Sessile: les sneakers réparables et recyclables fabriquées en France

Auteur :

Céline VAUTARD

Publié le
1 sept. 2022

En empruntant son nom à une variété de chêne, arbre qui a la particularité de repousser sur la terre brûlée et dont l’écorce est utilisée pour tanner le cuir, Sessile pose le décor. Derrière la marque se cache La Manufacture, l’usine du groupe Eram mais aussi sous-traitant de plusieurs marques tricolores (1083, Le Coq Sportif, Jules et Jane, les chaussures de Running Veets) en place depuis 1927.

A la tête du site de 7.500 mètres carrés depuis quatre ans et demi, Jean-Olivier Michaux s’est mis au défi de développer un nouveau métier comme celui de réparer les chaussures (ce que La Manufacture effectue avec l’Atelier Bocage) mais surtout de mettre en place des process pour innover. Dont acte avec Sessile qui se veut la première sneaker réparable, recyclable et fabriquée en France.

Lancée via une campagne de participation sur Ullule en 2019, le projet dépasse ses objectifs: 501 paires sont vendues sur les 300 nécessaires. Les premières sont livrées pour Noël 2019, tandis que le site web est lancé en janvier 2020.

“Notre force, ce sont nos produits créés, patronnés, coupés, piqués, fabriqués, contrôlés et mis en boîte à Montjean-sur-Loire”, explique Jean-Olivier Michaux. Côté matières, place au cuir tannage végétal en provenance d’Italie ou d’anciens stocks de La Manufacture, à la laine recyclée, tandis que les lacets sont en coton ou coton bio. La semelle intérieure est en mousse recyclée et la semelle extérieure en caoutchouc recyclé jusqu’à 70%. 

“L’idée, en fin de vie d’une chaussure ou quand la semelle est usée, est de pouvoir nous retourner la paire. Soit celle-ci est réparée (forfait 59 euros comprenant le changement de la semelle, des lacets et de la première de confort) puis retournée au client ; soit elle est en fin de vie et le client reçoit pour son retour un bon d’achat de 20 euros pour une paire neuve.

“L’objectif est de réduire l’empreinte carbone de chaque paire, poursuit le dirigeant de La Manufacture. Si l’on se base sur le référentiel de l’Ademe, après réparation, une paire neuve de Sessile émet 4,4 kgs de CO2 et cela passe à 2,2 kgs de CO2 pour une paire réparée. Nous n’avons pas inventé le ressemelage mais nous avons mis au point un brevet de démantèlement avec un partenaire au Portugal qui broie l’ancienne semelle avec ou sans la tige en cuir. Le tout est ensuite réinjecté avec du caoutchouc dans une nouvelle semelle. On ne peut pas être neutre mais notre idée est d’abaisser cette empreinte carbone et les résultats sont déjà là !”

De fait, plus de 150 remises en état ont déjà été effectuées depuis le début de l’année 2022. “C’est un service qui se développe extrêmement bien”, confirme Jean-Olivier Michaux.

Résultat: Sessile, qui croît gentiment, atteindra les 600.000 euros de chiffre d’affaires TTC à la fin de l'année.

Et déjà les prochaines nouveautés se profilent: éditions limitées avec du cuir provenant d’anciens stocks ou encore en octobre prochain une gamme végane réalisée à partir de déchets végétaux de maïs. Les collections seront présentées ces prochains jours sur le salon Who’s Next, sur Impact.

En parallèle, Sessile continue à imaginer des collaborations avec des marques ayant les même valeurs qu’elle. Après la griffe “Je dévore ma Bretagne” et le créateur de souliers Philippe Zorzetto, depuis peu c’est 1083, avec son denim made in France, qui habille une paire de Sessile.

Côté distribution, la griffe étend son territoire. Si l’e-shop réalise 50% des ventes cette année, il a été rejoint par l’arrivée de la marque sur la marketplace La Fabuleuse French Fabrique et a déjà séduit une dizaine de boutiques en France (Oyat à Paris, Fish Brain à Angers, Les Traits Français à Toulouse ou La Bel’France à Cluny), une en Allemagne et une en Belgique.

“L’idée est de nous concentrer sur la France, comme à Lyon où nous cherchons un partenaire, en séduisant des concept-stores qui ont nos valeurs”, conclut le dirigeant.