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19 janv. 2015
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Pic de Nore lance ses pulls à l'assaut de la mode

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19 janv. 2015

Une belle histoire qui entend avoir aussi et surtout un bel avenir.  Ou comment un façonnier français de maille, quelque peu secoué dans les années 1980, entend se faire une place dans la mode. Sa marque ? Pic de Nore (un sommet de la Montagne Noire, près du siège de la société, ndlr). Et la société :  la Manufacture Regain à Castres.


Modèle Andris@New Madison (photo Steeve Beckouet)


Pour réussir son pari, Pic de Nore a notamment enrôlé deux spécialistes de la mode, Anna Franquesa, consultante, spécialiste de la fibre et du textile, et Kuki de Salvertes, patron de l’agence de communication Totem, qui intervient sur la création. 
 
Pour couronner le tout, Pic de Nore expose à Who’s Next à Paris du 23 au 26 janvier puis à l’Ispo à Munich, début février. Le premier salon pour le monde de la mode bien sûr, le second pour toucher les détaillants de montagne. Logique quand on s’appelle Pic de Nore. Avec, de plus, un argument que le fabricant juge de poids aujourd’hui, une partie de fabrication française. Pic de Nore a d’ailleurs en base line Maille in France.


Laurent Brunas dans l'atelier de la Manufacture Regain, à Castres


En fait, comme l’explique la plaquette de la société, c’est en 1973  que naît la Manufacture Regain à Castres, créée par François Brunas, père de l’actuel dirigeant, Laurent. Il s‘agit alors d’un atelier de tricotage.
 
Dans les années 1980, celle-ci s’ouvre à la confection. Les ateliers travaillent ainsi pour des marques comme Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, Givenchy, Oxbow, Quiksilver. Seulement, des impayés arrivent. Et l’entreprise dépose le bilan.
 
C’est alors qu’en 1987, la Manufacture prend un nouveau virage vers l’uniforme. Elle a comme clients la gendarmerie, les sapeurs-pompiers, les armées, etc. La Manufacture fabrique alors jusqu’à 80 000 pulls par an. En 1993, Laurent Brunas commence à travailler dans l’entreprise. Celle-ci s’ouvre à des produits techniques sur des bases pull-over avec l’objectif de répondre aux nouvelles normes anti-feu, protection thermique, anti-statiques, etc.
 
Seulement, les marchés de l’uniforme et de l’image de marque à leur tour posent problème. La recherche du prix à tout prix fait que les administrations se détournent des fabrications françaises. De plus, souligne Laurent Brunas, les sweat-shirts et polaires cannibalisent les pulls.
 
En 2009, Laurent Brunas décide de reprendre l’entreprise pour son propre compte et arrive à convaincre les banques.  La diversification vers la mode en 2011 est soutenue par la région Midi-Pyrénées.  En mars 2013, il rencontre Kuki de Salvertes et commence à travailler avec Anna Franquesa. La marque Pic de Nore elle-même est créée en mai 2014.
 
A travers cette marque, il revisite évidemment le pull type administatif, avec de nouvelles matières comme le mérinos l’hiver, le 100 % coton l’été, introduit de la couleur, des motifs comme le dessin La Vache qui Rit de Benjamin Rabier, etc. La collection de l’hiver 2015-2016 comprend quatre thèmes avec trois déclinaisons par thèmes. S’y ajoutent des bonnets, des écharpes.
 
Deux commerciaux sillonnent le réseau de boutiques. Laurent Brunas s’implique fortement ainsi que  le patron de Totem. Avec toujours un leitmotiv, le made in France, une mention qui sera inscrite sur les stands dans les salons. Elle bénéficie d’ailleurs de la mention Origine France Garantie. Elle détient aussi le label Lucie selon la norme ISO 26 000, qui reconnaît les engagements sociaux et environnementaux forts de la Manufacture.
 
La diffusion a comme souvent commencé par l’étranger. Au Japon notamment et à Singapour. Pic de Nore a aussi son site de e-commerce.  Bien sûr, les prix sont plutot élevés, entre 200 et 350 euros environ selon les saisons. Mais c’est le prix de la qualité voulue et de la fabrication française.
 
Pour Laurent Brunas et Kuki de Salvertes, Pic de Nore les vaut car la marque propose un produit durable, à l’opposé des polaires par exemple.  « La maille est un vrai indémodable », souligne Laurent Brunas.
 
Parallèlement, la société continue bien sûr de travailler pour l’administration ou des sites particuliers pour des vêtements image de marque. C’est le cas des sapeurs-pompiers, du Musée du Louvre, de l’administration pénitentiaire, etc.
 
Dans un autre registre, elle collabore aussi avec des créateurs comme Jacquemus, Shaun Samson, qui défile à Londres. Elle a aussi commencé une  collaboration avec le styliste Julien Fournié.
 
Manufacture Regain atteint aujourd’hui un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros au total, toutes activités confondues.

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