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Pour L'Oréal, l'e-commerce a été "une arme secrète"

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AFP
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23 oct. 2020

La pandémie a pesé sur les achats de cosmétiques, mais L'Oréal est confiant pour la seconde partie de l'année, grâce notamment au commerce en ligne, explique son PDG Jean-Paul Agon lors d'un entretien à l'AFP, à l'occasion de la publication des résultats.


Jean-Paul Agon, PDG du groupe L'Oréal - DR


Q: Comment anticipez-vous une éventuelle deuxième vague, alors que certains pays comme l'Irlande ont reconfiné leur population?

R: La situation est incroyablement contrastée, des pays sont sortis de la pandémie, comme la Chine, d'autres replongent. (...) On va voir ce qui va se passer en Europe de l'Ouest, c'est inquiétant mais je ne pense pas que l'on va revivre un scénario de confinement total. En même temps, le e-commerce s'est développé. C'était notre arme secrète cette année, car nous étions très en avance sur nos concurrents, et cela représente presque un quart de notre chiffre d'affaires désormais.

Q: Après des ventes en fort repli au premier semestre, L'Oréal retrouve des couleurs au troisième trimestre: par quelle stratégie?

R: Nous avons déclenché un plan très offensif dès juin: nous avons lancé des produits dont on avait décalé le lancement (...) On a eu raison de faire ce pari qui était audacieux, alors que nos concurrents reportaient à l'an prochain. Cela a d'ailleurs aidé à notre performance car on n'a pas eu beaucoup de concurrence en termes de lancements et d'innovations. On a profité de l'embellie de l'été.

Nous avons été capables de réaliser une croissance significative sur ce trimestre (...). On estime que le marché mondial de la beauté sur ce troisième trimestre est à -5 ou -6%. Or L'Oréal est dans le positif, à +1,6%, c'est l'une des meilleures 'surperformances' que l'on ait eue depuis longtemps.

Q: Est-ce que la crise actuelle va modifier les tendances dans les cosmétiques?

R: Je fais la distinction entre les changements pendant le Covid et après le Covid. Je pense que, quand ce sera fini, le marché du maquillage va repartir. Il est trop tôt pour le savoir mais je ne pense pas que cela change les tendances. Il y aura des inflexions: la notion de santé, qui était déjà montante dans les aspirations beauté, va continuer à accélérer. Mais il y a des phénomènes momentanés qui ne vont pas durer. Il y a de drôles d'effets du Covid: il y a des gens qui utilisent moins de déodorant. Je ne pense pas une seconde que quand on va revivre normalement, les gens auront perdu la notion du déodorant!

Q: Vous allez passer en mai 2021 la main à Nicolas Hieronimus, l'actuel directeur général adjoint. Quel bilan faites-vous de vos années à la tête du groupe?

R: Je suis arrivé chez L'Oréal en 1978. Le chiffre d'affaires était alors de moins d'un milliard d'euros, on en fait 30 milliards aujourd'hui! (...) J'ai passé 15 ans à diriger, et il y a deux ou trois choses dont je suis content. La première, c'est d'établir un nouveau paradigme chez L'Oréal, qui est la double performance. Quand j'ai pris la direction, L'Oréal avait une formidable réputation d'entreprise à succès sur tous les plans: croissance, profitabilité, etc. (...) Mais ce n'était plus suffisant, et j'ai senti que la performance extrafinancière était indispensable: la performance environnementale, sociétale, sociale, qui a été ma priorité, par conviction personnelle et aussi parce que j'ai senti, au moment de la crise de 2008-2009, que les temps changeaient, que l'attente de tout le monde vis-à-vis de l'entreprise avait changé.

L'autre grande satisfaction a été le grand virage digital. J'ai la satisfaction de me dire que L'Oréal a anticipé les grands tournants historiques du monde.

Q: Faudra-t-il attendre encore longtemps avant d'avoir une femme directrice générale?

R: Le processus de sélection incluait des candidats et candidates. Le comité de nomination et le conseil, avec moi, avons déterminé que le meilleur d'entre nous était Nicolas Hieronimus et j'en suis très content. Cette nomination s'inscrit parfaitement dans le principe sacro-saint de la méritocratie 'loréalienne'.

Mais pour la première fois dans l'histoire de L'Oréal, il y a une directrice générale adjointe, Barbara Lavernos. (...) C'est la reconnaissance de sa carrière extraordinaire mais aussi la reconnaissance de la filière ingénieurs.



Par Marie-Morgane LE MOEL

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