Modetrotter, placée en redressement judiciaire, veut rebondir en 2023

Auteur :

Sarah Ahssen

Publié le
20 janv. 2023

Le 3 janvier dernier, la marque de mode féminine Modetrotter a été placée en redressement judiciaire, une situation qui serait en partie liée à des prévisions de croissance 2022 un peu trop optimistes. "En 2021, nous avons réalisé une année incroyable avec une croissance de 80%. Nous avions donc anticipé une performance similaire pour 2022, mais l’année s’est clôturée au 31 décembre sur une croissance de 40%", explique Astrid de Lauzanne, la directrice générale de Modetrotter.

Si la dirigeante concède qu’il s’agit tout de même d’une belle croissance, Modetrotter, qui compte parmi ses actionnaires Dan Arrouas (groupe Vog), Thibaut Caillemer du Ferrage, le cofondateur d’Arlettie, ou l’investisseur privé Marina Plowiecki, avait engagé des dépenses pour soutenir une croissance deux fois plus importante, avance l'entreprise parisienne.

"Nous sommes en période d’observation pour six mois. Nous n’avons pas une dette très élevée, et un très beau carnet de commandes, et notre business plan a été validé par nos actionnaires, donc nous devrions sortir de cette situation rapidement", assure Astrid de Lauzanne précisant que la boutique Modetrotter du 52, rue Montmartre, dans le IIe arrondissement parisien, ouvrira dans les prochaines semaines, les travaux touchant à leur fin.

Contacté par mail, l'administrateur judiciaire n'a pas répondu à nos questions. En outre, Solelune, la société derrière la marque Modetrotter, ne rend pas public ses comptes annuels. Son dernier chiffre d'affaires communiqué remonte à 2018 et se montait à 806.000 euros.

Lancée en 2008 par Marie Couroy (toujours actionnaire majoritaire) comme multimarque, puis devenue marque à part entière en 2016, Modetrotter qui dit avoir conclu l’année 2022 sur un volume d’affaires de 5 millions d’euros (mais son chiffre d'affaires n'est pas précisé, ndlr), réalise 70% de ses ventes via son e-shop et compte une soixantaine de revendeurs. La marque espère lever des fonds en 2023 aux côtés de ses partenaires historiques ou de nouveaux entrants.

Comme beaucoup de marques premium, Modetrotter a été impactée par une baisse de la consommation, ou plutôt "à des consommatrices qui réfléchissent plus leurs achats", précise Astrid de Lauzanne. L’inflation et les incertitudes économiques et géopolitiques persistantes ont également constitué une zone de turbulences.

D'autres facteurs se seraient, selon Astrid de Lauzanne, ajoutés aux difficultés: "Certains de nos concurrents ont mené très tôt dans l’année une politique off price (à prix réduit). Par ailleurs, pour nous qui sommes une marque digitale, les coûts d’acquisition de clients sur les réseaux sociaux sont devenus très élevés alors que les algorithmes sont devenus très instables. Résultat: il est désormais très difficile de piloter des campagnes d’acquisition."