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14 oct. 2021
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Ouïghours: la justice américaine rejette le recours d'un industriel blacklisté

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14 oct. 2021

Fournisseur de marques comme Nike, Tommy Hilfiger ou Patagonia, le fabricant d'habillement hongkongais Esquel avait cet été attaqué en justice le gouvernement américain. En cause: la mise sur liste noire de son fournisseur, Changji Esquel Textile Co, soupçonné de tiré parti du travail forcé des Ouïghours. Dans cette affaire suivie de près en Chine, l'affaire pouvant faire jurisprudence, le juge en charge a rejeté l'injonction préliminaire, et laissé peu de chance à une victoire en appel.


Des chemises Pye, marque propre du groupe Esquel - Pye



L'affaire Esquel est particulièrement suivie par la presse chinoise, le groupe étant notamment l'un des leaders mondiaux de la production de chemises, avec un chiffre d'affaires avoisinant les 1,10 milliard d'euros (10 milliards de yans) sur l'année 2019. A l'été 2020, Washington avait placé son filateur Changji Esquel Textile Co parmi les 11 structures soupçonnées d'être liées directement à l'exploitation des Ouïghours dans la région du Xinjiang.

Le juge Reggie Walton du district de Washington a décidé de rejeter le recours. Il estime dans son jugement qu'Esquel n'a pas su démontrer que le ministère américain du Commerce a, dans cette affaire, outrepassé ses prérogatives légales. Une décision face à laquelle le groupe hongkongais a indiqué vouloir faire appel.

Le groupe avait engagé des poursuites contre l'exécutif américain afin de faire sortir la structure de la liste noire. Et en mettant en avant le manque à gagner occasionné pour le groupe, dont les productions ne peuvent plus être exportées vers ses clients américains, tandis qu'une grande quantité de marchandises ont été saisies par les douanes américaines. Quelque 7.000 emplois auraient été supprimés, et deux usines mauriciennes fermées.


Produits "Determinant", marque propre du groupe Esquel - Determinant



"Soyons clairs: Esquel n'utilise pas le travail forcé, et nous n'utiliserons jamais le travail forcé", avait indiqué le CEO d'Esquel John Cheh dans une lettre adressée au ministre américain du commerce Wilbur Ross en juillet 2020. "Nous sommes absolument et catégoriquement opposés au travail forcé. Il est odieux et complètement contraire aux principes et aux pratiques commerciales d'Esquel". Le groupe indiquait alors compter 420 employés Ouïghours sur un effectif de 1.343 personnes, dont 58 officiant pour le groupe depuis 10 ans. "Ceci parce que nous payons et traitons bien nos employés", indique le dirigeant.

Washington avait évoqué un bannissement des produits venant du Xinjiang dès l'été 2020, jusqu'à faire valider le principe au Sénat en janvier dernier. En Europe, la Commission Européenne se montre plus prudente sur la question, qui reste principalement évoquée de façon détournée. La France a elle ouvert une enquête contre quatre géants de l'habillement, Fast Retailing (Uniqlo), Inditex (Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac...) et le chausseur de sport Skechers, dans le cadre d'une plainte pour "crime contre l'humanité".


 

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