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Pourquoi les commerçants sont si véhéments contre le reconfinement

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3 nov. 2020

Les commerçants concèdent que la situation sanitaire est dramatique et qu'il faut limiter les interactions sociales, mais ils protestent vigoureusement contre ce reconfinement, à quelques semaines de la période cruciale de Noël, alors qu'ils sont encore affaiblis par le premier confinement.


A Paris le 30 mai 2020 - AFP / Archives


Ne peut-on pas différer les ventes?

Partisan d'un reconfinement strict, le cogérant d'Etam Laurent Milchior a calculé que "si on était confiné un mois", cela aurait pour conséquence "25 millions d'euros de marchandises invendables" pour son entreprise. Après le premier confinement, il n'a pas observé de rattrapage des ventes non effectuées pendant le confinement. "Ce que vous ne vendez pas, vous allez le vendre en soldes, avec difficulté s'il y a des contraintes, comme un couvre-feu, qui vont réduire l'amplitude horaire". En outre, "les doudounes que vous ne vendez pas là, elles ne seront plus à la mode l'année prochaine".

Pourquoi la période est-elle différente de mars?

"A la différence du premier confinement, où nous étions encore assez tôt dans la saison et où les commerçants ont pu annuler un certain nombre de commandes, nous sommes cette fois beaucoup plus avancés et les stocks sont déjà constitués", observe aussi Yohann Petiot, de l'Alliance du commerce.

En outre, les mois de novembre et décembre sont souvent cruciaux dans le bilan des entreprises. "Quinze jours, en cette période, c'est deux mois de chiffre d'affaires perdus!", s'exclame Franck Mathais, porte-parole de JouéClub. Pour les jouets aussi, la saisonnalité est forte: "le cadeau de Noël a une valeur unitaire plus élevée que celle du jouet vendu toute l'année", explique-t-il. S'il n'est pas vendu à Noël, il risque de ne pas l'être le reste de l'année et d'être démodé au Noël suivant.

Quel problème avec les stocks?

"Si les stocks ne sont pas écoulés ou s'ils le sont à faible prix, les commerçants vont générer moins de liquidités et auront moins de trésorerie disponible pour assurer les prochaines saisons", explique Yohann Petiot.

Les doudounes dont parlait Laurent Milchior ont déjà été achetées par les commerçants, elles mobilisent donc de l'argent jusqu'à ce qu'elles soient vendues. En restant en rayons ou en étant vendues à bas prix, elles priveront l'entreprise de revenus qui lui auraient permis ensuite d'acheter les articles à la mode suivante. D'où la crainte, pour Yohann Petiot, d'une "spirale défavorable pour beaucoup d'entreprises".

Dans quel état sont les commerces?

Les commerces réagissent avec véhémence aussi parce qu'ils ont bien perçu l'impact sur leur activité du premier confinement. "On est a bout, un deuxième confinement pourra aboutir à des faillites", avait alerté sur France 2 Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CDF), en fin de semaine. "Deux mois d'activité en moins pour le groupe, c'est 120 millions d'euros de chiffre d'affaires en moins", explique ainsi Laurent Milchior, d'Etam. Et ce, alors que les loyers et tout un tas de charges fixes restent à payer, même avec le dispositif de chômage partiel.

"Après deux hivers perturbés par les 'gilets jaunes' et les mouvements sociaux et la crise sanitaire qui dure, les commerçants ne supporteraient pas de nouvelles fermetures", a aussi alerté le Conseil du Commerce de France.

Pourquoi veulent-ils rouvrir?

Laurent Milchior demande à "être extrêmement rigoureux dans le confinement pendant au moins quatre semaines" pour "essayer d'avoir un Noël correct du point de vue familial aussi bien qu'économique", vu la circulation du Covid-19. Mais d'autres commerçants font valoir qu'une ouverture n'est pas incompatible avec le respect de la distanciation sociale.

"Depuis la fin du confinement le 11 mai, ils appliquent scrupuleusement les recommandations sanitaires pour accueillir leurs clients", plaide le CDCF. Le gouvernement a en outre autorisé les activités de livraison et de retrait de commandes pour l'ensemble des magasins.

Lundi, le réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI) a aussi demandé au gouvernement "d'étudier au plus vite sa proposition d'autorisation d'ouverture sur rendez-vous pour les commerçants". Dans la soirée, une vingtaine de fédérations professionnelles de commerçants, ainsi que le Medef et la CPME, ont demandé "solennellement au gouvernement de rouvrir tous les commerces dès le 13 novembre", et "de véritables mesures de soutien".

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