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Clémentine Martin
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20 janv. 2022
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Y/Project se met au trompe-l’œil pour un hommage à Jean Paul Gaultier

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
20 janv. 2022

Glenn Martens a choisi un immense hangar logistique de l’entreprise de messagerie DPD, situé à Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, pour présenter la prochaine collection automne-hiver 2022/23 de Y/Project mercredi 19 janvier. L’intense activité qui caractérise l’immense entrepôt, qui fait le lien entre les camions, les trains de marchandises et leurs destinataires aux quatre coins de la ville, s’est un instant arrêtée pour laisser place à un défilé le temps d’une soirée. Dans un décor de colonnes grises numérotées et de véhicules de transport de fonds, le créateur belge a fait parcourir un long chemin à ses mannequins dans cet impressionnant espace. Non seulement les mesures de distanciation sociale étaient largement respectées, mais la mise en scène était franchement épique, tout comme les créations, qui n’ont pas manqué de surprendre Paris à la clôture de la deuxième journée de la Fashion Week.


Y/Project - Automne/hiver 2022 - Collection homme - Paris - © PixelFormula


Première surprise de taille : le visage du troisième mannequin à défiler sur 63 looks au total. Enveloppé dans un immense manteau noir associé avec un pantalon à pinces, le créateur Olivier Theyskens n’a pas hésité à arpenter le podium pour son compatriote Glenn Martens. En plus de la direction artistique de Y/Project depuis 2013, ce dernier assume aussi celle de la marque italienne Diesel depuis 2020.

Des responsabilités diverses et variées qui, cependant, ne l’ont pas empêché de relever un défi de taille : signer la prochaine collection de haute couture de Jean Paul Gaultier, une maison où il a officié en tant que designer junior à la fin de ses études à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers. Le défilé aura lieu le 26 janvier prochain à Paris et fait partie d’un nouveau cycle de collaborations créatives uniques dévoilées chaque saison, commencé depuis que le créateur s’est retiré de la tête de sa maison en janvier 2020. La marque Jean Paul Gaultier fait partie du groupe Puig.


Y/Project - Automne/hiver 2022 - Collection homme - Paris - © PixelFormula


Glenn Martens reprendra ainsi le flambeau de Chitose Abe, la créatrice de la griffe japonaise culte Sacai, qui a dessiné la dernière collection de Jean Paul Gaultier. Mais le créatif n’a pas pu attendre jusqu’à la semaine prochaine : sa nouvelle collection pour Y/Project est un hommage évident au couturier français, avec des réinterprétations des imprimés emblématiques et suggestifs avec lesquels Jean Paul Gaultier a défrayé la chronique en 1996. Des silhouettes d’homme et de femme incontournables, superposées pour créer des effets d’optique suggérant des corps nus sur les vêtements en mouvement.

Les couleurs se veulent intenses et les clins d’œil aux tonalités fluo ne manquent pas. Mention spéciale à une longue robe vaporeuse à bretelles et à un ensemble composé d’une mini-jupe et d’un top ajustés, dans des dégradés de violet, jaune et vert, immortalisés par bon nombre de spectateurs.

Avec le trompe-l’œil comme fil conducteur de toute la collection, Glenn Martens reprend l’esprit ironique et satyrique qui caractérise Jean Paul Gaultier, imprimant des corps nus en trompe-l’œil sur des pantalons ou des vestes en jean, jouant avec la notion de genre. Des poitrines féminines sur des pulls à coupe masculine, et même un sexe masculin sur une mini-jupe. Au-delà de la présentation haute couture de la semaine prochaine, l’idylle entre les deux marques prend la forme d’une collection capsule qui fera partie de la ligne écoresponsable Evergreen, lancée par Y/Project l’année dernière.


Y/Project - Automne/hiver 2022 - Collection homme - Paris - © PixelFormula


"Pourquoi ne pas s’amuser?", s’interroge Glenn Martens pour résumer sa collection. Une vision vibrante qui se manifeste par des couleurs intenses, mais aussi par l’association de différentes pièces typiques de la marque, jouant sur des superpositions de patrons et de tissus créant des vêtements-cocons : des pièces en maille avec des cols divers et asymétriques, différentes réinterprétations du denim (avec un blouson reconverti en crop top, par exemple), des vestes en laine de mouton, d’immenses manteaux en duvet, des robes en dentelle légères de style nuisettes, de nouveaux pantalons à coupe arrondie… Les logos participent eux aussi à la déconstruction des vêtements et portent la patte bien reconnaissable de Glenn Martens.

Sans oublier les accessoires, préparés pour résister au froid avec d’immenses écharpes de style urbain ou des cagoules, pièces fétiches des défilés de la saison. Les boucles des ceintures suggèrent des positions sexuelles acrobatiques, les boucles d’oreilles deviennent des fleurs en métal et les chaussures, baptisées "Lobster", s’inspirent de pinces de crustacés et transforment les orteils en griffes animales suggestives.

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