer des magasins, le China Duty Free Group ayant déjà procédé à la fermeture la semaine dernière de son centre commercial à Haitang Bay. De leurs côtés, la compagnie aérienne British Airways a suspendu tous ses vols directs vers la Chine continentale jusqu'au 31 janvier, tandis que United Airlines et Cathay Pacific Airways en ont annulé certains.

Honor Strachan ajoute que "l'Asie-Pacifique devrait être la région la plus performante pour les dépenses de détail dans les aéroports en 2020, avec des ventes en hausse de 8,4 % à 21,7 milliards de dollars (45,1% du total mondial). Bien que cette récente épidémie de coronavirus ne puisse pas encore être comparée à l'impact du Sras, si le coronavirus continue de se propager à l'échelle mondiale au cours de 2020, son impact sur le tourisme et les économies, en particulier dans la région APAC, pourrait être grave".

 
(La rédaction avec AFP)

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com