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27 mars 2012
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Gianfranco Ferré bientôt fixée sur son sort

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27 mars 2012

Il y a un an, Gianfranco Ferré semblait tirée d’affaire. Après avoir été placée par le gouvernement pendant deux ans sous une procédure de tutelle administrative en raison de graves problèmes financiers, la griffe de prêt-à-porter italienne trouvait enfin un acquéreur: Dubaï Paris Group, appartenant à la famille Sankari.

Cette société spécialisée dans la distribution de grandes marques de mode, surtout sur les marchés du Moyen-Orient et de l’Europe de l’Est, déboursait 8 millions d’euros pour mettre la main sur cette icône du Made in Italy. L’accord de vente prévoyait un plan de relance, incluant notamment le règlement des fournisseurs impayés, avec à la clé d’importants investissements et de nouvelles ouvertures de boutiques.


Collection Ferré automne-hiver 2012/2013

Mais, au fil des mois, c’est un tout autre scénario qui s’est mis en place, aucune promesse ne semblant être maintenue. Alertés par la dégradation de la situation, les trois commissaires, nommés à l’époque par le gouvernement pour gérer l’entreprise sous tutelle, ont demandé fin 2011 à la justice "la saisie préventive de la marque". Ces commissaires ont en effet un droit de regard sur la société pendant deux ans à compter de sa vente, c’est-à-dire jusqu’en mars 2013, afin de contrôler l’effective application du plan industriel présenté lors de l’acquisition.

Ils ont déjà convoqué Paris Group en octobre, puis en novembre, mais sans obtenir de réelle clarification. Les nouveaux propriétaires de la griffe sont tenus désormais d’apporter toute la documentation nécessaire d’ici au 31 mars. "Il a été demandé à Paris Group la certification d’une société de révision pour vérifier que les fournisseurs aient bien été payés. Il leur a aussi été demandé de confirmer officiellement que la marque ne serait pas transférée à l’étranger", explique une source proche du dossier.

Loin de rassurer sur sa réelle volonté de relancer Gianfranco Ferré, Ahmed Sankari, fils du puissant président-fondateur de Paris Group, placé à la tête de la griffe, a suscité jusqu’ici de nombreuses interrogations. Et évite soigneusement depuis janvier de parler à la presse. Dès son arrivée, il a fait place nette, limogeant les deux stylistes Tommaso Aquilano et Roberto Rimondi, qui avaient repris le flambeau un an après le décès de Gianfranco Ferré en juin 2007.

Ces derniers ont été remplacés par un autre duo, Stefano Citron et Federico Piaggi, qui avaient travaillé dans le passé avec le couturier fondateur et ont aujourd’hui en charge la direction créative de la femme et de l’homme. Le nouveau propriétaire a par ailleurs renvoyé tout le top management et d’autres figures clés de l’entreprise, concentrant tous les pouvoirs entre ses mains. "L’impression, c’est que l’entreprise ne sait pas où elle va, confie un ancien cadre. Le management n’a pas été remplacé, il n’y a pas d’investissements publicitaires. Ces repreneurs n’ont pas la moindre idée de comment gérer une maison de mode".

Les 100 millions d’euros d’investissements encore promis en novembre dernier, semblent surtout un effet d’annonce. Au lieu de lancer le plan d’expansion prévu, Paris Group a fermé la boutique milanaise de la prestigieuse via della Spiga, se contentant d’annoncer des ouvertures à Dubaï… "La crainte, c’est qu’ils vident l’entreprise de sa substance afin d’en garder uniquement le nom, destiné à être exploité ensuite commercialement via des licences. Ce qu’ils semblent déjà avoir fait pour Louis Féraud, qu’ils ont rachetée l’an dernier", poursuit le cadre.

Malgré tout, les autorités italiennes veulent croire en une issue positive d’ici à fin mars. Personne n’osant envisager la révocation de la vente.

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