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21 oct. 2004
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Le modélisme révise ses bases

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21 oct. 2004

Les clés du succès d’une collection de prêt-à-porter sont le style, bien sûr, mais aussi le bien aller. Chaque saison, les confectionneurs s’attellent à apprivoiser le confort au porté. Ils doivent maîtriser la matière, la fabrication et la conception. Seule la conjugaison harmonieuse de ces trois éléments permet de produire une collection qui convienne au plus grand nombre. En conception, les bureaux d’étude ont un rôle essentiel à jouer. En s’alliant davantage au style en amont, et surtout en proposant une méthode de modélisme qui garantisse le bien aller quel que soit le modèle, la taille, la matière et la mode. Or depuis 15 ans, l’arrivée de la CAO a changé le métier et certaines connaissances ont été perdues. En effet patronniers et modélistes ont eu tendance à confier aux logiciels le soin de s’assurer du respect des bases et de corriger les erreurs de conception. Des manches qui empêchent de lever les bras, un entrejambe trop serré… Les problèmes de confort se sont multipliés et sont pour la plupart inhérents à un patronnage incorrect. Soit le patron est mauvais (l’emmanchure trop basse, l’entrejambe pas assez profond…) soit la gradation est inadaptée (souvent dues à un mauvais positionnement des aisances). Selon Evelyne Tremblais, spécialiste BE à l’IFTH, “une seule solution : retrouver les bases (appelées aussi souches) pour reconstituer les volumes sur les patrons, tout en respectant les règles élémentaires.” Cas pratique chez Adolphe Lafont Depuis quelques années, Adolphe Lafont, fabricant de vêtements d’image et de travail, est confronté à une réclamation récurrente des clients : certains produits n’offrent pas le bien-aller attendu. Suite à une rotation de personnel et à des réorganisations et rachats successifs d’entreprises, les souches de certains modèles ont été transformées. “Les patrons ont pu être modifiés plusieurs fois, explique Marie Blanchard, chef de produits distribution. Et nous ne savions plus quel était le patron de base et pourquoi une coupe était conforme et l’autre non. Par ailleurs, nous ne savions plus interpréter la gradation, surtout pour les grandes tailles.”Il s’agissait pour les délistespatronnières d’Adolphe Lafont de renouer avec une méthode éprouvée de modélisme appliquée sur CAO. “Après une formation, elles travaillent aujourd’hui à plat, confie Victor Spazzola, consultant formateur à l’IFTH, et savent différencier une bonne souche d’une mauvaise”. Pour la coupe ou la gradation, elles s’appuient sur les règles de modélisme. “Les nouveaux produits ainsi créés après la remise à niveau de nos équipes correspondent à nos attentes en matière de confort, reprend Marie Blanchard. D’ici fin 2005, la majorité de nos références stock seront corrigées et les bonnes bases identifiées.” Des règles comme guide Tout le talent du modéliste réside dans sa capacité à interpréter le volume exprimé par le styliste. La démarche consiste à dessiner en 2D le modèle voulu, pour en extraire les différents éléments. Il est ainsi plus aisé de contrôler que les pièces correspondent parfaitement entre elles et que les proportions sont exactes. Si la CAO est un outil précieux pour le patronnage, l’ordinateur ne dispense pas pour autant de s’assurer que quelques règles soient respectées. Celles-ci permettent en effet d’éviter les erreurs de conception nuisant au bien aller : la répartition d’aisance, le respect des volumes et des points “d’accroches”, l’emplacement et l’ouverture des pinces, etc. Evelyne Tremblais confirme que cette démarche rigoureuse porte ses fruits, à condition que les bureaux d’étude révisent leurs méthodes de travail : “Chez Adolphe Lafont, une équipe pluridisciplinaire a travaillé pour la première fois autour d’une problématique produit pour “remettre à plat” toutes les procédures.” D’aucun diront que les règles imposées par le modélisme freinent la créativité. Le style en particulier ne se satisfait pas de se conformer à une norme. Comment créer de nouvelles lignes entre deux règles ? Chez une créatrice reconnue, on ne s’est pourtant pas arrêté à cette question. Après une révision totale de leurs bases, les modélistes de la marque reconnaissent que travailler à plat constitue un guide sur lequel ils peuvent s’appuyer. A quoi bon une coupe ultra tendance sur un pantalon dont la taille est trop large par rapport au tour de hanches ? Prochaine étape pour les bureaux d’études : revoir les barèmes de taille en fonction des résultats de la Campagne de Mensuration.

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