Par
AFP
Publié le
2 nov. 2016
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Richard Avedon : sa relation particulière avec la France exposée à la BNF

Par
AFP
Publié le
2 nov. 2016

Richard Avedon et la France, c'est une histoire d'amour à répétition. Révélateur de l'oeuvre de Jacques-Henri Lartigue, l'Américain a été fasciné par le monde de la mode française et signé quelques-uns de ses plus beaux portraits pour la revue parisienne Egoïste.

François Truffaut et Jean-Pierre Léaud, réalisateur et acteur, Paris, 20 juin 1971, Photographie Richard Avedon - © The Richard Avedon Foundation


"La culture française sous-tend son art", explique Marianne Le Gaillard, commissaire, avec Robert M. Rubin, de l'exposition "La France d'Avedon, vieux monde, new look" à la BNF (jusqu'au 26 février).

Avedon se rend régulièrement à Paris dès les années 1940 comme photographe du grand magazine de mode Harper's Bazaar, et deux rencontres vont particulièrement compter pour lui : Jacques-Henri Lartigue dans les années 1960 et la fondatrice d'Egoïste, Nicole Wisniak, au milieu des années 1980. "A chaque fois, il se renouvelle par ses contacts avec la France", assure Marianne Le Gaillard.

Rencontre

Avedon fait la connaissance de Lartigue en novembre 1966 à New York. Il lui rend visite à Paris quelques mois plus tard, en janvier, et découvre, ébloui, les albums du photographe français, alors âgé de 73 ans. Il décide d'en faire un livre et commence en pleine émeute de mai 1968 la sélection des photos. Diary of a century paraît fin 1970 (Instants de ma vie pour l'édition française en 1973).

"Avant Avedon, personne ne s'était vraiment intéressé à JHL. Ce travail, il le fait par amour", souligne Marianne Le Gaillard. Lartigue a été exposé en 1963 au Moma de New York, mais la première rétrospective de son oeuvre n'aura lieu qu'en 1975 au Musée des Arts décoratifs à Paris. "Peut-être faut-il être un étranger pour découvrir le trésor national d'autrui", s'est interrogé le photographe américain.

Découpage

Collaborer avec JHL, c'est ausi pour Avedon une manière de renouveler son regard après l'échec relatif de son livre Nothing Personal, écrit en collaboration avec l'écrivain James Baldwin.

Un mur recouvert des double-feuilles du livre, punaisées aux cimaises, permet de saisir le travail de découpage d'Avedon, son souci du rythme, de l'alternance du plein et du vide. Autant d'influences d'Alexei Brodovitch, directeur artistique du Harper's Bazaar où Avedon travaille depuis 1945. Sont également présentées les maquettes annotées de l'ouvrage et, réunis pour la première fois, les deux exemplaires du livre signés par les photographes.

Expérience

Avec Egoïste, Avedon signe quelques uns de ses plus beaux portraits de personnalités aussi diverses qu'Isabelle Adjani, Soeur Emmanuelle, Yannick Noah ou Marguerite Duras. Mais il photographie aussi Drancy ou Checkpoint Charlie à Berlin et publie sur vingt double pages une série consacrée à des femmes XXL. Entre 1985 et 2004, il participe à neuf numéros d'Egoïste, "le seul magazine au monde à me donner une liberté d'expression complète", dira-t-il.

Le plus impressionnant chez lui est sa capacité à capter en une image la vérité du personnage, comme Jeanne Moreau ou Philippe Sollers. D'autant plus que le temps de pose était généralement bref : La photo de Gérard Depardieu, nu, en "Penseur" de Rodin, a été réalisée en deux minutes, raconte Marianne Le Gaillard.

Frimousse

C'est à l'inverse une France de carte potale que met en scène Stanley Donen en 1956 à Paris avec la comédie musicale Funny Face (Drôle de frimousse), avec Audrey Hepburn, basée en partie sur la carrière d'Avedon. Déjà célèbre - il travaille depuis onze ans à Harper's Bazaar -, le photographe américain est au générique comme consultant visuel. Par un procédé technique complexe, le film est ponctué d'« arrêts sur images », en fait des photos prises par lui. Sur ces images, montrées à la BNF pour la première fois en grand format, Avedon s'essaie à des expérimentations, notamment avec des filtres couleur.

Trois ans plus tard, son intérêt pour la forme cinématographique se manifeste à nouveau. Harper's Bazaar publie "Paris Pursuit", un reportage parodique « dirigé par Richard Avedon » et mettant en scène Audrey Hepburn et... Buster Keaton.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.