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Paul Kaplan
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24 janv. 2021
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Wales Bonner complète sa trilogie mode avec une collection empreinte du chic de Sainte-Lucie

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Paul Kaplan
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24 janv. 2021

Chez Wales Bonner, la culture noire rencontre à nouveau le classicisme britannique. Leitmotiv de sa collection Automne-Hiver 2021/22: la poésie de Derek Walcott, le prix Nobel de littérature né sur la petite île de Sainte-Lucie dans les Caraïbes.


Wales Bonner - Automne-Hiver 2021-22 - Prêt-à-porter masculin - Paris - Photo : Sean and Sang

  
Comme une grande partie de l'oeuvre de Walcott, qui fait souvent référence à son va-et-vient entre sa ville natale de Castries et New York et Boston, où le poète était professeur de lettres, l'ambiance de cette collection signée Grace Wales Bonner était à la fois musicale et nostalgique.

S'ouvrant sur des plans tournés dans une forêt des Caraïbes — le vent soufflant à travers des feuilles de bananier — et rythmé par les appels de Walcott à un retour à la vie traditionnelle comme antidote au colonialisme, le fashion film de cinq minutes est le chapitre final d'une trilogie conçue pour éclairer le monde grâce à "la pensée caribéenne et à l'intellectualisme noir britannique".

Un jeune homme vêtu d'une veste à carreaux pied-de-poule récite des poèmes tirés d'œuvres comme The Prodigal ou The Gulf de Derek Walcott, honoré après sa mort d'une statue à son effigie qui trône dans la capitale de Sainte-Lucie.

Quelques secondes plus tard, apparaît une exceptionnelle chemise noir et blanc entrecoupée de plans sur un petit bateau de pêche gîtant dans un golfe balayé par le vent. Tourné en Jamaïque et à Londres, le film capture le sentiment de nostalgie et de mal du pays qui traverse l'œuvre de Walcott, et son amour pour Sainte-Lucie, une île particulièrement belle, célèbre pour les Pitons, ses deux pics volcaniques.
 
Des "norfolk jackets" — l'équivalent britannique de la saharienne — en tweed à carreaux beiges parfaitement coupées avec leurs cols contrastés, des vestes de smoking d'un blanc immaculé, issues d'une collaboration avec les tailleurs de Savile Row Anderson & Sheppard, des chemises à petit col officier et de charmants pantalons de pyjama à larges rayures. Et plusieurs modèles de la collaboration du label britannique avec Adidas, ajoutant une note plus décalée au fashion film, où la lumière semblait caresser l'ensemble du casting, s'attardant sur la beauté de la jeunesse.

Wales Bonner - Automne-Hiver 2021-22 - Prêt-à-porter masculin - Paris

 
La vidéo, réalisée par le designer et cinéaste jamaïcain Jeano Edwards, qui lisait également les poèmes de la bande-son, est intitulée "The Light of Black Sunlight". Une démonstration expressionniste, dont l'élégance se double d'une recherche sensible sur l'identité — ce qui résume plutôt bien l'univers esthétique de Claire Wales Bonner.

La vidéo aurait sûrement beaucoup plu à Walcott, dont le poème "Statues" proclame :
"Il faut que jeunesse se passe.
Qui leur apprendra où réside le véritable honneur ?
L'instinct, ou bien le choix,
Proclame qu'il se trouve dans
La discipline furieuse et dandyesque de la guerre."

(Ou en version originale : "Boys will be boys.
Who can instruct them where true honour lies?
Instinct or choice,
Proclaims it lies within
War’s furious, dandiacal discipline.")

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