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Paul Kaplan
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17 mars 2022
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Le grand retour de McQueen à New York

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Paul Kaplan
Publié le
17 mars 2022

Mardi soir, Sarah Burton a rompu avec la tradition en présentant sa collection Alexander McQueen Automne-Hiver 2022 à New York.

"New York est une ville exaltante, créative, pas expéditive, mais rapide. Je tenais à ce qu'il y ait du rythme, de l'énergie et de la précision dans la coupe et les couleurs, pour donner de la vitalité et du caractère, mais aussi une vraie personnalité à la collection", expliquait Sarah Burton dans les coulisses du défilé, visiblement très influencée par la ville aux mille gratte-ciels.


Alexander McQueen — collection Automne-Hiver 2022 - Alexander McQueen


Pourtant, en entrant dans son décor à l'Agger Fish Building dans le Brooklyn Navy Yard, les monticules de mycélium et de paillis d'arbres empilés sur plus de 5 mètres de haut auraient pu suggérer une autre vision des choses: une approche plus écolo. La créatrice acquiesce: certes, les champignons sont d'actualité à l'ère du microdosage ; quant à la flore, elle symbolise les liens qui unissent une communauté, de la même manière que les arbres constituent une communauté solidaire et interconnectée.

Sarah Burton a puisé dans les thèmes chers à Alexander McQueen, en ajoutant une ambiance new-yorkaise du meilleur effet.

"Ces robes sont comme des individus. La famille McQueen rassemble des personnages, qui pourraient habiter à New York ou partout ailleurs, en fait ", a-t-elle expliqué.

Le défilé reprenait donc les grands classiques new-yorkais, du moins les concepts McQueen qui se sont imposés dans le centre de New York dans les années 1980. Des vêtements en cuir rappelant les variations sur le thème "motard" chères au designer, réimaginées sous la forme d'une combinaison à bretelles ou d'une veste cintrée à grandes basques. Ou encore un top bandeau en cuir et une robe à jupe ample, à la coupe impeccable.

Des robes en faille de soie, avec leurs bustiers signature, de nombreux volants et des jupes amples, rappellent l'époque où Madonna et Cyndi Lauper régnaient sur le centre-ville. Une robe argentée semblait faire allusion à l'époque de la Factory d'Andy Warhol. Une maille multicolore frangée et brodée dégageait une ambiance plus punk. Un imprimé graffiti associé à des fermetures éclair évoquait Stephen Sprouse.


Alexander McQueen — collection Automne-Hiver 2022 - Alexander McQueen


"C'était un clin d'œil à la robe que Shalom Harlow portait lors du show "No. 13", confie Sarah Burton, faisant référence à la robe blanche peinte à la bombe par des robots lors de ce défilé emblématique. "C'était l'ombre d'une personne en mouvement dans le studio poussée jusqu'à l'abstraction. Comme les robes en dentelle laquée qui rappellent les premières collections de Lee. Ces personnages, l'ancien et le nouveau, coexistent ensemble."

Le bouillonnement de la ville transparaît dans la précision des pièces tailleur, qui s'inscrit également dans le contexte de Wall Street — les coupes et quelques fentes astucieuseusement placées, les costumes à épaulettes à la David Byrne rappellent cette ère de pouvoir. Le jaune acide, le vert, le rouge vif, l'orange et le bleu sont autant de couleurs qui illustrent les vibrations de la ville.

"La palette de couleurs est née de l'observation d'une photo de champignons mycélium — qui sont d'actualité en ce moment, évidemment — mais ce que j'aime particulièrement, c'est la façon dont les arbres se parlent et guérissent, comme une communauté créative ultra collaborative. Mais en même temps, les champignons sont parfois toxiques", poursuit-elle.


Alexander McQueen — collection Automne-Hiver 2022 - Alexander McQueen


Aussi citadine que soit cette collection, le monde naturel n'est jamais loin dans l'œuvre de Sarah Burton. Celle-ci souligne d'ailleurs que 85% des laines britanniques de sa collection sont durables et que la faille et le nylon sont recyclés. Jusqu'à présent, la marque emploie toujours du cuir animal, mais expérimente en ce moment le cuir de champignon et d'autres cuirs durables. Une démarche qui correspond à la politique de sa société mère, le groupe Kering. Alexander McQueen indique que le paillis a été fabriqué à partir d'arbres morts, et que les monticules végétaux seront offerts à des agriculteurs et à des artistes.

Ce qui n'empêche pas les critiques de rappeler que les défilés organisés à l'étranger ne sont pas des plus écoresponsables. La décision de défiler à New York vient du lien fort que Sarah Burton et la marque entretiennent avec la capitale américaine de la mode.

"New York et l'Amérique représentent une part tellement importante de McQueen... C'est ici que nous avons présenté "Dante" (1996), "Eye" (1999) et "Savage Beauty" (2011). Cette ville fait partie de notre communauté créative — j'ai toujours aimé les New-Yorkais, c'est génial de venir ici et de faire honneur à cette tradition."

La ville peut également se vanter de compter un grand nombre de clientes fidèles. Nombre d'entre elles sont arrivées parées de robes bustiers à jupe ample à la soirée suivait le défilé au Boom Boom Room du Standard Hotel. Pour Sarah Burton, le fait de rencontrer sa clientèle américaine et de lui présenter la collection — une expérience privilégiée — a pesé dans sa décision de venir défiler à New York.

La créatrice espère bien vivre sa propre expérience avant de rentrer à Londres mercredi — une demande simple, à vrai dire : sortir dans la ville.

"La lumière à New York, c'est propre et net comme nulle part ailleurs. J'aimerais voir la lumière. Elle est magnifique ici."

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